La présence de Revivre le samedi 10 décembre 2016, de 14h30 à 18h30 à la galerie Artistikrezo à l’occasion de l’exposition de l’artiste Christian Guémy (alias C215) sur les réfugiés.
Vous êtes cordialement invités
Artistikrezo
14, rue Alexandre Dumas
Paris 11ème. Métro : Rue des boulets
Au programme :
Des projections de documentaires et des photos;
De la poésie avec la poète et réalisatrice Hala MOHAMMED;
Lecture d’extraits d’une pièce d’Aurélie RUBY mettant en scène des réfugiés syriens.
En 2015, Revivre a financé l’envoi en Syrie d’un container de couvertures, vêtements et surtout de matériel médical. voir photos ci-dessous
Cette opération initiée par Sakher et Hassan a été efficacement relayée, notamment, par les amis médecins de Revivre. Ghazwan Adi, administrateur de Revivre, et son confrère Majid Turfa, tous deux membres de l’association Nama, ont obtenu un important don en machines à dialyse de la part de la clinique d’Aulnay-sous-Bois. Ces machines pour l’épuration, puis la réinjection du sang, destinées à un centre médical en Syrie qui prend en charge l’insuffisance rénale sont un équipement dont étaient privés les malades des régions libérées de l’emprise du régime et de celle Daech.
Un autre don a été aussi particulièrement salutaire: celui fait par la société Hartmann, un des leaders européens des produits pour les professionnels de santé et l’hygiène.
Les relais locaux de cette opération nous ont fait parvenir de nouvelles photos: elles montrent les séances de dialyse.
Revivre renouvelle ses remerciements à ces généreux donateurs. Elle rend hommage également à l’ensemble des bénévoles civils dont ceux de l’association Shafak qui agissent sur le terrain au risque de leur vie. Grâce à l’engagement et la mobilisation de toutes les personnes de bonne volonté qui ont organisé la collecte, géré la logistique puis suivi sa distribution sur le terrain, cette opération a été un succès. Deux nouveaux containers ont été envoyés en Syrie en mars puis, dernièrement, en novembre de cette année.
La Suède connaît un boom économique inattendu. Les économistes suédois n’en reviennent pas : ils ont dû revoir en urgence leurs modèles pour tenter de comprendre ce qu’il se passait avec leur pays. Imaginez : au quatrième trimestre 2015, c’est-à-dire l’hiver dernier, la Suède a connu un taux de croissance de 4,5%.
Il a fallu revoir toutes les statistiques et toutes les prévisions. Pour vous donner une petite idée : 4,5%, c’est un taux de croissance asiatique ! La France se traîne péniblement avec une progression de 1,5% du PIB, et c’est plus du double de la croissance allemande.
Il a bien fallu trouver une explication. Les économistes distingués du royaume se sont réunis en congrès, ont passé des jours entiers à trifouiller les statistiques et, enfin, après des heures de discussions et de controverses, ils sont arrivé à un consensus scandinave.
La dynamique des migrants
La raison de cette croissance aussi époustouflante que soudaine tient en un mot : les migrants. La Suède est, en proportion, le pays d’Europe qui, en 2014 et 2015, a accueilli le plus de réfugiés en Europe : 160 000 personnes pour 9,5 millions d’habitants.
Pour faire face, le gouvernement suédois a dû immédiatement dépenser des sommes très importantes, pour nourrir, loger, vêtir… bref accueillir tous ces gens.
Et puis les commerçants et les hôteliers ont adoré ces commandes d’Etat payées rubis sur l’ongle, et toute l’année en plus. Ensuite, il a fallu penser à ses choses plus pérennes : d’où des plans d’investissements sur plusieurs années : logement, écoles, routes…
Or, on le sait, quand le bâtiment va, tout va ! Et en plus ces boulots ne sont pas délocalisables. Ensuite, il y a les migrants eux-mêmes. Que fait un réfugié quand il arrive en Suède ? Il achète un sandwich – et bing de la TVA – ou une doudoune – re-bing de la TVA.
Et ensuite, que fait-il ? Il cherche du boulot : ça tombe bien, le BTP en a du boulot, grâce aux commandes d’Etat de tout à l’heure – et en plus du boulot que les Suédois n’aiment pas trop faire.
Tout à coup, les entreprises qui n’arrivaient pas à recruter parce que le travail qu’elles proposaient étaient trop dur, se mettent à tourner à plein régime. Et voilà comment la générosité suédoise est devenue en moins d’un an la recette de sa richesse.
A écouter aussi la deuxième partie de l’émission aussi (3 :56 mm) sur le lien, source:
Plus de 12 500 personnes ont péri dans les prisons syriennes en cinq années de guerre, d’après les défenseurs des droits de l’homme. MEE a recueilli les témoignages de deux survivants
STOCKHOLM – Omar al-Shogre avait 17 ans lorsqu’ils sont venus le chercher. Ce jour d’automne 2012, alors que l’on récoltait les olives et que les abricotiers du jardin familial perdaient leurs feuilles, fut son dernier moment de liberté pendant presque trois ans.
Omar allait passer le reste de son adolescence dans onze prisons syriennes au total, et subir des actes de torture d’une multitude d’agents appartenant au sinistre et perfectionné appareil de sécurité du gouvernement. « Je pourrais boire leur sang », confie Omar à Middle East Eye, à Stockholm où il réside maintenant, la voix trahissant sa soif de vengeance.
Sa famille a participé au soulèvement de 2011 contre le gouvernement de Bachar al-Assad dans la province de Tartous, sur la côte méditerranéenne syrienne. Ils faisaient partie d’une minorité sunnite au cœur du groupe alaouite dominant au gouvernement. Omar n’a pas su pourquoi il avait été arrêté. Ses interrogateurs l’ont ensuite forcé à avouer de fausses opérations de faux et usage de faux.
À Tartous, il a été torturé par électrocution – au niveau du cou, des bras, des jambes et des parties génitales. Dans d’autres circonstances, les prisonniers étaient contraints de manger du sel avant de se voir offrir un peu d’eau pour soulager leur soif. Mais leur pénis était alors ficelé, ce qui les empêchait d’uriner et leur causait d’intenses douleurs aux reins.
Omar, pris récemment en photo à Stockholm, après s’être échappé de prison (MEE)
On l’a ensuite déplacé à la section 215, connue comme la « Brigade du Raid », rue du 6-Mai à Damas, à moins de 5 kilomètres de la Grande Mosquée des Omeyyades et dans un quartier entouré de centres commerciaux et d’hôtels. Omar allait passer l’année suivante derrière ces murs.
C’est là qu’il a commencé à comprendre le sens du mot « faim » : les prisonniers n’avaient bien souvent rien à manger pendant plusieurs jours. Puis, on leur servait quelques pommes de terre et des œufs, mais souvent recouverts de sang ou de moisissures. « Tout cela a duré des mois », raconte Omar. « On avait tellement faim qu’on en pleurait. »
Il y avait toujours des tortures supplémentaires les jours de fête, lors des fêtes musulmanes de l’Aïd al-Fitr et l’Aïd al-Adha, par exemple, ou encore la fête des mères. Des « fêtes de la torture », comme les avait appelées Omar.
Le père du jeune homme a été tué lors du massacre d’al-Bayda en mai 2013, au cours duquel des centaines de sunnites ont été assassinés. Les cousins d’Omar, Bashir et Rashad, qui avaient été arrêtés avec lui, sont tous les deux morts en prison.
Mais il n’y avait pas d’énergie à perdre pour la tristesse et le deuil. Omar a plutôt choisi de se créer une famille autour de lui dans la section 215. « C’était la meilleure école », souligne-t-il.
Lorsque les amis disparaissaient tout simplement
Les prisonniers avaient des nationalités et des origines différentes. Ils partageaient leurs compétences, professions et langues. Ils apprenaient à répartir leurs toutes petites rations de nourriture avec les fils des uniformes militaires qu’ils étaient obligés de porter et à tuer les poux qui avançaient lentement sur leur corps.
Omar se souvient de deux détenus avec une tendresse toute particulière : Bara’a Manieh, de la campagne de Damas, était un meneur naturel et il était « toujours heureux ». Radwan al-Eisa, originaire de Hama, était devenu un ami très proche. Mais avec le temps, les deux ont été emmenés par des officiers. Leurs orteils ont été brûlés avec de l’acide et on leur a crevé les yeux. Personne ne les a jamais revus vivants.
La dernière prison que connu Omar fut la célèbre prison de Saidnaya, au nord de Damas. Lors de la « fête de bienvenue », comme la décrit désormais l’homme de 21 ans avec un sourire triste, il fallait mordre les composants en métal d’une cuve. « Rien que ça revenait à deux ans passés dans la section 215 », précise-t-il à MEE.
L’une de ses nombreuses « missions » était de se débarrasser des corps morts de ses codétenus. Un jour, il a vu une pièce remplie de cadavres. Aucun ne présentait les signes habituels de torture mais il y avait de larges plaies à la place de leur cœur, de leur foie et de leurs reins. Tout semblait désigner un vaste trafic d’organes.
Il était interdit de prier et de lire le Coran. Omar récitait donc ses sourates et ses versets dans sa tête. Il composait aussi des poèmes et des chansons dont il se souvient encore parfaitement même si depuis, il s’est lancé de nouveaux défis : celui d’apprendre le suédois, qu’il parle désormais couramment, et de travailler à Stockholm.
Rashad (à gauche) et Bashir, les cousins d’Omar, décédés en prison (MEE)
S’il a pu fuir en Europe, c’est uniquement parce ce que sa mère a payé un pot-de-vin de 15 000 dollars à des officiers de sécurité syriens.
Omar pesait 35 kg lorsqu’il est sorti de prison. Il est revenu maintenant à ses 53 kg. Ses poumons ont été endommagés par la tuberculose contractée dans la prison Saidnaya. Dans un sens, ce fut une bonne chose, car lorsqu’il a quitté la Syrie et la Turquie, les officiers de police, le voyant vomir du sang, partaient à toute vitesse, de peur d’être contaminés.
Omar confie qu’il se sent maintenant « très heureux », « très bien ». Mais sa mère lui manque, tout comme ses frères et ses sœurs en Turquie, et sa famille de codétenus – ceux qui sont morts et ceux qui vivent encore l’enfer de la prison.
Omar répète sans cesse : « Bienvenue en Syrie ». Et il espère que le monde comprendra ce qu’il veut dire.
« La mort est une échappatoire à la douleur »
Yehia Rashid al-Salim, de Palmyre, ressent encore la douleur des coups. Installé aujourd’hui en Grèce, en espérant se réinsérer en Europe, il vit avec les cicatrices visibles des tortures subies, qu’il a montrées à MEE. Ce qu’il n’a pas pu montrer, ce sont les sinistres souvenirs ancrés dans sa mémoire.
Yehia était détenu dans un centre de sécurité militaire où il était quasiment impossible de protester. « Personne n’osait se rebeller », a-t-il ajouté. « J’espère que les détenus de Hama réussiront à s’imposer – mais c’est impossible face aux forces de sécurité criminelles et prédatrices du régime ».
Cet ancien employé du ministère de l’Agriculture avait été arrêté à Palmyre – appelée Tadmor en arabe – alors qu’il rendait visite à son oncle le 19 octobre 2013, juste après avoir célébré l’Aïd al-Adha.
Il a été emmené à la section de la Sécurité militaire et y a été torturé pendant 22 jours. On l’accusait d’avoir rencontré l’Armée syrienne libre à Raqqa. Il clamait pourtant son innocence auprès de ses interrogateurs.
Yehia, qui a trois enfants âgés de 12, 10 et 6 ans, raconte à MEE avoir subi la méthode de torture appelée « al-Shabeh » (fantôme) : le prisonnier, mains menottées, est suspendu au plafond de sa cellule, à quinze centimètres du sol. Il est ensuite battu.
Il a ensuite été transféré à la section de Police militaire de la ville de Homs, puis à la « Section Palestine », célèbre prison à Damas où il subissait des tortures trois à quatre fois par jour.
La vie en cellule était « révoltante ». Les détenus étaient contraints de rester nus et les maladies infectieuses se propageaient rapidement. La tuberculose, les poux et la gale causaient des infections et faisaient des morts quasiment tous les jours.
« Le geôlier entrait et demandait ‘’Combien y a-t-il de morts aujourd’hui ?’’ », témoigne Yehia. « Nous mettions les corps au niveau de la porte de la cellule et ils étaient ensuite transportés dans un endroit inconnu. »
« Les plus chanceux mouraient, car la mort était un réel soulagement. Je souhaitais la mort à chaque prisonnier dès que c’était son tour. La mort était une manière d’échapper aux supplices, à la douleur, à la faim, à l’oppression, à l’humiliation, à tout ce qui se passait à l’intérieur ».
A l’hôpital de la police, les médecins ont diagnostiqué la tuberculose à Yehia. La maladie s’est avérée être son ticket de sortie – il a été libéré le 12 juin 2014, à la faveur d’une nouvelle loi prévoyant la libération des prisonniers souffrant de maladies graves.
Yehia a dépensé 75 000 livres syriennes, soit près de 3 500 dollars pour quinze jours de traitement dans un hôpital privé de Damas.
D’autres cliniques avaient refusé de le prendre au prétexte qu’il s’agissait d’un ancien prisonnier : le personnel avait peur des forces de sécurité. Lorsqu’il fut suffisamment robuste, Yehia quitta la capitale et se remit sur pied à Tadmor.
Mais à ce moment-là, l’EI avait commencé à menacer la ville, alors il décida de s’enfuir dans la province nord d’Idlib. Quelques mois plus tard, Yehia se retrouva dans le camp d’Idomeni, une ville de fortune pour quelque 10 000 réfugiés à la frontière gréco-macédonienne, fermée en mai dernier.
À son arrestation, il pesait 92 kg. Même après le temps de récupération depuis sa sortie de prison, il ne fait aujourd’hui que 67 kg. Il a mal au dos et a des problèmes nerveux aux mains et aux pieds dus aux violents coups reçus.
« Je porte encore aujourd’hui des cicatrices et des marques dans le dos. Je veux montrer les violences de ce régime criminel. Jusqu’à présent, je n’en ai pas eu l’occasion. Je veux que le monde voit ce qu’il se passe, toutes les violations du régime d’al-Assad envers les prisonniers. »
Crimes de guerre et impunité
Omar et Yehia font partie des dizaines de milliers de personnes détenues dans les prisons du gouvernement en Syrie, avant et pendant le conflit actuel qui a débuté en mars 2011.
Au cours des cinq dernières années, plus de 12 500 personnes sont mortes sous la torture dans les prisons, d’après le Réseau syrien pour les droits de l’homme.
Le gouvernement de Bachar al-Assad est responsable de 99 % de ces victimes, selon un rapport spécial publié en juin par le groupe de surveillance. D’autres civils – dont des femmes et des enfants – sont morts entre les mains du groupe EI et de Jabhat Fateh al-Sham, l’ancien Front al-Nosra.
Les preuves des actes de torture et les décès dans les prisons du gouvernement syrien sont de plus en plus nombreuses. En février, un rapport de la Commission d’enquête internationale des Nations unies, « Out of sight, out of mind (loin des yeux, loin du cœur », assimilent les actions du gouvernement à des crimes de guerre.
Les prisonniers « sont battus à mort ou décèdent à la suite de blessures graves provoquées par des actes de torture », souligne le rapport.
« Le gouvernement a commis des crimes contre l’humanité, exterminations, meurtres, viols ou autres formes de violences sexuelles, actes de torture, emprisonnements, disparitions forcées et bien d’autres actes inhumains. Basés sur la même conduite, des crimes de guerre ont également été commis. »
Le droit international des droits de l’homme prévoit que les gouvernements doivent enquêter sur les décès des prisonniers sous son contrôle, et l’État en question peut être tenu pour responsable des morts s’il ne respecte pas cette obligation.
Les crimes, les actes de torture et les exécutions sans procédure régulière sont formellement interdits par les Conventions de Genève de 1949, que la Syrie a ratifiées.
Mais selon la législation nationale, le pays accorde une large immunité à ses services de sécurité et à sa police tout comme au président. Le rapport des Nations-unies a conclu que les « décès survenus en prison sont forcément connus des cadres supérieurs militaires. »
Des certificats de décès établissant que les prisonniers ont perdu la vie à la suite de « causes naturelles » ou d’une « crise cardiaque » sont adressés aux membres des familles, qui se voient régulièrement empêchés de récupérer les corps de leurs proches. Ces corps sont souvent présumés incinérés dans des fosses communes.
Le rapport de la commission a indiqué que cela faisait partie d’une « procédure centralisée et systémique » qui « cache efficacement les abus du système à l’encontre des détenus et les preuves des crimes perpétrés par les agents de l’État. »
Les conclusions du Réseau syrien des droits de l’homme concordent aussi avec ceux de la Commission des Nations-unies, qui a interviewé 621 personnes et recueilli les témoignages d’Omar et de Yehia. Le groupe accuse le gouvernement syrien de nier les actes de torture et d’accuser Al-Qaïda et d’autres groupes armés.
Le président du groupe, Fadel Abdul Ghani, a précisé : « Nous attendons toujours que le monde libre aille plus loin pour protéger l’humanité en Syrie, maintenant que ce mécanisme est démasqué. »
Mohammed Hassan al-Homsy a participé à ce reportage.
Le 21 août 2015 notre ami Wladimir Glasman disparaissait. Il était un ami fidèle de Revivre et un fervent défenseur de la cause du peuple syrien et de sa révolution.
Il a accompagné notre association dès sa naissance il y a 12 ans, avec fidélité et dévouement pour la cause humaine. La Syrie était pour lui une passion.
C’était un esprit vif, un cœur tendre, une mine de connaissances et d’une ténacité exemplaire dans ses recherches.
Toute l’équipe de Revivre qui a été tant affectée par sa disparition, lui rend aujourd’hui hommage et garde pour toujours, avec affection, ses empreintes impérissables
Émission « Du Grain à moudre d’été » France Culture – 4 août 2016 (44 min)
Avec
Virginie Guiraudon, Directrice de recherche au CNRS
Sabreen Al Rassace, Responsable de la Permanence de l’Association Revivre
François Pupponi, Maire de Sarcelles
Et Hans Stark (interview pré-enregistrée), Secrétaire général du (Cerfa) de l’Ifri
Il aura fallu 6 ans depuis le début de la crise migratoire en Europe, pour que le gouvernement français commence à réformer sa politique. Ce n’est en effet qu’au début de cette semaine que les ministres de l’intérieur et du logement ont rendu publique la présentation d’une charte pour améliorer la prise en charge des migrants. Une charte qui concerne notamment leur hébergement dans « Des conditions dignes et adaptées à leurs situations et leur parcours », selon les mots de la charte.
Il y a un an déjà la loi relative à la réforme du droit d’asile prévoyait des délais plus courts quant à l’enregistrement des demandes d’asile auprès de l’office concerné.
Signe d’une volonté politique à faire face à l’afflux migratoire qui arrive en France. Signe tardif, signe fragilisé aussi par le contexte politique et sociale et sécuritaire en France. Où l’amalgame migrant=terroriste se fait entendre ces derniers temps dans une certaine parole politique et médiatique.
Dans ce même contexte, l’Allemagne dit vouloir maintenir le cap de sa politique migratoire. Ce pays qui prévoir d’accueillir 800 000 demandeurs d’asile cette année, quand la France mise sur 30 000.
Et pourtant la volonté politique, en matière d’accueil n’est pas la même partout en France. Certaines communes tentent de s’organiser, mais disent compter surtout sur la solidarité locale. Le symbole de la paralysie politique en matière de gestion des migrants c’est bien sûr Calais, mais certains élus et certaines associations s’accordent pour remettre en cause une politique migratoire, aux ambitions timides et dont les outils n’évoluent pas aussi vite que la situation, ni aussi vite que les annonces.
Alors en matière d’accueil des migrants, et des demandeurs d’asile, pourquoi la France n’y arrive-t-elle pas?
Avec le Général Trinquand, consultant, ancien chef de mission militaire auprès de l’ONU, Ziad Majed, politologue, spécialiste de la Syrie, professeur des études orientales à l’Université américaine de Paris et Raphaël Pitti (en duplex de Metz), professeur de médecine d’urgence, chargé de mission de formations à la médecine de guerre auprès de l’Union des Organisations de Secours et de Soins Médicaux France en Syrie.
Lui a fui le régime d’el-Assad… père, en 1986. Une date cruelle mais aussi le début d’une renaissance. Ce que ce paisible commerçant militant voudrait également offrir à ses (ex) compatriotes en détresse aujourd’hui.
18/07/2016
« Aujourd’hui je me sens d’abord Français parce que la France m’a respecté. » Photo ER
J’ai toujours considéré comme mon vrai pays celui qui a su me respecter. Et ce n’est vraiment pas le cas de la Syrie. » Aussi Nadim Chaghouri se considère-t-il d’abord comme Français. Il en a d’ailleurs la nationalité depuis 1988. Deux ans plus tôt, il mettait pour la première fois les pieds en France. « C’était le 4 janvier 1986. Je m’en souviens comme si c’était hier. Aussi longtemps qu’on n’avait pas décollé de Damas, j’avais la peur au ventre. »
À trois reprises, le jeune Nadim avait déjà été convoqué par les services secrets du régime. Par trois fois, il en avait réchappé. « J’avais été dénoncé », raconte cet homme de 57 ans au sourire doux et au verbe posé précautionneusement. « Ironie du sort, ça ne concernait pas les faits que j’avais effectivement commis. » Car le régime d’Hafez el-Assad (père de l’actuel président) aurait effectivement eu tout lieu de le clouer dans ses geôles. Inscrit à la faculté de Damas, cet étudiant en sciences, originaire de Homs, militait clandestinement contre cette dictature, extrêmement répressive comme son propre cousin en avait fait la tragique expérience. « Il a osé se plaindre de la cherté de la vie devant un collègue. Une heure et demie après, il était arrêté. On ne l’a plus jamais revu. » C’était en 1979.
L’accusation était grosse
Nadim, lui, est sorti libre de ses convocations successives grâce à l’entregent d’un ami général. Surtout, les accusations portées à son encontre avaient un peu forcé le trait. « Mon délateur m’aurait notamment entendu insulter le président. En apprenant ça, j’ai souri. Vous imaginez, ai-je dit au colonel qui m’interrogeait, que quiconque dans ce pays ose insulter le président en public ? »
Effectivement, ça aurait été suicidaire. L’accusation était « trop grosse » et c’est ce qui a contribué à le sauver. Mais le jeune homme avait senti le vent du boulet. C’était décidé, il partait pour la France, en intimant à sa famille de ne surtout pas hésiter à le renier. Elle l’a fait. C’était une question de vie ou de mort.
Ainsi Nadim n’a-t-il plus jamais revu ni ses parents, ni aucun de ses quatre frères. « Et ça, c’est l’un de mes rares regrets : d’avoir ainsi été coupé de ma famille. »
Soif d’intégration
En France, Nadim a posé ses valises à Nancy où ses contacts lui promettaient une intégration pas trop difficile. Et de fait, il a mené son petit bonhomme de chemin. Il s’est empressé d’apprendre le français, sa demande d’asile lui a été accordée rapidement. Devenu papa, il a dû toutefois interrompre ses études (« ça, c’est mon autre regret »), mais après avoir occupé divers emplois, il a fini par ouvrir un commerce de photocopie-reprographie dans le quartier Saint-Nicolas. « Et j’ai fait ma vie », résume ce père de trois filles. « Pour être tout à fait honnête, je considère que ça s’est fait sans problème. »
Et c’est parce que ses (ex ?) compatriotes arrivant aujourd’hui ne peuvent pas en dire autant que le discret commerçant vient de créer l’association France-Syrie Entraide (lire ci-dessous). Sans doute aussi parce qu’il retrouve chez eux la même soif d’intégration, et la même urgence de vivre en paix qui l’accompagnaient, lui, le jeune Nadim Chaghouri, il y a exactement… 30 ans.
Du 21 au 23 Juillet 2016, l’Association de Soutien aux Médias Libres (ASML) invite la Caravane Culturelle Syrienne et les associations syriennes de Paris membres du collectifs CODSSY, à se réunir autour d’artistes, chercheurs et militants de la société civile syrienne qui se mobiliseront pour faire découvrir au public parisien une autre facette de la Syrie : celle de la plume et du pinceau.
Pour cette première édition, ASML a choisi le site des « Grands Voisins », un projet alternatif d’occupation solidaire de l’hôpital Saint Vincent de Paul dans le 14ème arrondissement de Paris: 82 avenue Denfert Rochereau.
« Syrien n’est fait… » invite le public parisien à appréhender la richesse et la diversité de la production culturelle contemporaine syrienne à travers un large spectre d’activités : concerts, expositions, conférence, rencontre avec auteurs, projection de films, danse, stand d’artisanat.
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Jeudi 21 Juillet
19h00– Magasin – Conférence grand public – Guerre en Syrie : dynamiques et idées reçues avec
20h-Extérieur/Lingerie
Vernissage expo et pot de l’amitié avec les intervenants et artistes de la Caravane Culturelle
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Vendredi 22 Juillet
Ouverture de l’exposition Pergola
1001 Cartes est une exposition de dessins d’enfants, de leurs peintures murales collectives, marionnettes en tissu, masques, objets recyclés, etc.
Au-delà du simple témoignage sur leurs souffrances ou leurs aspirations, leurs créations rendent hommage au travail sur le terrain de personnes engagées dans transmission des valeurs d’entraide.
13h00 – 17h30 Discothèque
Projection de documentaire et film artistiques sélectionnés par la Caravane Culturelle, ASML et le Syrian Mobile Film Festival
16h00 – 18h00– Grand Salon – Stand VR- ASML
ASML présentera, durant les 3 jours du festival, deux documentaires tournés en Syrie à 360°. Grâce aux casques de réalité virtuelle, le spectateur sera en immersion totale. Le public pourra plonger aux cœurs de la Syrie, aux côtés des équipes de secours des Casques Blancs dans le film « Le cauchemar de Nobel », et se mettre dans la peau d’un reporter de guerre syrien, en pleine activité sur le terrain, en visionnant « In their Press Vests », film co-produit avec l’UNESCO.
18h00 – Grand Salon – Rencontre avec auteurs
19h30 – Extérieur/Lingerie
Soirée danse traditionnelle syrienne – Dabké organisé par le Groupe 2 de l’association Revivre
21h30– Extérieur/Lingerie
Concert de rap syrien avec Osloob
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Samedi 23 Juillet
13h00 à 15h00 – Atelier
Stand VR – ASML
15h-17h00 – Discothèque
Projection de documentaire et film artistiques sélectionnés par la Caravane Culturelle, ASML et le Syrian Mobile Film Festival
17h00 – Théâtre Verdure
Lecture poésie, Khouloud Al Zghayar, artiste membre de la Caravane Culturelle
A partir de 17h00 – Atelier
Rencontre avec auteurs du Conflit Syrien pour les Nuls, organisée par l’association Souria Houria
20h00 : Repas syrien préparé par la Caravane Culturelle
21h30 – Concert – Groupe syrien BAB ASSALEM
Bab Assalam «la porte de la paix» est la rencontre de deux musiciens syriens, Khaled Aljaramani (Oûd et chant) et de son frère Mohanad Aljaramani (percussions et chant) avec un clarinettiste français, Raphaël Vuillard.
Après sa fermeture en 2012, l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris a confié l’ensemble du site à l’association Aurore, spécialisée dans l’hébergement d’urgence et l’accueil de personnes vulnérables. En attendant que la Mairie de Paris n’y développer un nouveau quartier de ville en 2017, l’enjeu est d’utiliser le temps de vacance de ce site extraordinaire en proposant ou suscitant des usages audacieux et généreux et solidaires.
Caravane Culturelle Syrienne
Découvrir les œuvres d’artistes syriens contemporains transportés par la Caravane Culturelle Syrienne!
La Caravane culturelle syrienne, est née en 2014 de l’initiative d’intellectuels, appuyée par des associations syro-européens, dans le but de faire découvrir la société civile syrienne et de promouvoir l’art et la culture contemporains de ce pays.
Dans le cadre du festival » Syrien n’est fait… » les artistes de la Caravane exposeront leurs œuvres et installations.
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Venez à la rencontre des associations membres du collectif CODSSY, présents durant les 3 jours du festival
Ai Weiwei décore les jardins du Belvédère, à Vienne, avec des gilets de sauvetage
13 juillet 2016
L’installation « F Lotus » d’Ai Weiwei aux jardins du Belvédère à Vienne, en Autriche PHOTO : AP PHOTO/RONALD ZAK
Après avoir enveloppé de gilets de sauvetage lessix colonnes de la salle de concert Konzerthaus, à Berlin, en février dernier, l’artiste chinois Ai Weiwei utilise une fois de plus des vestes, cette fois aux jardins du Belvédère, à Vienne, en Autriche.
L’installation « F Lotus » d’Ai Weiwei aux jardins du Belvédère, à Vienne, en Autriche PHOTO : HANS KLAUS TECHT/AFP/GETTY IMAGES
[ C’est peut-être la dernière chose qu’on agrippe avant de mourir.]
Ai Weiwei
En 2015, 1,25 million de réfugiés ont demandé l’asile à l’Union européenne. Plus de 3500 d’entre eux ont péri pendant leur exil, la plupart noyés lors de la dangereuse traversée de la mer Méditerranée.
L’artiste Ai Weiwei pose devant ses installations « F Lotus » et « Circle of Animals/Zodiac Heads », à Vienne / PHOTO : HANS KLAUS TECHT/AFP/GETTY IMAGES
Depuis la crise des réfugiés en Europe, Ai Weiwei a intensifié les coups d’éclat pour attirer l’attention du public sur le sort de ces gens. Il s’est d’ailleurs déplacé de nombreuses fois en Grèce et à Lesbos afin de s’exprimer sur le sujet et de créer diverses installations artistiques choc.
Les visiteurs peuvent voir l’installation depuis mercredi dans les jardins du Belvédère, à Vienne, l’un des plus célèbres palais de la capitale autrichienne.