Syrie : d’anciens détenus racontent la torture et le trafic d’organes dans les prisons

Plus de 12 500 personnes ont péri dans les prisons syriennes en cinq années de guerre, d’après les défenseurs des droits de l’homme. MEE a recueilli les témoignages de deux survivants

Lizzie Porter

28 août 2016

A handout picture released by the official Syrian Arab News Agency (SANA) shows some of the 274 inmates being readied for release from the Damascus Central Prison on June 11, 2014. Several dozen prisoners were also released from Syrian government custody on June 10 after a general amnesty announced by President Bashar al-Assad, a human rights lawyer told AFP.  AFP PHOTO/HO/SANA == RESTRICTED TO EDITORIAL USE - MANDATORY CREDIT "AFP PHOTO / HO / SANA" - NO MARKETING NO ADVERTISING CAMPAIGNS - DISTRIBUTED AS A SERVICE TO CLIENTS === / AFP PHOTO / SANA / -
Les prisonniers de la prison centrale de Damas relâchés le 11 juin 2014. Les familles de certains détenus doivent payer des pots-de-vins très élevés pour assurer leur libération (AFP)

STOCKHOLM – Omar al-Shogre avait 17 ans lorsqu’ils sont venus le chercher. Ce jour d’automne 2012, alors que l’on récoltait les olives et que les abricotiers du jardin familial perdaient leurs feuilles, fut son dernier moment de liberté pendant presque trois ans.

Omar allait passer le reste de son adolescence dans onze prisons syriennes au total, et subir des actes de torture d’une multitude d’agents appartenant au sinistre et perfectionné appareil de sécurité du gouvernement. « Je pourrais boire leur sang », confie Omar à Middle East Eye, à Stockholm où il réside maintenant, la voix trahissant sa soif de vengeance.

Sa famille a participé au soulèvement de 2011 contre le gouvernement de Bachar al-Assad dans la province de Tartous, sur la côte méditerranéenne syrienne. Ils faisaient partie d’une minorité sunnite au cœur du groupe alaouite dominant au gouvernement. Omar n’a pas su pourquoi il avait été arrêté. Ses interrogateurs l’ont ensuite forcé à avouer de fausses opérations de faux et usage de faux.

À Tartous, il a été torturé par électrocution – au niveau du cou, des bras, des jambes et des parties génitales. Dans d’autres circonstances, les prisonniers étaient contraints de manger du sel avant de se voir offrir un peu d’eau pour soulager leur soif. Mais leur pénis était alors ficelé, ce qui les empêchait d’uriner et leur causait d’intenses douleurs aux reins.

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Omar, pris récemment en photo à Stockholm, après s’être échappé de prison (MEE)

On l’a ensuite déplacé à la section 215, connue comme la « Brigade du Raid », rue du 6-Mai à Damas, à moins de 5 kilomètres de la Grande Mosquée des Omeyyades et dans un quartier entouré de centres commerciaux et d’hôtels. Omar allait passer l’année suivante derrière ces murs.

C’est là qu’il a commencé à comprendre le sens du mot « faim » : les prisonniers n’avaient bien souvent rien à manger pendant plusieurs jours. Puis, on leur servait quelques pommes de terre et des œufs, mais souvent recouverts de sang ou de moisissures. « Tout cela a duré des mois », raconte Omar. « On avait tellement faim qu’on en pleurait. »

Il y avait toujours des tortures supplémentaires les jours de fête, lors des fêtes musulmanes de l’Aïd al-Fitr et l’Aïd al-Adha, par exemple, ou encore la fête des mères. Des « fêtes de la torture », comme les avait appelées Omar.

Le père du jeune homme a été tué lors du massacre d’al-Bayda en mai 2013, au cours duquel des centaines de sunnites ont été assassinés. Les cousins d’Omar, Bashir et Rashad, qui avaient été arrêtés avec lui, sont tous les deux morts en prison.

Mais il n’y avait pas d’énergie à perdre pour la tristesse et le deuil. Omar a plutôt choisi de se créer une famille autour de lui dans la section 215. « C’était la meilleure école », souligne-t-il.

Lorsque les amis disparaissaient tout simplement

Les prisonniers avaient des nationalités et des origines différentes. Ils partageaient leurs compétences, professions et langues. Ils apprenaient à répartir leurs toutes petites rations de nourriture avec les fils des uniformes militaires qu’ils étaient obligés de porter et à tuer les poux qui avançaient lentement sur leur corps.

Omar se souvient de deux détenus avec une tendresse toute particulière : Bara’a Manieh, de la campagne de Damas, était un meneur naturel et il était « toujours heureux ». Radwan al-Eisa, originaire de Hama, était devenu un ami très proche. Mais avec le temps, les deux ont été emmenés par des officiers. Leurs orteils ont été brûlés avec de l’acide et on leur a crevé les yeux. Personne ne les a jamais revus vivants.

La dernière prison que connu Omar fut la célèbre prison de Saidnaya, au nord de Damas. Lors de la « fête de bienvenue », comme la décrit désormais l’homme de 21 ans avec un sourire triste, il fallait mordre les composants en métal d’une cuve. « Rien que ça revenait à deux ans passés dans la section 215 », précise-t-il à MEE.

L’une de ses nombreuses « missions » était de se débarrasser des corps morts de ses codétenus. Un jour, il a vu une pièce remplie de cadavres. Aucun ne présentait les signes habituels de torture mais il y avait de larges plaies à la place de leur cœur, de leur foie et de leurs reins. Tout semblait désigner un vaste trafic d’organes.

Il était interdit de prier et de lire le Coran. Omar récitait donc ses sourates et ses versets dans sa tête. Il composait aussi des poèmes et des chansons dont il se souvient encore parfaitement même si depuis, il s’est lancé de nouveaux défis : celui d’apprendre le suédois, qu’il parle désormais couramment, et de travailler à Stockholm.

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Rashad (à gauche) et Bashir, les cousins d’Omar, décédés en prison (MEE)

S’il a pu fuir en Europe, c’est uniquement parce ce que sa mère a payé un pot-de-vin de 15 000 dollars à des officiers de sécurité syriens.

Omar pesait 35 kg lorsqu’il est sorti de prison. Il est revenu maintenant à ses 53 kg. Ses poumons ont été endommagés par la tuberculose contractée dans la prison Saidnaya. Dans un sens, ce fut une bonne chose, car lorsqu’il a quitté la Syrie et la Turquie, les officiers de police, le voyant vomir du sang, partaient à toute vitesse, de peur d’être contaminés.

Omar confie qu’il se sent maintenant « très heureux », « très bien ». Mais sa mère lui manque, tout comme ses frères et ses sœurs en Turquie, et sa famille de codétenus – ceux qui sont morts et ceux qui vivent encore l’enfer de la prison.

Omar répète sans cesse : « Bienvenue en Syrie ». Et il espère que le monde comprendra ce qu’il veut dire.

« La mort est une échappatoire à la douleur »

Yehia Rashid al-Salim, de Palmyre, ressent encore la douleur des coups. Installé aujourd’hui en Grèce, en espérant se réinsérer en Europe, il vit avec les cicatrices visibles des tortures subies, qu’il a montrées à MEE. Ce qu’il n’a pas pu montrer, ce sont les sinistres souvenirs ancrés dans sa mémoire.

« Il nous aurait été impossible de nous soulever comme l’ont fait les prisonniers de Hama ou de Souwayda », raconte-t-il à MEE en faisant référence aux récentes explosions de violence et aux mutineries dans deux prisons syriennes connues.

Yehia était détenu dans un centre de sécurité militaire où il était quasiment impossible de protester. « Personne n’osait se rebeller », a-t-il ajouté. « J’espère que les détenus de Hama réussiront à s’imposer – mais c’est impossible face aux forces de sécurité criminelles et prédatrices du régime ».

Cet ancien employé du ministère de l’Agriculture avait été arrêté à Palmyre – appelée Tadmor en arabe – alors qu’il rendait visite à son oncle le 19 octobre 2013, juste après avoir célébré l’Aïd al-Adha.

Il a été emmené à la section de la Sécurité militaire et y a été torturé pendant 22 jours. On l’accusait d’avoir rencontré l’Armée syrienne libre à Raqqa. Il clamait pourtant son innocence auprès de ses interrogateurs.

Yehia, qui a trois enfants âgés de 12, 10 et 6 ans, raconte à MEE avoir subi la méthode de torture appelée « al-Shabeh » (fantôme) : le prisonnier, mains menottées, est suspendu au plafond de sa cellule, à quinze centimètres du sol. Il est ensuite battu.

Il a ensuite été transféré à la section de Police militaire de la ville de Homs, puis à la « Section Palestine », célèbre prison à Damas où il subissait des tortures trois à quatre fois par jour.

La vie en cellule était « révoltante ». Les détenus étaient contraints de rester nus et les maladies infectieuses se propageaient rapidement. La tuberculose, les poux et la gale causaient des infections et faisaient des morts quasiment tous les jours.

« Le geôlier entrait et demandait ‘’Combien y a-t-il de morts aujourd’hui ?’’ », témoigne Yehia. « Nous mettions les corps au niveau de la porte de la cellule et ils étaient ensuite transportés dans un endroit inconnu. »

« Les plus chanceux mouraient, car la mort était un réel soulagement. Je souhaitais la mort à chaque prisonnier dès que c’était son tour. La mort était une manière d’échapper aux supplices, à la douleur, à la faim, à l’oppression, à l’humiliation, à tout ce qui se passait à l’intérieur ».

A l’hôpital de la police, les médecins ont diagnostiqué la tuberculose à Yehia. La maladie s’est avérée être son ticket de sortie – il a été libéré le 12 juin 2014, à la faveur d’une nouvelle loi prévoyant la libération des prisonniers souffrant de maladies graves.

Yehia a dépensé 75 000 livres syriennes, soit près de 3 500 dollars pour quinze jours de traitement dans un hôpital privé de Damas.

D’autres cliniques avaient refusé de le prendre au prétexte qu’il s’agissait d’un ancien prisonnier : le personnel avait peur des forces de sécurité. Lorsqu’il fut suffisamment robuste, Yehia quitta la capitale et se remit sur pied à Tadmor.

Mais à ce moment-là, l’EI avait commencé à menacer la ville, alors il décida de s’enfuir dans la province nord d’Idlib. Quelques mois plus tard, Yehia se retrouva dans le camp d’Idomeni, une ville de fortune pour quelque 10 000 réfugiés à la frontière gréco-macédonienne, fermée en mai dernier.

À son arrestation, il pesait 92 kg. Même après le temps de récupération depuis sa sortie de prison, il ne fait aujourd’hui que 67 kg. Il a mal au dos et a des problèmes nerveux aux mains et aux pieds dus aux violents coups reçus.

« Je porte encore aujourd’hui des cicatrices et des marques dans le dos. Je veux montrer les violences de ce régime criminel. Jusqu’à présent, je n’en ai pas eu l’occasion. Je veux que le monde voit ce qu’il se passe, toutes les violations du régime d’al-Assad envers les prisonniers. »

Crimes de guerre et impunité

Omar et Yehia font partie des dizaines de milliers de personnes détenues dans les prisons du gouvernement en Syrie, avant et pendant le conflit actuel qui a débuté en mars 2011.

Au cours des cinq dernières années, plus de 12 500 personnes sont mortes sous la torture dans les prisons, d’après le Réseau syrien pour les droits de l’homme.

Le gouvernement de Bachar al-Assad est responsable de 99 % de ces victimes, selon un rapport spécial publié en juin par le groupe de surveillance. D’autres civils – dont des femmes et des enfants – sont morts entre les mains du groupe EI et de Jabhat Fateh al-Sham, l’ancien Front al-Nosra.

Les preuves des actes de torture et les décès dans les prisons du gouvernement syrien sont de plus en plus nombreuses. En février, un rapport de la Commission d’enquête internationale des Nations unies, « Out of sight, out of mind (loin des yeux, loin du cœur », assimilent les actions du gouvernement à des crimes de guerre.

Les prisonniers « sont battus à mort ou décèdent à la suite de blessures graves provoquées par des actes de torture », souligne le rapport.

« Le gouvernement a commis des crimes contre l’humanité, exterminations, meurtres, viols ou autres formes de violences sexuelles, actes de torture, emprisonnements, disparitions forcées et bien d’autres actes inhumains. Basés sur la même conduite, des crimes de guerre ont également été commis. »

Le droit international des droits de l’homme prévoit que les gouvernements doivent enquêter sur les décès des prisonniers sous son contrôle, et l’État en question peut être tenu pour responsable des morts s’il ne respecte pas cette obligation.

Les crimes, les actes de torture et les exécutions sans procédure régulière sont formellement interdits par les Conventions de Genève de 1949, que la Syrie a ratifiées.

Mais selon la législation nationale, le pays accorde une large immunité à ses services de sécurité et à sa police tout comme au président. Le rapport des Nations-unies a conclu que les « décès survenus en prison sont forcément connus des cadres supérieurs militaires. »

Des certificats de décès établissant que les prisonniers ont perdu la vie à la suite de « causes naturelles » ou d’une « crise cardiaque » sont adressés aux membres des familles, qui se voient régulièrement empêchés de récupérer les corps de leurs proches. Ces corps sont souvent présumés incinérés dans des fosses communes.

Le rapport de la commission a indiqué que cela faisait partie d’une « procédure centralisée et systémique » qui « cache efficacement les abus du système à l’encontre des détenus et les preuves des crimes perpétrés par les agents de l’État. »

Les conclusions du Réseau syrien des droits de l’homme concordent aussi avec ceux de la Commission des Nations-unies, qui a interviewé 621 personnes et recueilli les témoignages d’Omar et de Yehia. Le groupe accuse le gouvernement syrien de nier les actes de torture et d’accuser Al-Qaïda et d’autres groupes armés.

Le président du groupe, Fadel Abdul Ghani, a précisé : « Nous attendons toujours que le monde libre aille plus loin pour protéger l’humanité en Syrie, maintenant que ce mécanisme est démasqué. »

Mohammed Hassan al-Homsy a participé à ce reportage.

Source : MIDDLE EAST EYE

http://www.middleeasteye.net/fr/reportages/syrie-d-anciens-d-tenus-racontent-la-torture-et-le-trafic-d-organes-dans-les-prisons

A écouter: Accueil des migrants, pourquoi la France n’y arrive-t-elle pas ?

Émission « Du Grain à moudre d’été »  France Culture – 4 août 2016 (44 min)

Avec

AAAA Emission Réfugiés

Virginie Guiraudon, Directrice de recherche au CNRS

Sabreen Al Rassace, Responsable de la Permanence de l’Association Revivre

François Pupponi, Maire de Sarcelles

Et Hans Stark (interview pré-enregistrée), Secrétaire général du (Cerfa) de l’Ifri

Il aura fallu 6 ans depuis le début de la crise migratoire en Europe, pour que le gouvernement français commence à réformer sa politique. Ce n’est en effet qu’au début de cette semaine que les ministres de l’intérieur et du logement ont rendu publique la présentation d’une charte pour améliorer la prise en charge des migrants. Une charte qui concerne notamment leur hébergement dans « Des conditions dignes et adaptées à leurs situations et leur parcours », selon les mots de la charte.

Il y a un an déjà la loi relative à la réforme du droit d’asile prévoyait des délais plus courts quant à l’enregistrement des demandes d’asile auprès de l’office concerné.

Signe d’une volonté politique à faire face à l’afflux migratoire qui arrive en France. Signe tardif, signe fragilisé aussi par le contexte politique et sociale et sécuritaire en France. Où l’amalgame migrant=terroriste se fait entendre ces derniers temps dans une certaine parole politique et médiatique.

Dans ce même contexte, l’Allemagne dit vouloir maintenir le cap de sa politique migratoire. Ce pays qui prévoir d’accueillir 800 000 demandeurs d’asile cette année, quand la France mise sur 30 000.

Et pourtant la volonté politique, en matière d’accueil n’est pas la même partout en France. Certaines communes tentent de s’organiser, mais disent compter surtout sur la solidarité locale. Le symbole de la paralysie politique en matière de gestion des migrants c’est bien sûr Calais, mais certains élus et certaines associations s’accordent pour remettre en cause une politique migratoire, aux ambitions timides et dont les outils n’évoluent pas aussi vite que la situation, ni aussi vite que les annonces.

Alors en matière d’accueil des migrants, et des demandeurs d’asile, pourquoi la France n’y arrive-t-elle pas?

A écouter sur le lien de France Culture

http://www.franceculture.fr/emissions/du-grain-moudre-dete/accueil-des-migrants-pourquoi-la-france-ny-arrive-t-elle-pas

 

A écouter : Alep, la tragédie continue

Avec le Général Trinquand, consultant, ancien chef de mission militaire auprès de l’ONU, Ziad Majed, politologue, spécialiste de la Syrie, professeur des études orientales à l’Université américaine de Paris et Raphaël Pitti (en duplex de Metz), professeur de médecine d’urgence, chargé de mission de formations à la médecine de guerre auprès de l’Union des Organisations de Secours et de Soins Médicaux France en Syrie.

France Culture

A écouter sur le lien de France Culture:

http://www.franceculture.fr/emissions/l-invite-des-matins-d-ete/alep-la-tragedie-continue

 

 

Nancy : Réfugié syrien.. il y a 30 ans

Lui a fui le régime d’el-Assad… père, en 1986. Une date cruelle mais aussi le début d’une renaissance. Ce que ce paisible commerçant militant voudrait également offrir à ses (ex) compatriotes en détresse aujourd’hui.

18/07/2016

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« Aujourd’hui je me sens d’abord Français parce que la France m’a respecté. » Photo ER

J’ai toujours considéré comme mon vrai pays celui qui a su me respecter. Et ce n’est vraiment pas le cas de la Syrie. » Aussi Nadim Chaghouri se considère-t-il d’abord comme Français. Il en a d’ailleurs la nationalité depuis 1988. Deux ans plus tôt, il mettait pour la première fois les pieds en France. « C’était le 4 janvier 1986. Je m’en souviens comme si c’était hier. Aussi longtemps qu’on n’avait pas décollé de Damas, j’avais la peur au ventre. »

À trois reprises, le jeune Nadim avait déjà été convoqué par les services secrets du régime. Par trois fois, il en avait réchappé. « J’avais été dénoncé », raconte cet homme de 57 ans au sourire doux et au verbe posé précautionneusement. « Ironie du sort, ça ne concernait pas les faits que j’avais effectivement commis. » Car le régime d’Hafez el-Assad (père de l’actuel président) aurait effectivement eu tout lieu de le clouer dans ses geôles. Inscrit à la faculté de Damas, cet étudiant en sciences, originaire de Homs, militait clandestinement contre cette dictature, extrêmement répressive comme son propre cousin en avait fait la tragique expérience. « Il a osé se plaindre de la cherté de la vie devant un collègue. Une heure et demie après, il était arrêté. On ne l’a plus jamais revu. » C’était en 1979.

L’accusation était grosse

Nadim, lui, est sorti libre de ses convocations successives grâce à l’entregent d’un ami général. Surtout, les accusations portées à son encontre avaient un peu forcé le trait. « Mon délateur m’aurait notamment entendu insulter le président. En apprenant ça, j’ai souri. Vous imaginez, ai-je dit au colonel qui m’interrogeait, que quiconque dans ce pays ose insulter le président en public ? »

Effectivement, ça aurait été suicidaire. L’accusation était « trop grosse » et c’est ce qui a contribué à le sauver. Mais le jeune homme avait senti le vent du boulet. C’était décidé, il partait pour la France, en intimant à sa famille de ne surtout pas hésiter à le renier. Elle l’a fait. C’était une question de vie ou de mort.

Ainsi Nadim n’a-t-il plus jamais revu ni ses parents, ni aucun de ses quatre frères. « Et ça, c’est l’un de mes rares regrets : d’avoir ainsi été coupé de ma famille. »

Soif d’intégration

En France, Nadim a posé ses valises à Nancy où ses contacts lui promettaient une intégration pas trop difficile. Et de fait, il a mené son petit bonhomme de chemin. Il s’est empressé d’apprendre le français, sa demande d’asile lui a été accordée rapidement. Devenu papa, il a dû toutefois interrompre ses études (« ça, c’est mon autre regret »), mais après avoir occupé divers emplois, il a fini par ouvrir un commerce de photocopie-reprographie dans le quartier Saint-Nicolas. « Et j’ai fait ma vie », résume ce père de trois filles. « Pour être tout à fait honnête, je considère que ça s’est fait sans problème. »

Et c’est parce que ses (ex ?) compatriotes arrivant aujourd’hui ne peuvent pas en dire autant que le discret commerçant vient de créer l’association France-Syrie Entraide (lire ci-dessous). Sans doute aussi parce qu’il retrouve chez eux la même soif d’intégration, et la même urgence de vivre en paix qui l’accompagnaient, lui, le jeune Nadim Chaghouri, il y a exactement… 30 ans.

Lysiane GANOUSSE

Source : L’Est Républicain

http://www.estrepublicain.fr/edition-de-nancy-ville/2016/07/18/nancy-refugie-syrien-il-y-a-30-ans

Témoignage de Mazen Hammada: barbarie et impunité!

Mazen Hammada, technicien dans l’industrie pétrolière, de Deir-Ezzor, s’est d’abord fait arrêter deux fois, en avril et ensuite en déc 2011, à Deir-Ezzor, parce qu’il participait aux manifestations pacifiques, les filmait et ensuite les mettait en ligne ou les envoyait aux médias. 
La troisième fois, il s’est fait arrêter au souk de Damas, en mars 2012. Il y avait rendez-vous avec une doctoresse de Darayya pour lui remettre du lait pour les enfants des déplacés. Il s’est fait arrêter avec ses deux neveux qui l’accompagnaient et avec la doctoresse. Sa détention a duré un an et sept mois. Il était détenu à l’aéroport militaire d’al-Mazzeh à Damas.

FSD a traduit et publié son témoignage, accordé à la chaine télévisée Al-Ghad Al-Arabi et publié sur Youtube le 22 avril 2015.

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Mazen Hammada, interviewé par al-Ghad al-Arabi

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L’interrogatoire et la torture

« Ils nous ont mis dans une cellule de 1.40 sur 1.40m. Nous étions entre 10 et 12 personnes dans cette cellule. Nous devions nous asseoir 5 le long d’un mur et 5 le long du mur d’en face, et une ou deux personnes restaient debout. Nous faisions un tournus toutes les deux heures.

Pendant l’interrogatoire j’ai reconnu avoir participé aux manifestations mais l’officier m’a demandé de reconnaître avoir porté des armes et avoir tué… j’ai refusé. Ils m’ont couché parterre.. quatre hommes se sont mis à sauter sur moi avec leurs bottes militaires… mes côtes se sont cassées et je n’arrivais plus à respirer. L’officier m’a reposé la question et ma réponse est restée négative. Alors ils ont installé sur mon pénis une bride que l’on peut serrer… et ils se sont mis à la serrer… là j’ai cédé, pas seulement à cause de la douleur mais aussi de peur que mon pénis ne soit sectionné. J’ai reconnu à tort avoir porté une arme pour stopper le supplice… Ensuite, j’ai été suspendu par les poignets jusqu’à ce que j’accepte de reconnaître avoir fait exploser un check-point… Ils m’ont aussi enfoncé une barre de fer dans l’ anus et j’en ai encore les cicatrices… ces gens sont dénués de toute valeur humaine. »

Bouclier humain en août 2013

« Lorsqu’il y a eu menace d’une frappe américaine possible suite à l’utilisation d’ armes chimiques à large échelle à al-Ghouta, à Damas, ils nous ont transférés dans les hangars d’aviation pour que nous soyons tués sous les bombardements. Nous étions environ 700 détenus par hangar. Nous y sommes restés un mois environ avant de retourner en cellule. »

Les conditions de détention

« Chaque jour il y avait un ou deux morts dans notre cellule, car nous avions pas assez d’air et les conditions de détention n’étaient pas supportable pour les personnes âgées ou malades. Nous étions alors 180 dans une cellule de 11×6 m2. Nous devions nous asseoir et d’autres s’asseyaient sur nos genoux. Parfois le gardien mettait son fusil dans la fente de la porte et il tirait sur le plafond en dessus de nos têtes… la balle restait parfois plantée dans le plafond ou alors elle ricochait et touchait l’un de nous. »

L’hôpital militaire 601

« Suite à mon interrogatoire et à la torture barbare que j’ai subie, j’avais les côtes cassées, je vomissais et j’urinais du sang. J’ai alors été transféré, avec d’autres, à l’hôpital militaire 601 de Damas. Dès notre arrivée à l’hôpital nous avons été accueillis par des coups de bâtons ou de chaussures par les infirmiers et les infirmières. Ensuite nous avons été placés à trois par lit et menottés. La nuit je suis allé aux toilettes, j’ai ouvert la première porte j’y ai trouvé deux cadavres, j’ai ouvert la deuxième, j’y ai trouvé deux cadavres, je suis allé vers le lavabo, il y avait là le corps d’un jeune homme blond d’environ 17 ans… Là, j’ai disjoncté, le gardien me parlait mais je ne pouvais pas répondre.. alors il s’est mis à me tabasser… Il y avait aussi un gardien à l’hôpital qui se donnait le surnom Azraël, l’ange de la mort. Il est arrivé une fois à minuit avec une barre de fer avec des pointes. Il a demandé qui parmi nous avait besoin de médicaments. L’un de nous a répondu par l’affirmative. Alors Azraël s’est approché de lui et lui a dit : « Le tribunal de Dieu t’a condamné à mort » et il s’est mis à le tabasser jusqu’à l’éclatement de sa tête. Il en est mort et il a été ensuite transporté aux toilettes. »

Sadisme

Vers la fin de ma période de détention nous avons dû donner nos empreintes en attendant d’être transférés pour être jugés devant le tribunal. Il y avait un enfant de seize ans avec nous. Le gardien lui a demandé d’où il venait, il a répondu de Darayya (lieu symbole de protestations pacifiques à Damas). Il l’a alors tabassé et ensuite il a amené un poste de soudure et lui a brûlé le visage, qui a littéralement fondu… nous l’avons ramené dans la cellule, nous avons tenté de rafraichir ses brûlures, mais deux jours plus tard il est décédé… Mon cœur s’est brisé pour cet enfant. »

La fuite de Syrie

« Après ma sortie de détention, comme j’étais toujours recherché par le service de renseignement (les différents services ne communiquent pas). Je me suis alors rendu clandestinement à Deir-Ezzor. Ensuite j’ai fui la Syrie vers la Turquie où j’ai pris le bateau vers la Grèce et ensuite un camion pour arriver aux Pays Bas. »
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L’impunité!

Il faut préciser ici que les officiers et les gardiens des centres de détention bénéficient d’une impunité totale… impunité qui incite les personnes dérangées à développer de plus en plus des méthodes barbares pour torturer les détenus…Et c’est la même impunité dont bénéficie Assad et ses semblables qui rend ces dictatures de plus en plus barbares…

Non à l’impunité!… Seule la justice peut acheminer la Syrie vers la paix.

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Source de la traduction en français, FemmeS pour la Démocratie

https://femmesdemoc.wordpress.com/2015/04/26/temoignage-de-mazen-hammada-barbarie-et-impunite/

Source vidéo en arabe :

https://www.youtube.com/watch?v=mvLMh7meYfY&feature=youtu.be

 

L’Association « Revivre » dans Le Monde : L’odyssée d’une famille syrienne en quête d’asile

Une famille syrienne en quête d'asile

En mai 2012, Ahmed ferme une dernière fois la porte de sa maison de la banlieue de Damas. La veille, un conseil de famille en a décidé ainsi. « Mon épouse, Abir, et moi savions qu’il fallait partir. Mais nous voulions l’accord de nos filles qui avaient alors 5 et 10 ans. Nous les avons réunies pour leur expliquer que le voyage serait épuisant et dangereux… Qu’on mourrait peut-être avant de trouver une autre maison ; mais qu’on ne survivrait pas si on restait là ». En prononçant ces mots, le regard d’Ahmed se dérobe ; comme s’il se repassait le film de cette soirée. Abir, elle, laisse couler des larmes silencieuses que regarde Omar, le petit dernier.

Trois ans plus tard, l’odyssée de cette famille (dont l’anonymat a été préservé par peur des représailles sur ceux qui sont restés à Damas, touche à sa fin). Depuis le 2 janvier, Abir, Ahmed et leurs trois enfants sont en France, le but de leur voyage. Un couple de jeunes retraités de Steinbach (un village du Haut-Rhin) leur a offert l’hospitalité. Lin (13 ans), Lara (8 ans) et Omar (5 ans), ont retrouvé des soucis d’enfants, oublié un peu les cadavres et le bruit des bombes. Tout va mieux, même si Omar ne dort toujours pas sans lumière et ne veut plus entendre parler de bateau.

Ahmed et sa famille ont accosté le 30 décembre 2014 dans le port de Gallipoli, dans le sud de l’Italie. La veille, le capitaine du Sky Blue M, le « cargo poubelle » à bord duquel ils sont venus de Turquie, avait bloqué les moteurs en direction des côtes. « Apercevoir les policiers [garde-côtes] a été un immense soulagement », soupire Abir en repensant à ce voyage apocalyptique. « À peine quitté les côtes, la tempête s’est levée. Au début on a essayé de convaincre les enfants qu’il était normal qu’on soit entassés à 700 dans les cales ; normal que la coque prenne l’eau et que le bateau bouge énormément… Alors que nous-mêmes pensions à chaque instant chavirer et couler… On ne mangeait pas pour ne pas vomir. On n’a pas dormi et on n’a plus eu d’eau à boire les deux derniers jours ».

« On ne s’était pas lavés depuis la Turquie »

À l’arrivée à Gallipoli, Ahmed savait que sa famille venait d’échapper deux fois à la mort. D’abord en Syrie où 200 000 personnes ont été tuées depuis le début du conflit, et puis dans ce bateau poubelle qui aurait dû depuis longtemps être au rebut. Pourtant, à l’angoisse du naufrage s’est vite substitué la hantise qu’on relève leurs empreintes digitales. Ce qui les aurait contraints à déposer leur demande d’asile en Italie, alors qu’ils souhaitaient gagner la France.

Pour limiter les risques, la famille s’est enfuie, le 1er janvier, du camp de toiles de tente où elle avait été transférée quelques heures après l’accostage. Enfants et parents ont franchi dès le réveil et en silence les 3 mètres du grillage d’enceinte pour prendre la route du Nord. « Je ne savais pas où on était. Tout le monde dormait dans cette ville où des chiens aboyaient sur notre passage. Il a fallu marcher des heures avant de rencontrer un homme qui nous a indiqué la gare. Là, on a pris un bus pour Milan, voyagé douze heures avec comme seul rêve de prendre une douche… On ne s’était pas lavés depuis la Turquie », confie Ahmed. Après, il y a eu le trajet pour Vintimille, puis le train pour Nice et enfin les 550 derniers euros dépensés pour prendre le TGV en direction de Paris. « Un jour je reverrai Nice, répète Ahmed. C’est la première ville où j’ai pu dormir d’un sommeil profond après ces années de galère. » Enfin, ils étaient en France. Symboliquement sauvés.

Aujourd’hui, Ahmed et Abir rêvent d’intégrer la communauté des 40 000 Syriens de France. La plupart sont là depuis longtemps. Les réfugiés du conflit actuel ne gonflent les rangs qu’au compte-gouttes. Depuis 2011, quelque 4 500 Syriens ont été accueillis sur le territoire français au titre de l’asile, quand 4 millions sont réfugiés hors de leur pays et 7,6 millions déplacés à l’intérieur. En 2014, quand l’Allemagne accueillait 10 000 réfugiés repérés par le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) comme particulièrement fragiles, la France, elle, en prenait 500. Au faible nombre d’arrivées s’ajoute un accueil laissé au bon vouloir des associations et des bénévoles. « En dépit des discours politiques rappelant que les Syriens sont nos amis, la France ne fait rien pour les accueillir », s’agace Etienne Marest qui dirige l’association Revivre, qui s’occupe d’eux« Quand il s’agit d’héberger les naufragés de la route bloqués en partant aux sports d’hiver, on sait faire. On pourrait quand même créer des structures pour ces naufragés politiques »,  ajoute Michel Morzière, président d’honneur.  D’autant que pour beaucoup de Syriens, le déclassement est dur.

Déclassement

Abir et Ahmed étaient promis à une autre vie ; celle de la classe moyenne. Travailleur et habile négociateur, Ahmed avait rapidement fait fructifier son commerce. En 2010, les revenus de sa très occidentale boutique de vêtements, lui ont permis de s’offrir une maison en périphérie de Damas quelques années à peine après son mariage. « À Ein Tarma », prononce Abir dans un souffle. Ein Tarma, « c’était une banlieue chic. Un coin idéal pour élever ses enfants ». C’était… car très vite la répression aux manifestations anti Bachar el Assad l’a transformé en un quartier martyr. « On était bombardé sans cesse, coupé du reste de la ville et sans électricité. Comme j’étais le seul à avoir une voiture, j’ai beaucoup transporté de blessés et de médicaments vers l’hôpital de campagne. Plusieurs fois j’ai failli me faire prendre. En mai 2012, on a décidé de fuir plutôt que de mourir là tous les cinq », rappelle Omar.

Liban, Égypte, Turquie… la famille essaie d’abord le pourtour Méditerranée, où vivent 95 % des 4 millions de réfugiés syriens. « À Beyrouth les appartements les moins chers étaient dans un quartier contrôlé par le Hezbollah… On nous a vite fait sentir que ce n’était pas notre place à nous sunnites. Je suis allé à l’ambassade de France demander des visas, mais je n’ai même pas réussi à avoir une convocation officielle », rapporte le Syrien, conscient depuis cette date que pour venir en France, il lui faudra mettre sa famille entre les mains de passeurs. Il repousse l’échéance.

Nous sommes toute fin 2012. « On est rentré à Damas. Comme on n’y avait plus rien et plus de travail, on a décidé de tenter Alexandrie. Malheureusement, avec l’arrivée de Sissi au pouvoir en Égypte, on est vite devenu indésirables au point que des enfants ont coupé les cheveux de Lara… », se souvient la mère. Après cet échec, il ne restait plus qu’Istanbul dans la liste des possibles. « J’y ai retrouvé des fournisseurs de textile. L’un d’eux nous a aidés. Mais je ne travaillais pas suffisamment pour vivre. Au bout de 7 mois, on est une nouvelle fois revenus à Damas chez le frère d’Abir. Jusqu’à ce que je sois réquisitionné pour repartir à l’armée en dépit de mes 37 ans, que la police commence à me chercher ». Plus qu’une évidence, la France devient une urgence.

Reste à financer la traversée. « Depuis 2012, on vivait sur les 17 000 dollars d’économie que nous avions. Mais on avait presque tout épuisé et il a fallu emprunter aux proches les 15 000 pour payer la traversée », confie Ahmed, qui sait que dès qu’il retravaillera, l’argent ira au remboursement.

Désormais, la famille dispose enfin d’un récépissé de la préfecture de Colmar autorisant un mois de séjour en France. Le temps de déposer une demande d’asile. Dans la foulée, ils espèrent être logés car leur retour en région parisienne, même aidé par la communauté, reste très précaire. Et puis, les enfants attendent avec impatience une entrée à l’école. Pour revivre cette vraie vie d’enfant dont ils ont eu un avant-goût, quelques semaines à Steinbach.

Source : Le Monde 28 février 2015 – Par Maryline Baumard

Témoignage de Bassam Al-Ahmed, militant des Droits de l’Homme en Syrie

Militant des Droits de l’Homme en Syrie, Bassam Al Ahmed participera à une réunion publique qui se tiendra à Paris, mardi 27 janvier 2015, à l’invitation de plusieurs organisations des Droits de l’Homme, au côté de 4 autres activistes syriens de premier plan. Le débat sera modéré par le politologue Ziad Majed, auteur de Syrie, la révolution orpheline. Merdi 27 janvier 2015, de 19h30 à 22h. « Le combat des défenseurs des droits de l’Homme en Syrie » : Salle Jean Dame 17, rue Leopold Bellan, 75002 Paris ………………………………………………………………….

Je m’appelle Bassam Al-Ahmed. Je suis originaire de la ville de Qamichli dans le gouvernorat syrien de Hassakeh. En 2005, j’ai commencé à militer et j’ai intégré plusieurs organisations clandestines de revendication des droits démocratiques des Kurdes en Syrie. Au cours des années qui ont précédé la révolution syrienne, j’ai participé à des dizaines de soirées et d’activités avec d’autres militants, essentiellement dans la ville de Damas. Nombre de ces réunions portaient sur la culture de la citoyenneté, la société civile, les droits humains, la Constitution, les minorités et d’autres sujets encore parmi ceux qui étaient débattus dans les couloirs de l’Université de Damas. Notre action dans ces domaines était remarquable et d’une très grande envergure au sein de l’université. Bassam-AL-AHMED   Suite au déclenchement de la révolution en mars 2011, j’ai participé à des activités de la révolution, comme tous les militants et citoyens syriens qui se sont révoltés pour défendre leur liberté et leur dignité. Parmi nos nombreuses activités figuraient la participation aux manifestations pacifiques et l’organisation de conférences sur la non-violence avec plusieurs autres militants et activistes. J’ai ensuite commencé à collaborer avec le Centre syrien pour les Médias et la Liberté d’Expression en janvier 2012. Peu de temps après, en février, le Centre a été victime d’une attaque des services de renseignements de l’Armée de l’air qui ont arrêté toute l’équipe des militants et militantes, avec à sa tête le journaliste Mazen Darwich. Libéré 87 jours plus tard, j’ai repris mes activités et me suis entièrement consacré au travail avec le Centre de Documentation des Violations en Syrie (VDC), dirigé par l’éminente avocate des Droits de l’Homme Razan Zaitouneh.

Le Centre de Documentation des Violations joue un rôle essentiel dans le processus de documentation des violations des Droits humains en Syrie depuis le début de la révolution. Il est parvenu, jusqu’à ce jour, à documenter des dizaines de milliers de cas de meurtres et de mauvais traitements infligés à des détenus, et à collecter les noms de milliers de victimes de disparitions forcées. Nous avons également publié des dizaines de rapports, dont le premier rapport documenté sur le massacre à l’arme chimique de la Ghouta de Damas en août 2013, le premier rapport sur les atrocités commises au sein de l’Unité 215 des services de la Sécurité militaire ou encore sur les fosses communes où sont ensevelis les prisonniers.

Le Centre compte aujourd’hui plus d’une trentaine de militants et militantes compétents et expérimentés en matière de documentation des violations des Droits humains, à la fois du fait de l’ampleur de notre travail au quotidien depuis près de 4 années, et grâce aux nombreuses sessions de formation auxquelles ils ont pu participer avec le soutien des organisations internationales des Droits de l’Homme.

A l’instar des autres jeunes organisations de la société civile et des organisations syriennes de défense des Droits humains, notre Centre a dû faire face à quantité de défis et difficultés au cours des premiers mois de la révolution, principalement en lien avec la situation sécuritaire. Un grand nombre de militants qui collaboraient ou travaillaient avec le Centre ont été arrêtés. Et ces difficultés n’ont pas cessé après que certains groupes armés opposés au gouvernement aient pris le contrôle de certaines régions dans lesquelles nos militants sont actifs. Le 9 décembre 2012, des membres d’une milice anti-gouvernementale ont attaqué le bâtiment principal du Centre de Documentation des Violations en Syrie de la ville de Douma, dans la campagne de Damas, et enlevé la directrice du Centre, la militante pour les Droits humains et avocate Razan Zaitouneh, ainsi que trois de ses collègues : Samira Al-Khalil, Wael Hamada – l’époux de Razan Zaitouneh, et l’avocat Nazim Al-Hamadi. A ce jour, ils figurent parmi les nombreuses victimes de disparitions forcées dans mon pays.

Les organisations de la société civile syrienne ont déployé d’incroyables efforts pour obtenir la vérité sur les événements qui affectent la Syrie, et les défenseurs des Droits humains ont joué un rôle de premier plan à cet égard. Ils ont, pour cela, enduré de nombreuses souffrances, fait la terrible expérience de la détention où parfois ils ont laissé la vie. Notre collègue le Dr. Ayham Mostafa Ghazzoul, qui militait avec nous, a ainsi succombé sous la torture alors qu’il se trouvait aux mains des services de sécurité. C’est le cas de dizaines d’autres activistes, si nombreux que nous ne pouvons tous les nommer ici. Nous avons cependant une pensée toute particulière pour Mazen Darwich, directeur du Centre syrien pour les Médias et la Liberté d’Expression (SCM), le blogueur Hussein Gharir et l’activiste Hani Zitani, avec qui j’ai été arrêté en février 2012 et qui sont toujours détenus pour leur combat pacifique en faveur des libertés.

Malgré tous les défis auxquels nous sommes confrontés, nous avons conscience que la société civile syrienne est encore jeune et doit continuer à se construire. Nous avons besoin du soutien des organisations internationales dont l’expérience est avérée dans ce domaine, mais plus encore c’est de la solidarité et du soutien de tous dont nous avons besoin pour cultiver l’espoir et nous aider à tracer un chemin hors de l’obscurité pour la Syrie.

 

Source : Un œil sur la Syrie, 20 janvier 2015 http://syrie.blog.lemonde.fr/2015/01/20/temoignage-de-bassam-al-ahmed-militant-des-droits-de-lhomme-en-syrie/

Radwan, rescapé syrien du « Blue Sky », et son ange gardien italien Tommaso

Par  Maryline Baumard 

Le Monde le 5 janvier 2015  

On l’appellera Radwan. Le 31 décembre à 3 h 30 du matin, cet homme de moins de 40 ans, teint hâlé, visage exténué, est descendu du cargo Blue Sky à Gallipoli, dans le sud de l’Italie, avec son épouse enceinte. Depuis, le migrant Syrien s’est reposé dans une école, un centre d’hébergement avant de prendre le train pour remonter l’Europe. En trois jours, il a quitté les frontières de l’Italie.

Aujourd’hui, Radwan continue sa route vers le nord avec, en Italie, un ange gardien du nom de Tommaso Tomaiuolo qui veille sur lui. L’amitié entre ces deux hommes a commencé le 31 décembre au travers d’une grille de cour d’école. Celle de l’établissement de Gallipoli où Radwan avait été emmené pour se reposer après que son cargo – abandonné par son capitaine – eut été ramené dans le port.

Comme ses voisins et ses amis, Tommaso s’apprêtait à fêter tranquillement le réveillon de la Saint-Sylvestre dans les Pouilles quand le Blue Sky a fait irruption dans sa vie. Depuis l’arrivée de ce cargo et de ses 768 migrants, dans le port de sa petite ville, le jeune quadragénaire est comme happé dans un tourbillon fou. « Je n’oublierai jamais les rencontres que j’ai faites depuis le 31 décembre, ni les regards. Ils ont changé mon regard sur la vie », raconte ce créateur de sites Internet qui travaille pour une petite société italienne et habite à Alezio, à 5 kilomètres de Gallipoli, dans les Pouilles.

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Photo : Le « Blue Sky », dans le port Gallipoli. | DR/Tommaso Tomaiuolo

«  Je voulais être utile »

Dès qu’il apprend que le navire vogue sans capitaine, en direction des côtes de son pays, il twitte heure par heure le sauvetage et alimente son compte Facebook. Dès les premières heures du jour, levé tôt, il file au port.

« Un navire vide c’est bien… Mais ce n’était pas mon but ! , raconte-t-il, je voulais être utile. » Tommaso pressent que la couche de rouille du cargo cache bien des drames humains. Comme il ne décroche pas des radios locales, il apprend tout de suite dans quelles écoles de la ville ont été installés les migrants, afin qu’ils puissent se reposer. « Le maire a eu six heures pour réagir et trouver des solutions. Juste le temps du sauvetage du navire », ajoute Tommaso.

L’homme file vers les centres ouverts, comme beaucoup d’autres citoyens de cette zone pauvre, touchée de plein fouet par le chômage, mais prêts là à toutes les générosités. « Durant la soirée du 30 décembre, entre 21 heures – heure à laquelle on a appris que le bateau fantôme se dirigeait vers nos côtes – et son arrivée, 70 bénévoles de la protection civile se sont mobilisés, aux côtés de ceux de la Croix Rouge et de beaucoup de simples citoyens comme moi », explique-t-il.

Quand Tommaso Tomaiuolo arrive dans une des écoles d’accueil, des hommes sont là derrière les grilles. « A un premier, je demande ce dont il a besoin, il me montre timidement mon téléphone mobile que je tenais à la main et comme je lui passe, il semble douter qu’il puisse vraiment appeler à l’étranger. » L’homme joint la Turquie, parle quelques minutes et rend à Tommaso son smartphone « avec un sourire que je n’oublierai jamais ». Tous deux fument ensemble une cigarette. Tommaso lui pose quelques questions.

Quand l’ingénieur revient à l’école, l’après-midi, il trouve un autre Syrien à la place du premier. C’est Radwan. Son épouse se repose de ce voyage dans des conditions effroyables.

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Photo :  Les cales du Blue Sky durant la traversée de la Méditerranée. | DR/Tommaso Tomaiulo

Les deux hommes sympathisent, partagent quelques cigarettes. « Radwan a quitté la Syrie, il y a un an et vit depuis en Turquie. Là, il a dû une nouvelle fois refaire ses bagages, parce qu’en Turquie il n’a trouvé aucun travail », rappelle l’Italien. Tommaso Tomaiuolo, qui ne veut pas se mettre en scène, reconnaît du bout des lèvres qu’il a aidé financièrement cet homme à partir vers le nord et à charger son téléphone portable. Il lui a aussi donné deux livres et deux crayons. Radwan n’est pas « pauvre », mais il vient tout de même de débourser 14 000 euros pour payer son passage et celui de son épouse et il ne sait pas quand son périple s’arrêtera…

Pour les épisodes précédents, les photos prises par l’Italien parlent d’elles-mêmes. « Comme nous n’avions pas de connexion Internet, j’ai photographié avec mon téléphone l’intérieur de la cale du Blue Sky. Et franchement, cela m’a bouleversé de voir comment ces gens avaient été traités », raconte Tommaso.

« Rester en Syrie pour y mourir ou partir »

La discussion s’installe entre les deux hommes et Radwan raconte comment il lui a fallu prendre un petit bateau de pêche pour rejoindre le cargo qui mouillait dans les eaux internationales au large du port turc de Mersin. « Comme il avait un très bon anglais, pour avoir vécu quelque temps en Grande-Bretagne, nous avons pu parler longuement. Pour Radwan, la question syrienne n’est pas un problème que doit gérer l’Italie ou l’Europe, mais c’est bien un sujet qui doit être pris en charge par les Nations unies. Je n’avais que deux options, m’a dit Radwan : rester en Syrie pour y mourir ou partir », rapporte l’Italien.

La discussion entre Radwan et Tommaso a été stoppée, ce 31 décembre par les cris de deux femmes. Toutes deux pleuraient l’arrestation par la police italienne de leur fils et frère Rani Ahmad Sarkas, soupçonné par les autorités d’être un des passeurs et d’avoir piloté le cargo.

Dimanche 4 janvier, le quotidien italien La Republica racontait son audition par la police, traduite par l’AFP. « Ils m’ont promis 15 000 dollars [12 500 euros] et la possibilité de faire venir toute ma famille », a-t-il expliqué aux inspecteurs. Tommaso confirme que les deux femmes lui ont expliqué que treize autres membres de la famille se trouvaient sur le Blue Sky.

Rani Ahmad Sarkas est un Syrien âgé de 36 ans. Des extraits de son audition, reproduits par le journal italien permettent de comprendre comment il a pris la barre du navire. « Je suis arrivé en Turquie par avion depuis le Liban où j’étais réfugié. Là, j’ai été contacté par une connaissance qui savait que j’étais capitaine de navire », ajoute-t-il. Les deux hommes se rencontrent à Istanbul, font affaire. Rani Sarkas embarque alors avec trois autres hommes sur le Blue Sky, battant pavillon moldave, à destination de Mersin, port turc situé près la côte syrienne.

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Photo : Sarkas Rani, capitaine du Blue Sky. | Facebook/ Rani Sarkas

Le cargo reste deux jours, ancré au large, dans l’attente de sa « cargaison ». Le troisième jour, un bateau a emmené un premier groupe de 30 personnes sur le Blue Sky. Pendant quatre jours, la noria a continué et, le 25 décembre, ils ont largué les amarres avec 768 passagers à bord. « J’ai personnellement tracé la route pour l’Italie », a raconté le jeune homme aux enquêteurs. Après s’être abrité près des côtes grecques, pour éviter la tempête, il a repris sa route vers le sud de l’Italie. Il a ensuite abandonné la passerelle pour se réfugier dans la cale après avoir bloqué la barre et le moteur. Le navire a continué sa route à environ six nœuds (11 km/h) vers la terre. Sans intervention de la marine italienne, il se serait fracassé contre les rochers avec sa cargaison humaine.

« La mère et la sœur du capitaine m’ont demandé si je pouvais les aider à trouver un avocat, mais aucune des deux n’a voulu que je les filme. Elles avaient peur de la mafia turque si un jour, elles retournent en Turquie », regrette Tommaso. Avant qu’il ne soit question de cela, les migrants sont montés dans un bus pour être mieux installés ailleurs en Italie. L’école a refermé ses portes pour se préparer au retour des élèves italiens ce lundi.

« Le 31, j’ai surtout surveillé ma messagerie pour voir si Radwan m’avait écrit. J’ai eu le plaisir de découvrir que oui », ajoute-t-il.

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Photo : Echange de SMS entre Tommaso et Radwan. | DR

Le 1er janvier, Tommaso Tomaiuolo a refait le tour des écoles. La dernière était en train d’être évacuée. Gallipoli refermait la parenthèse du Blue Sky« Pour moi, cela aura vraiment été une Saint-Sylvestre riche en tragédie et en émotion. Un de ces moments qui changent un regard sur la vie. Je n’oublierai jamais comment ma ville a su prendre soin des migrants. J’aime me rappeler cette photo du maire qui fait une partie de volley-ball avec quelques-uns d’entre eux. La vie est rude dans l’Italie du sud, très touchée par la crise, mais elle est belle. Nous avons des valeurs », conclut l’Italien avant de repartir à son quotidien d’informaticien.

*Initialement, Tommaso Tomaiuolo ne souhaitait pas apparaître dans ce récit. « Je veux juste que cette tragédie soit connue. Je n’ai fait que ce que d’autres citoyens comme moi ont aussi fait pour ces gens. Par humanité », ajoute-t-il à l’issue d’un long entretien téléphonique. Convaincu que le lecteur de cet article a envie de le connaître, il a finalement accepté que son nom et ses actions figurent dans le récit de ce moment que dit-il, il « n’oubliera jamais ».
Vidéo (Le Monde & Dalymotion)

« Les migrants du blue SkyM transférés depuis l’école de Galipoli »

http://www.dailymotion.com/video/x2e1vfr_les-migrants-du-blueskym-transferes-depuis-l-ecole-de-galipoli_news

 

Source: Le Monde. 05.01.2015 

http://www.lemonde.fr/immigration-et-diversite/article/2015/01/05/radwan-rescape-syrien-du-blue-sky-et-son-ange-gardien-italien-tommaso_4549556_1654200.html

 

 

 

 

Naufrage de migrants : une Syrienne dit avoir survécu pour « sauver des enfants »

Publié le 17/09/2014

« Je voulais sauver les enfants, c’est pourquoi je suis restée en vie »: grâce à une chambre à air, Doaa, une Syrienne de 19 ans, a échappé au naufrage qui a fait des centaines de victimes parmi des migrants en Méditerranée le 10 septembre, sauvant aussi la vie d’un bébé que lui a confié sa mère désespérée avant de mourir.

Doaa Al Zamel et Mohamed Raad, un Palestinien de 23 ans, ont raconté mercredi leur calvaire à l’AFP, dans le port crétois de la Canée, où ils ont été amenés avec deux autres Palestiniens, un Egyptien et la fillette d’origine syrienne par un porte-conteneur qui les a récupérés.

Ils font partie de la dizaine de personnes, sur quelque 500, embarquées le 6 septembre en Egypte avec l’espoir de gagner l’Italie.

Tous deux, ainsi qu’un autre Palestinien qui a préféré ne pas s’exprimer, Abdelmazid Alhila, sont apparus en bonne santé physique mercredi, à l’exception de marques de brûlures solaires.

Mercredi dernier, pourtant, en pleine mer, et apparemment parce qu’ils refusaient de se laisser transférer dans une embarcation bien trop petite pour eux tous, les migrants auraient été victimes de leurs passeurs, qui ont coulé leur bateau, selon des témoignages recueillis par l’OIM (Organisation internationale pour les migrations).

Doaa et Mohamed sont plus évasifs : Il dit « n’avoir pas vu le bateau qui nous a percutés ». « J’étais sur le pont inférieur et je ne voyais rien. J’ai entendu crier et hurler. Cela n’a pas duré longtemps, le bateau n’a pas mis une minute à couler ».

Doaa pour sa part témoigne qu’un « bateau de pêche », dont elle ne dit pas par qui il était occupé, « nous a demandé de nous arrêter » et les occupants ont commencé à « lancer des objets en métal et en bois en nous insultant », mais comme le capitaine refusait de s’arrêter, « ils nous ont tamponnés jusqu’à ce que le bateau coule, ils nous ont regardés et ils sont partis ». D’après leurs traits, elle suppose que les agresseurs étaient « égyptiens ou libyens ».

— En Italie pour se marier —

« La collision s’est produite vers midi, et le bateau en métal, « pas en très bon état » selon elle, n’a eu aucune chance. « Un grand-père m’a suppliée de garder sa petite-fille d’un an », puis « une mère m’a demandé de garder sa fille de deux ans pour qu’elle puisse s’occuper de son fils de 6 ». Un autre garçonnet lui a été confié pendant quelque temps par sa tante, avant d’être repris par celle-ci.

« Nous sommes restés en groupe et nous avons prié Dieu pour être sauvés », dit-elle.

Mais tous ceux qui avaient demandé son aide sont morts sous ses yeux, le bébé d’un an dans ses bras juste avant qu’elle ne soit elle-même sauvée. Elle a pourtant pu sauver la vie de la fillette de deux ans, Syrienne selon elle, qui semblait hors de danger mercredi soir à l’hôpital d’Héraklion.

Dans le naufrage, Doaa, triste mais calme en racontant ce cauchemar, a aussi vu mourir son fiancé. « C’est lui qui avait trouvé les passeurs ». « Ils devaient nous amener en Italie pour que nous puissions nous y marier. Maintenant, je n’ai plus de raison d’y aller », soupire-t-elle, disant « n’être restée en vie que pour sauver les enfants ».

Mohamed se rappelle qu’après le naufrage du bateau, « 80 à 90 personnes » se sont retrouvées au milieu des flots à lutter pour leur survie. « Les femmes et les enfants avaient soif, les hommes ont uriné dans des bouteilles pour qu’ils boivent ». Puis, « nous sommes restés deux nuits et trois jours dans le froid, la soif, la peur », et « le troisième jour, les gens ont commencé à devenir fous », raconte le jeune barbier, qui a eu la chance d’avoir trouvé un gilet de sauvetage.

Dans sa somnolence, il s’imagine à un moment dans un hôtel, « et j’ai commencé à enlever mon gilet de sauvetage, mais j’ai soudain réalisé que j’étais en train de couler et je l’ai remis ».

Il revoit l’image de « certains qui avaient leurs enfants avec eux, et quand ils mouraient ils les laissaient juste glisser dans l’eau… »

Les disparus étaient Syriens, Palestiniens, Egyptiens ou Soudanais. Comme beaucoup, Mohamed était parti de Gaza, en quête d’un peu de paix. « Depuis que je suis né, je n’ai jamais vécu une seule journée heureuse. Toujours la tyrannie, la guerre, le chômage et ne pas savoir quand nous serons tués »…

Nota:  Doaa Al Zamel  a été primée le vendredi 19 décembre 2014, par l’Académie d’Athènes pour son action héroïque

Doaa Al Zamel

Source de l’article :

http://www.ladepeche.fr/article/2014/09/17/1953584-naufrage-migrants-syrienne-dit-avoir-survecu-sauver-enfants.html

Torture en Syrie : un réfugié témoigne

Par Olivier Brégeard

Arrêté sans preuve après avoir participé à des manifestations contre Bachar el-Assad, un jeune membre de la bourgeoisie de Damas a passé plusieurs semaines dans l’enfer des geôles du régime. De passage en Alsace au terme d’une odyssée dantesque, il s’est confié à nous. Un récit déconseillé aux âmes sensibles.

 

Lire la suite….

http://www.lalsace.fr/actualite/2014/12/16/torture-en-syrie-un-refugie-temoigne

 

Photo: Mulhouse, le 4 décembre 2014 : une partie de la famille de B. résidant encore en Syrie, nous avons préservé son anonymat et gommé certains éléments de son récit qui auraient pu permettre de l’identifier. Photo  L’Alsace/

un réfugié témoigne