Par Ignace Leverrier (22 octobre 2013)
Dans un rapport mis en ligne au début du mois d’octobre 2013, le Violations Documentation Center in Syria a donné la parole à un jeune Syrien, remis en liberté au mois d’août précédent, au terme de quatre mois d’emprisonnement. Comme le montrent les photos prises à la veille et au terme de sa mésaventure, il avait perdu plusieurs kilos durant sa détention. Alors que son âge aurait dû lui épargner de telles épreuves, il raconte son périple à travers les prisons de divers services de renseignements, les exactions dont il a été victime de la part des enquêteurs et des geôliers, et les scènes de barbarie ordinaire dont il a été témoin. Son témoignage recoupe nombre d’autres récits qui remontent, pour certains d’entre eux, à la décennie 2000-2010. Ils interdisent de ce fait de lier la brutalité dont font montre les moukhabarat aux circonstances particulières de la révolution. Ils démontrent au contraire que la torture des enfants et des jeunes, dans des centres de détention où la Loi interdit en principe leur admission, est une pratique ancienne, récurrente et tolérée, si ce n’est encouragée pour entretenir la peur, par les responsables de « l’Etat de barbarie ».
Le 2 avril 2013, le jeune Moadh Abdel-Rahman (16 ans) se trouvait avec un ami dans le souq de Hama lorsqu’une voiture d’agents de la sécurité est passée à côté d’eux. Ils ont aussitôt rebroussé chemin, mais n’ont pas tardé à être rattrapés par les occupants du véhicule intrigués par leur manège. Après avoir été rossés, ils ont été embarqués de force jusqu’à un poste de contrôle où il est apparu que le nom du jeune Moadh figurait, comme celui de son père, sur une liste d’individus recherchés. Son camarade a quant à lui été relâché, non sans avoir été de nouveau frappé. L’adolescent a été conduit au siège des Renseignements militaires, où on a commencé par lui voler les quelques milliers de livres syriennes qu’il avait sur lui. Il a été enfermé dans une cellule d’isolement de 3 m² dans laquelle se trouvaient déjà 4 autres détenus. Le lieu était si exigu que, pour dormir, ses occupants étaient obligés de couvrir avec une planche le trou qui leur servait de latrines.
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