Une nouvelle victoire contre l’impunité de Bachar Al – Assad

La cour d’appel de Paris a validé, mercredi 26 juin, le mandat d’arrêt émis par des juges français contre le président syrien Bachar al-Assad, accusé de complicité de crimes contre l’humanité pour des attaques chimiques meurtrières au gaz du 5 août à Adra et Douma, et du 21 août 2013 dans la Ghouta orientale, banlieue de Damas, faisant plus de 1 000 morts et des centaines de blessés. 

Par cette décision, la chambre de l’instruction a rejeté la requête du Parquet national antiterroriste (Pnat), qui demandait l’annulation du mandat au motif de l’immunité personnelle des présidents en exercice. 

Le Pnat considérait que les exceptions à l’immunité personnelle des chefs d’Etat en exercice sont « réservées au seul bénéfice des juridictions internationales », comme la Cour pénale internationale, et non des tribunaux de pays étrangers. La Chambre de l’instruction de Paris en a décidé autrement !

Les quatre mandats d’arrêt pour la planification présumée des attaques chimiques visant Bachar al-Assad, son frère Maher, ainsi que les généraux, Ghassan Abbas et Bassam al-Hassan peuvent ainsi être exécutés.

Cette décision de la justice française arrive peu après la condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité le vendredi 24 mai 2024 par la Cour d’assises de Paris de trois membres de l’entourage de Bachar al-Assad : Ali Mamlouk (ex-chef du Bureau de la sécurité nationale), Jamil Hassan (ex-directeur des services de renseignements de l’armée de l’air), et Abdel Salam Mahmoud (ex-directeur de la branche investigation de ces services) accusés de la disparition forcée et de la mort sous la torture de deux franco-syriens.

Non à l’impunité pour les responsables des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre. La Justice doit passer !

Un procès qui grave dans le marbre les crimes du régime de Bachar Al-Assad

Communiqué du 25 mai 2024

Trois hauts responsables du régime syrien, jugés pour complicité de crimes contre l’humanité et délit de guerre, ont été condamnés vendredi 24 mai 2024 par la justice française à la réclusion criminelle à perpétuité.

La cour d’assises de Paris a jugé coupable – de la disparition forcée et de la mort sous la torture de deux franco-syriens – trois membres de l’entourage de Bachar al-Assad : Ali Mamlouk (ex-chef du Bureau de la sécurité nationale, la plus haute instance de renseignement en Syrie), Jamil Hassan (ex-directeur des services de renseignements de l’armée de l’air), et Abdel Salam Mahmoud (ex-directeur de la branche investigation de ces services).

« C’est le premier procès qui juge et condamne pour complicité de crimes contre l’humanité de si hauts responsables du régime syrien », a déclaré à la sortie du tribunal Me Clémence Bectarte, qui défendait plusieurs parties civiles dans ce dossier.

Aujourd’hui, la situation en Syrie reste marquée par une totale impunité ; le peuple syrien martyrisé attend toujours que la justice passe concernant des centaines de milliers de victimes.

Durant les audiences, plusieurs experts et rescapés des geôles syriennes ont défilé à la barre pour décrire le système politique et carcéral syrien et témoigner des horreurs subies en détention. Des photos du dossier César, du nom d’un ex-photographe de la police militaire qui s’est enfui de Syrie en 2013 avec 46.000 photographies effroyables de corps torturés, ont été diffusées à l’audience.

Ce procès, c’est bien évidemment celui du président Assad lui-même.

Revivre exhorte tous les dirigeants européens, et tout particulièrement les dirigeants de notre pays, à ne jamais normaliser les relations avec Bachar al-Assad et ne jamais réhabiliter un criminel qui martyrise son peuple.

Non à l’impunité pour les responsables des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre, comme ce vendredi 24 mai 2024 à Paris. La Justice doit passer !

Riyad Al-Turk, grande figure de la révolution syrienne, est décédé le 1er janvier 2024 à Paris 

Riyad Al-Turk est né à Homs en 1930 dans une famille modeste. Il est d’abord instituteur, puis après des études à la faculté de droit à Damas, il devient avocat en 1957.

Début de l’année 1959, il défie l’appareil policier au cours d’une allocution lors des funérailles de Said Droubi, mort sous la torture. Quelques mois plus tard, il est emprisonné pendant 2 ans et torturé sauvagement.

En 1973, lors de son 4ème Congrès, Riad Al Turk devient le premier secrétaire du Parti Communiste Bureau Politique, organisation rejetée par le mouvement communiste international.

Riad Al Turk est arrêté le 28 octobre 1980, sans inculpation ni jugement. Il sera emprisonné, torturé, dans une cellule individuelle en isolement total durant 18 ans jusqu’à sa libération en mai 1998 ; d’où son pseudonyme de Mandela syrien. 

Il est emprisonné à nouveau le 1er septembre 2001. Après un procès inéquitable, la Cour Suprême de Sûreté de l’Etat le condamne à deux ans et demi de détention.

Après sa libération en novembre 2002, il déclare : « Je remercie vivement tous ceux qui, à l’étranger comme en Syrie, m’ont soutenu, moi et les autres prisonniers politiques et je leur en suis extrêmement reconnaissant. Cela signifie que le thème des droits humains et de la dignité repose sur des valeurs humaines partagées par tous les peuples sur terre… ».

Le 16 octobre 2005, il est un des principaux acteurs de la « Déclaration de Damas » visant à instaurer la démocratie en Syrie.

A partir de mars 2011, il rentre dans la clandestinité, il approuve la témérité de la nouvelle génération. Il sera resté parmi les siens à Douma en Syrie jusqu’au bout de ses forces. 

En juillet 2018, il rejoint la France grâce à une chaine de solidarité permettant de l’exfiltrer de Syrie.

Nous avons rencontré Riyad Al Turk plusieurs fois en Syrie et à Paris lors de débats organisés par Revivre. Son combat pour la démocratie, la justice et la liberté était exemplaire. 

C’est un ami de Revivre qui vient de nous quitter.

Hommage à Haitham Naal

L’Association Revivre, dont l’objectif dès sa création a été le soutien aux anciens détenus d’opinion syriens a souhaité tout naturellement s’associer à l’hommage qui sera rendu à Haytham Naal dimanche 3 juillet à 15h30 au Foyer Grenelle, 17 rue de l’Avre, 75015 Paris. Haytham Naal avec Abbas Abas et Salameh Kailey sont les tous premiers anciens prisonniers pour lesquels Revivre s’est mobilisé. Haytham Naal né en 1950 a été arrêté en 1975. Il avait 25 ans. Torturé, il a été libéré le 11 août 2002 et a ainsi passé 27 ans dans les geôles de la terrible prison de Tadmor. Il a été adopté par Amnesty International comme prisonnier d’opinion. Ses longues années d’incarcération ont eu pour conséquences de multiples séquelles médicales. Dans le journal Le Monde du 13 janvier 2012, l’article « Syrie les 3 naufragés de Tadmor » lui avait été consacré. Chers amis, la vie volée à Haytham Naal est l’illustration des conséquences de l’Etat de Barbarie mis en place depuis des dizaines d’années par le clan Assad.

Revivre, un film pour en parler

Si pour vivre il faut espérer et travailler, pour revivre il faut entretenir en permanence l’espoir, la volonté et l’énergie.Ce film-document tisse avec proximité, l’entrelacement des fils de vies d’êtres humains divers ; amis malades et anciens détenus d’opinion de Syrie et plus récemment des réfugiés ayant quitté ce pays avec la volonté d’y retourner. C’est aussi l’histoire de quelques syriens et français qui se sont croisés un jour et ont décidé ensemble de frayer un sentier d’espoir nommé « Revivre ».À sa naissance, l’association « Revivre » espérait devenir un cocon de futurs papillons en accueillant de nombreux détenus d’opinion ; naufragés des geôles du régime syrien sous Hafez al-Assad. La torture sauvage faisait de ces êtres humains des chenilles désespérées.Suite à la Révolution Syrienne de mars 2011, « Revivre » se fait un devoir de multiplier ses fils de soie ; il encadre alors les réfugiés syriens qui fuient une Syrie atrocement incendiée par le même régime, celui de l’héritier du trône, Bachar al-Assad .

Ce film-document met en images la clef de voûte de l’association ; le comité du parrainage, des amis et « correspondants » en Syrie, et parmi une trentaine de dossiers traités, quelques malades anciens détenus d’opinion devenus proches. Il montre également l’accueil et le rôle que tient la permanence pour les réfugiés en Syrie.

Un cerf volant lancé par des enfants de Syrie se perd dans le bleu du ciel pour nous réunir au-delà des terres dans notre recherche de liberté et d’espoir…

Elle est encore longue la route, elle est semée d’obstacles et de mines. Au bout, elle est encore bloquée et, par-delà, c’est l’inconnu. Plus tard, après le siège, après la révolution, après la guerre, il y aura toujours ce rêve unique qui nous unit. C’est comme si, munis de pioches, nous formons une longue chaîne humaine qui avance lentement, qui avance sûrement, vers la fin de la route. Béni soit celui qui y parviendra !

— Razan Zeitouneh (Traduit de l’arabe par Rania Samara)