Newsletter 26

La nouvelle Syrie marche sur des œufs, … mais elle marche

Depuis 5 mois, les Syrien-ne-s vivent dans un entre-deux, sortant d’un passé épouvantable et étouffant, et avançant lentement à la fois hébété et dans une joie indicible, vers un avenir incertain qui peut basculer, d’un coup ou lentement, vers le meilleur ou vers le pire.

Les massacres du début mars 2025, déclenchés par une tentative d’insurrection des fidèles de l’ancien régime de Bachar Al-Assad auxquels des milices islamistes ont répondu par une vengeance aveugle inhumaine, sont un avertissement : ce qui était probable, est malheureusement advenu. Plus récemment, les attaques contre des druzes à partir de la propagation d’un message blasphématoire faussement attribué, a dégénéré en combats entre des factions armées diversement affiliées… Il ne suffit que d’une rumeur ou d’un conflit très localisé pour que la situation s’emballe aussitôt et dégénère. La preuve est ici faite que la nouvelle Syrie marche sur des œufs, … mais elle marche… certes avec difficulté.

Les nouvelles autorités – en sous-effectif de personnel compétent – reconstruisent un tissu de relations pour refaire Nation, et pactise avec tous les pays voisins pour attirer les partenariats et obtenir la levée des sanctions internationales. En imposant des conditions préalables disproportionnées qui vont différer durablement la levée des sanctions, les Syriens progressivement aigris ne risquent-ils pas d’être poussés dans les bras de tous ces groupes sectaires ou extrémistes plus ou moins en veilleuse. Malgré les nombreux signes d’ouverture posés par le nouveau régime en quelques mois (certes tout n’est pas parfait), il n’y en a pas encore assez pour plaire à la plupart des chancelleries. A partir de quand la France ouvrira-t-elle son ambassade pour manifester son appui aux forces de la liberté et de la démocratie, que portent des réfugiés syrien-ne-s sous protection internationale de la France ?

Les amis de l’ancien régime de Bachar – y compris en France où ils sont nombreux – ne manquent pas de taper sur les nouvelles autorités à la moindre occasion, de demander à El-Charaa un certificat de déradicalisation, de grossir le moindre évènement qui alimente leurs thèses, de diffuser de fausses informations, de semer la peur, etc. On n’en demandait pas autant quand ces nombreuses délégations politiques négociaient la normalisation des relations avec Bachar Al-Assad.

Pendant que les nouvelles autorités engagent des concertations et des accords avec un grand nombre d’institutions, la société civile syrienne fourmille d’une grande quantité d’initiatives, de toute nature, le plus souvent en étroite relation avec sa vaste diaspora de réfugié-e-s.

N’est-ce pas cette société civile qui a facilité la prise de pouvoir par la modeste troupe armée de HTC en décembre 2024 (certes bien coordonnée) ? N’est-ce pas elle qui périodiquement parvient à bloquer certaines décisions radicales de HTC ? N’est-ce pas elle qui s’est aussitôt préoccupée du sort des détenu-e-s et des disparu-e-s ? N’est-ce pas elle qui s’auto-organise dans les hôpitaux, les écoles, dans la vie de quartier, etc. pour compenser l’absence d’Etat ? N’est-ce pas l’image de sa vivacité qui devrait retenir l’attention des chancelleries ?

La chance de la nouvelle Syrie – dans cet entre-deux très incertain – est sa société civile associée à son énorme diaspora qui s’est formée dans les pays de refuge. C’est sa force ; c’est peut-être son ultime assurance-vie face aux erreurs du nouveau régime, aux lourdeurs des institutions internationales, aux agressions sporadiques des anciens amis de Bachar, aux pays voisins semeurs de chaos et aux reliquats de milices islamistes.

Que l’on arrête de souffler sur les braises encore chaudes de 54 ans de dictature et de divisions ! 

Aidons cette société civile à traverser cet entre-deux vers une Syrie Libre et Démocratique. 

Frédéric Anquetil

Secrétaire Général de Revivre

Israël doit cesser d’atteindre à la souveraineté de la Syrie

Communiqué : Paris le 16 avril 2025

Au mépris des règles du droit international, dès le 8 décembre 2024, date de la chute et la fuite de Bachar Al-Assad, Israël a envoyé des troupes pour s’emparer d’une zone tampon démilitarisée du Golan (où patrouille l’ONU dans le sud-ouest de la Syrie) et bombarde de nombreuses zones du territoire, sans ménagement pour les populations civiles.

Depuis cette date, selon le décompte de Charles Lister, spécialiste de la Syrie, l’aviation israélienne a mené plus de 730 frappes ! Plus récemment, le mercredi 2 avril, des frappes israéliennes ont détruit l’aéroport militaire de Hama, faisant plusieurs victimes dont quatre militaires et 12 blessés. L‘aéroport militaire T4, dans la province de Homs a également été détruit. Ce même jour, une frappe aérienne a visé les abords du bâtiment de recherche scientifique, déjà bombardé par le passé, dans le quartier de Barzeh à Damas.

 Le jeudi 3 avril, l’armée israélienne a mené une opération dans le sud de la Syrie, déclarant avoir répondu à des tirs d’hommes armés, ajoutant avoir tiré sur plusieurs combattants qui ont été éliminés. Selon les autorités de la province de Deraa, plusieurs civils ont été tués et d’autres blessés, à la suite d’un bombardement israélien près de la ville de Nawa. Ces bombardements sont intervenus après une incursion en profondeur des forces israéliennes, provoquant une réaction des civils de la région qui ont pris les armes pour s’opposer à l’avancée des troupes israéliennes.

Les propos du ministre israélien de la Défense, Israël Katz, menaçant les nouvelles autorités syriennes de payer un « lourd tribut » si la sécurité d’Israël était menacée doivent nous interroger sur la stratégie du gouvernement israélien vis à vis d’un peuple, libéré de 55 années de dictature, qui aspire à reconstruire son pays dans la paix, et qui n’a strictement aucunement les moyens militaires de menacer Israël, d’une quelconque façon.

L’effondrement du Hezbollah en Syrie illégitime toute action d’Israël ; quant à la Turquie membre de l’OTAN, elle n’a ce jour, émis la moindre perspective d’y installer des bases militaires.

Nous interpellons les chancelleries occidentales, et tout particulièrement la France, pour faciliter  des négociations entre la Syrie et Israël afin de faire respecter :

La résolution 242 du Conseil de sécurité après la guerre de Six-Jours en juin 1967, demandant à Israël de se retirer du Golan syrien.

– La résolution 497 du Conseil de sécurité des Nations unies, adoptée à l’unanimité le 17 décembre 1981 déclare que la loi israélienne qui annexe le Golan syrien est « nulle et non avenue et sans effet juridique international ». 

Revivre condamne les actions israéliennes de déstabilisation qui sont une violation flagrante du droit international et de la souveraineté syrienne entravant les Syriens dans leur destinée pour une Syrie Libre et Démocratique

Les vautours rodent au-dessus du peuple syrien

Communiqué : Paris le 10 mars 2025

Les violences ont été déclenchées jeudi 6 mars par une attaque de partisans du président déchu Bachar el-Assad contre des forces de sécurité à Jablé, au sud de Lattaquié contre un grand nombre de positions et points de contrôle des forces gouvernementales syriennes. Une patrouille de la sécurité était tombée dans une embuscade tendue par des hommes armés, faisant treize morts et plusieurs blessés parmi les forces du nouveau régime.

Tout indique que les attaques ont été préméditées, bien coordonnées et planifiées. Les assauts d’hommes lourdement armés et disposant notamment de systèmes de communication ont été simultanés.

En réponse, le déploiement de renforts des forces gouvernementales syriennes, arrivés le vendredi, a donné lieu à d’intenses combats qui se sont poursuivis toute la journée dans une atmosphère chaotique. Des tueries de masse ont été perpétrées par des milices hors de contrôle. Alors que les hostilités ont depuis samedi pris fin, le bilan à ce jour est incertain ; les combats auraient fait plus de 1300 morts dont au moins 800 victimes civiles.

Le Ministère de l’Intérieur a annoncé enquêter sur ces violences, assurant que les auteurs seront poursuivis ; de son coté, le président syrien Ahmad al-Chareh, a adopté un décret instituant une commission « indépendante » chargée d’enquêter. Il importe que la Commission des droits de l’homme de l’ONU soit partie prenante de cette enquête.

Cet épisode tragique est prétexte à des manipulations sur les réseaux sociaux par toutes les forces intérieures et étrangères, y compris en France, nostalgiques du régime de Bachar El Assad, hostiles au changement en Syrie et aux espoirs de liberté de la population syrienne qui fait face à d’énormes difficultés.

Les appels « sauvez nous de ce régime cruel » bien reçus par Israël (et la Russie) de certains dirigeants alaouites et druzes, l’empressement de l’Iran à condamner le nouveau régime servent d’autres intérêts que ceux d’une nouvelle Syrie libre et démocratique, ils n’auront pour effet que d’alimenter les divisions qui entraînent vers la spirale de la violence.

Si les chancelleries occidentales ont condamné, à juste titre, les massacres contre les civils, il importe aujourd’hui de ne pas rajouter du chaos au chaos en repoussant l’aide humanitaire promise et surtout la levée des sanctions financières et commerciales.

Aujourd’hui plus que jamais nous avons un devoir de solidarité et de vigilance pour aider les Syriens à prendre en main leur destinée pour une Syrie Libre et Démocratique.

Newsletter 25

Syrie, une nouvelle ère

Depuis la chute et la fuite du clan Assad, le 08 décembre 2024, la Syrie est entrée dans une nouvelle ère. Les nouveaux maîtres de Damas ont hérité d’un pays exsangue, détruit, appauvri et divisé.

Les défis sont donc énormes et les moyens manquent.

En Syrie, la population respire, l’état de liesse et de célébration est palpable, mais cela ne peut durer éternellement. Il faut assurer les besoins primaires, eau, électricité, carburant et payer les salaires.

Il faut assurer la sécurité au quotidien, mise à mal avec l’effondrement des services de police et de justice.

Il faut réunifier le pays, retirer les armes des différents groupes pour qu’elles deviennent le monopole d’une armée unique, installer un système de justice transitionnelle, indispensable pour commencer une réconciliation dans une société fracturée, remettre l’économie en marche et lutter contre la pauvreté et contre le chômage, reconstruire les infrastructures et les habitations.

Il faut créer un nouveau régime politique qui répondrait aux aspirations des Syriens et récompenserait leurs longues années de lutte et de sacrifices et qui doit être en écho avec les slogans de leur révolution : liberté et dignité.

Des enjeux énormes qui ne peuvent être réussis sans le concours de tous, sans la levée des sanctions économiques qui frappent toujours la Syrie et sans l’engagement et la bonne volonté, à prouver, du nouveau pouvoir.

Le passé djihadiste du pouvoir actuel alimente un certain pessimisme, ainsi que des incidents parfois graves, vrais ou exagérés par les médias.

Cependant, il faut prendre en compte les déclarations prometteuses et l’évolution en direct du discours « officiel », les promesses de surprises agréables à l’annonce du nouveau gouvernement de transition début mars, l’état d’esprit du pays et du peuple qui n’acceptera jamais d’être de nouveau soumis au despotisme, peu importe son identité idéologique, la pression régionale et internationale…

En prenant en compte tous ces éléments, en plus de l’engagement des forces vives du pays dans l’action publique, revendicative et constructive, comblant le vide laissé par l’effondrement du régime criminel d’Assad, on peut se permettre de dire aujourd’hui qu’en Syrie :

L’optimisme est permis, mais la vigilance s’impose !

Alaa Abdelwahab

de retour d’un voyage en Syrie début février 2025 (Alep, Homs, Damas)

 Co-président de Revivre

Newsletter 24

Une joie immense… bientôt contrariée par l’inertie occidentale ?

Dans les semaines qui ont suivi la chute de Bachar el-Assad, une JOIE IMMENSE – mêlée de pleurs intarissables – a été ressentie par la population. Et encore aujourd’hui ! Des milliers de familles sont descendus dans les rues le vendredi 13 décembre pour célébrer leur liberté, toute nouvelle, sans y être contraints d’aucune manière. Aucune restriction de circulation, aucune habilitation pour les journalistes (jusqu’alors), les Syrien-nes leur demandent de les filmer à visage découvert, y compris avec des membres armés de HTC,… ce qui était totalement impensable depuis des dizaines d’années.

Ce qui est malheureusement incroyable, aussi, c’est que presque TOUTES les familles syriennes ont des histoires d’emprisonnement, de torture, de bombardement, de gazage du régime des Bachars.  Pendant 54 ans, les Syrien-nes n’ont pas eu le droit de parler librement. D’ailleurs, les anciens prisonniers n’osent pas encore parler de tout, devant n’importe qui, ils ont encore peur… Prudemment, les discussions s’engagent, en évitant les mots utilisés auparavant par les pro-Bachar tel que « défense des minorités », « état laïc », « différentes communautés religieuses », etc, pour ne pas apparaître comme des opposants à HTC. Ces mêmes mots ont tant été utilisés pour monter les Syriens les uns contre les autres. 

Plus que jamais, la justice transitionnelle est nécessaire afin de responsabiliser les criminels de l’ancien régime, de permettre aux familles des disparus de connaître leur sort et de faire leur deuil. 

Quelques groupes de discussions émergent dans le pays ; certains à l’instar de ceux du printemps de Damas de 2011, mais d’autres autour d’anciens « assadistes » qui ont retourné leur vestes (ce qui ne trompe personne)… 

On voit parfois des femmes et des hommes qui, de leur propre initiative, nettoient les rues, gèrent la circulation, préparent des repas au personnel soignant ou aux plus démunis. Ce n’est plus « la Syrie d’Assad », c’est maintenant « Leur Syrie ». D’où qu’ils soient, les Syriens disent, fièrement maintenant, qu’ils sont tous – tout simplement – Syriens.

Mais pour l’instant, ce sont de mesures extrêmement concrètes dont la population a expressément besoin : de l’eau, de l’électricité, de la nourriture, du carburant, un toit, etc. Toutes choses qui restent inatteignables à cause des sanctions internationales qu’il faut impérativement lever, et rapidement.

La communauté internationale et leurs médias vont-ils continuer à s’offusquer de la poignée de main non tendue d’al-Charaa… quand les mêmes n’avaient rien à redire des cordiales poignées de main – il n’y a pas si longtemps – de certains élus à Bachar el-Assad ? Vont-ils continuer à s’interroger sur le retour rapide des réfugiés syriens … dans un pays dévasté, totalement incapable matériellement de les accueillir par millions ? 

Pour que la population syrienne continue de se libérer par elle-même, il faut lever les sanctions internationales, et délivrer des autorisations exceptionnelles de voyager pour les réfugiés sous protection internationale (sans perte de leur statut). 

Qu’attend-on encore pour que les Syriens puissent enfin REVIVRE ?

Le CA de Revivre

La plupart de ces propos sont extraits de la table ronde organisée par Revivre et la Mairie de Paris 20° le mercredi 15 janvier 2025 autour de Garance LECAISNE, Edith BOUVIER et Ammar ABD RABBO, de retour de Syrie.

=> Consulter par newsletter 24 – Janvier 2025

Nous avons encore besoin de vous !

Il vous reste quelques jours pour faire vos dons défiscalisés (si vous êtes imposables sur le revenu)

La chute de Bachar el-Assad nous conduit à redéployer avec détermination nos actions en Syrie qui vous ont été présentées dans notre dernière campagne d’appels à dons. Après une courte période d’observation, voici comment REVIVRE va poursuivre ses actions en cours :

  • Concernant les camps de Roukban (zone ouest), quelques familles ont commencé à rejoindre Palmyre (dont elles sont originaires en majorité), où elles se réinstallent dans une grande précarité pour l’instant. L’amour d’une terre est indéfectible ! En conséquence de quoi, l’école des camps de Roukban va dans les prochains mois retourner à Palmyre. Deux défis se présentent donc : la réhabilitation de bâtiments scolaires, et l’accueil d’un plus grand nombre d’enfants par le retour des familles provenant des pays voisins.
    • C’est pourquoi nous avons besoin de vous pour continuer à accompagner le collectif de la Maison de Palmyre avec lequel nous cheminons depuis plus de 5 ans.

  • Concernant les camps de la zone d’Idleb, Afrin et Janderes (zone est), certaines familles ont tenté de réintégrer leurs domiciles d’origine, en particulier dans la région de Homs, mais sont déjà revenues. Leurs maisons ont été détruites par les bombardements russes et ceux de Bachar ; soit il n’y a plus rien, soit il n’en reste que des morceaux inhabitables et dangereux. En outre, il y a peu de nourriture, peu d’ONGs, et les réseaux (eaux, électricité) sont incapables de fournir. Il faudra donc continuer à distribuer de l’eau potable dans les prochains mois dans les camps. Deux défis se présentent donc : augmenter cette distribution d’eau potable (compte-tenu du retour des familles provenant des pays voisins, du temps nécessaire pour tout reconstruire, et du prochain été).
    • C’est pourquoi nous avons besoin de vous pour continuer cette distribution d’eau potable, car les camps vont rester une solution d’hébergement qui va malheureusement durer.

Avec nos partenaires syriens sur le terrain,

qui furent les partisans de la Liberté et de la Démocratie

dans les heures les plus sombres de la Syrie,

poursuivons notre soutien à leurs projets sociaux !

Don par chèque bancaire à l’ordre de :

Association Revivre

Courrier : 100 boulevard de Belleville 75020 PARIS

→ Don en ligne sur :