La détention, l’instrumentalisation et la torture des enfants, pratiques courantes dans la Syrie du « docteur » Bachar al-Assad (1/2)

Par : Ignace Leverrier (11 Octobre 2013)

Quelques jours après avoir fait de la jeune Rawan Qaddah (16 ans) la vedette involontaire d’une scabreuse affaire, le régime syrien a récidivé en présentant sur les écrans de la chaîne de télévision officielle, le 5 octobre, les aveux d’un redoutable franc-tireur de 13 ans, membre d’un groupe terroriste, qui revendiquait l’assassinat de 32 personnes ! Or, de toute évidence, le physique et la personnalité de ce serial killer ne lui auraient jamais permis de réaliser un tel exploit.

Selon son récit, très tôt orphelin de mère et élevé par un père âgé en compagnie de deux autres enfants issus d’un second lit, le jeune Chaaban Abdallah Hamida occupait un modeste emploi à Alep, sa ville natale, lorsque son oncle maternel lui avait offert un petit pistolet, « de calibre 5,5 » précise-t-il. Il s’était entraîné au tir et y avait manifesté une certaine adresse. Trois mois plus tard, ce même oncle lui avait proposé de travailler comme franc-tireur et l’avait incité à rejoindre un groupe deSâmeh-nî yâ bâbâ du Liwa Ahfad al-Rasoul. Les Sâmeh-nî yâ Bâbâ sont des jeunes gens adeptes d’une nouvelle mode, en vogue mais aussi très critiquée dans certains pays arabes, qui consiste à revêtir un pantalon dont la fermeture éclair est non plus devant mais derrière…

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http://syrie.blog.lemonde.fr/2013/10/11/la-detention-linstrumentalisation-et-la-torture-des-enfants-pratiques-courantes-dans-la-syrie-du-docteur-bachar-al-assad-12/

Syrie : Des prisonniers politiques torturés et assassinés

Les tribunaux militaires et antiterroristes sont utilisés pour punir des dissidents pacifiques

 (New York, le 3 octobre 2013) – Le gouvernement syrien détient illégalement des dizaines de milliers de prisonniers politiques, au seul motif de leur activité pacifique, a déclaré aujourd’hui Human Rights Watch lors du lancement d’une campagne destinée à mettre leur sort en lumière. Beaucoup d’entre eux ont été emprisonnés pendant de longues périodes, et ont subi des actes de torture.
http://www.hrw.org/fr/news/2013/10/03/syrie-des-prisonniers-politiques-tortures-et-assassines

« Plutôt rentrer en Syrie que demander l’asile à la France »

Le préfet du Pas-de-Calais a proposé aux migrants syriens, en grève de la faim à Calais depuis mercredi, de demander asile en France. Ces derniers ont refusé. Une délégation de policiers britanniques s’est rendue sur place.

Les Syriens en grève de la faim à Calais seront-ils entendus ? Une délégation de la police aux frontières britanniques est arrivée sur les lieux vendredi 4 octobre en début d’après-midi et a entamé avec les migrants des négociations dont l’issue a douché leurs espoirs.
Témoignage : « Pour nous c’est mourir ici à Calais ou bien aller en Angleterre »

La délégation britannique a en effet proposé d' »examiner au cas par cas » la situation de ces Syriens, mais uniquement pour ceux qui auraient de la famille sur le territoire britannique, a annoncé le préfet du Pas-de-Calais, Denis Robin, qui a participé aux discussions.

Une décision mal accueillie par les quelque 60 Syriens qui occupent depuis mercredi une passerelle piétons du terminal du ferry à Calais et dont 20 sont toujours en grève de la faim. Les migrants réclament le droit de se rendre en Angleterre, où tous ont de la famille, pour pouvoir y demander l’asile.

« Depuis le départ des policiers anglais c’est le statu quo : les migrants syriens sont toujours assis sur la passerelle, les CRS sont là aussi et toutes les négociations sont interrompues », rapporte à FRANCE 24 Mohamed Ouahab, médiateur de Médecins du Monde, présent sur place depuis mercredi.

« Les Syriens présents ici se sont mis dans une impasse »

Dès 7h30 vendredi, des CRS ont tenté de les déloger, mais ont dû reculer, lorsque deux des migrants, juchés sur le toit d’un bâtiment, ont menacé de sauter dans le vide.
« Demander l’asile en France pourrait bien rendre leur situation plus compliquée »

Le préfet du Pas-de-Calais a proposé aux migrants syriens de régulariser leur situation en déposant une demande d’asile en France. Or, cela pourrait bien les éloigner de leur but qui est de gagner l’Angleterre pour y faire une demande d’asile.

Interrogé par FRANCE 24, Sylvain Saligari, avocat spécialisé dans le droits des étrangers explique en effet que « les demandes d’asile sont centralisées au niveau européen ». En effet, un mécanisme est prévu, la Convention de Dublin, pour régir le cas des demandeurs d’asile en Europe et dont l’un des buts est précisément d’éviter qu’un demandeur puisse requérir l’asile dans plusieurs pays européens. Ce texte prévoit que si un exilé dépose une demande d’asile dans un pays alors qu’il a déjà fait une demande ailleurs, le second pays est tenu de le renvoyer vers le pays où sa première demande a été faite et où elle doit être instruite.

« Faire une demande d’asile en France permettra à ces migrants syriens d’avoir des papiers ici, mais pourrait risquer de leur compliquer la tâche si leur but est de demander l’asile en Angleterre », explique Me Saligari, qui précise « ce n’est pas impossible, mais cela prendra du coup beaucoup plus de temps ».

De son côté, le préfet du Pas-de-Calais, qui s’est ensuite rapidement rendu sur place pour parler aux migrants, leur a proposé de régulariser leur situation en France pour sortir de l' »impasse ». Il a souligné qu’il ne revenait pas à la France, « de décider de leur accès en Grande-Bretagne ».

« Aujourd’hui, les Syriens présents ici se sont mis dans une impasse qui ne fera pas évoluer leur situation. Ce que nous pouvons faire, c’est leur donner un statut sur le territoire français, de sorte qu’ils n’aient plus de problème » dans l’immédiat en France, a déclaré à la presse le préfet Denis Robin, après plusieurs heures de négociations avec les migrants syriens. « Autrement dit », a-t-il expliqué, « de faire une demande d’asile à l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides, ndlr), prêt à traiter leurs dossiers en urgence ».

« Sachant qu’il y a 95 % de réussite pour avoir le statut dans leur situation de Syrien », venant d’un pays, où sévit une guerre civile, a poursuivi le préfet, « il faut donc les convaincre d’avoir une logique de dialogue pour obtenir un hébergement de par ce statut, le temps de trouver une solution avec la Grande-Bretagne ». Interrogé début septembre par FRANCE 24, le directeur de l’OFPRA, Pascal Brice, avait déjà rapporté que le taux d’acceptation pour les demandeurs syriens était de 95 %, « un chiffre très élevé quand on sait que celui pour les demandeurs d’asile toutes origines confondues est de 25 % », avait-il ajouté.

« La police française n’a pas arrêté de nous traquer »

Mais la proposition du préfet est loin de rencontrer l’approbation des Syriens. « Vous n’imaginez pas par quoi nous sommes passés ici à Calais », confie à FRANCE 24, Abdelkader. Âgé de 24 ans, il vient de Deraa. Quand il a quitté la Syrie il y a déjà plusieurs mois, il était étudiant en mathématiques à la faculté de Damas. « On a fui pour sauver notre vie et notre avenir », explique-t-il.

« Ici la police française n’a pas arrêté de nous traquer », raconte-t-il. « Dès qu’on trouvait un abri pour dormir, un vieux bâtiment délabré, elle venait nous en chasser. Même quand on dormait dans la rue à même le sol, les policiers nous ont tabassés pour qu’on s’en aille », raconte-t-il, une vive émotion dans la voix. « On a même été en garde à vue, et expulsé du territoire ! Alors comment le préfet peut-il supposer qu’on va demander l’asile à la France, qui nous a traités de façon aussi inhumaine ? », s’interroge Abdelkader. « Nous tous, nous préférons rentrer en Syrie plutôt que de demander asile à la France », affirme-t-il catégorique.

Amara MAKHOUL-YATIM

« Plutôt rentrer en Syrie que demander l’asile à la France »

Viols collectifs, rat dans le vagin : en Syrie, le viol est une arme

« Il a inséré un rat dans son vagin. Elle hurlait. Ensuite on a vu du sang sur le sol. Il lui a dit : “C’est assez pour toi ?” Ils se moquaient d’elle. C’était évident qu’elle agonisait. Nous pouvions la voir. Après cela, elle n’a plus bougé. »Les témoignages de prisonniers syriens recueillis par le journaliste de la BBC Fergal Keane font froid dans le dos. Ils mettent en évidence que, comme dans bien d’autres conflits, le viol est une arme de guerre en Syrie. Les femmes, mais aussi les hommes, subissent ces sévices perpétrés par les forces de l’ordre syriennes, comme cette autre victime rencontrée par Keane.

Le jeune homme, volontaire dans une association de défense des droits de l’homme basée dans une église, explique avoir été violé par trois officiers après son arrestation en novembre :

« Les trois hommes, ils étaient comme des animaux. J’ai essayé de me protéger, mais je suis juste un homme petit. Lorsqu’ils étaient en train de me violer, j’ai commencé à dire : “S’il vous plaît, ne faites pas ça… s’il vous plaît, ne faites pas ça.” »

« Tu as dit que tu n’aimes pas Assad »

La victime ajoute que tout en le violant, ses bourreaux se moquaient de lui :

« Tu veux qu’Assad parte ? Ça c’est pour avoir dit que tu n’aimes pas Bachar el-Assad. »

Citant le rapport que Human Rights Watch a consacré à ce sujet, la BBC précise que les victimes ont souvent du mal à parler de leur agression, perpétrée justement dans le but de les humilier :

« Dans beaucoup de cas, les victimes ne veulent pas que leurs familles ou les autres membres de leur communauté sachent qu’elles ont été violées, à cause de la peur et de la honte. »

Le dernier rapport des Nations unies concernant la Syrie a lui décrit le viol comme l’un des crimes contre l’humanité infligé à la population civile. Le régime syrien a qualifié ce document de « ni juste, ni objectif ».

Les poursuites encore hypothétiques

Ni Human Rights Watch, ni les Etats-Unis n’ont jusqu’à présent rapporté l’utilisation des violences sexuelles par le camp des rebelles, ajoute la BBC.

Navi Pillay, haut commissaire des Nations unies pour les droits de l’homme, a insisté pour que ces allégations contre le régime syrien soient portées devant la Cour pénale internationale.

« Les décisions importantes prises à ce sujet dans les tribunaux pour l’ex-Yougoslavie et le Rwanda ont signifié la fin de la culture de l’impunité », écrit Fergal Kean.

La tâche s’annonce cependant ardue pour l’ONU, où les divisions entre pro et anti régime syrien rendent encore hypothétique l’aboutissement d’une telle démarche.

Marie Kostrz | Journaliste Rue89

Crimes contre l’humanité