
Syrie, une nouvelle ère
Depuis la chute et la fuite du clan Assad, le 08 décembre 2024, la Syrie est entrée dans une nouvelle ère. Les nouveaux maîtres de Damas ont hérité d’un pays exsangue, détruit, appauvri et divisé.
Les défis sont donc énormes et les moyens manquent.
En Syrie, la population respire, l’état de liesse et de célébration est palpable, mais cela ne peut durer éternellement. Il faut assurer les besoins primaires, eau, électricité, carburant et payer les salaires.
Il faut assurer la sécurité au quotidien, mise à mal avec l’effondrement des services de police et de justice.
Il faut réunifier le pays, retirer les armes des différents groupes pour qu’elles deviennent le monopole d’une armée unique, installer un système de justice transitionnelle, indispensable pour commencer une réconciliation dans une société fracturée, remettre l’économie en marche et lutter contre la pauvreté et contre le chômage, reconstruire les infrastructures et les habitations.
Il faut créer un nouveau régime politique qui répondrait aux aspirations des Syriens et récompenserait leurs longues années de lutte et de sacrifices et qui doit être en écho avec les slogans de leur révolution : liberté et dignité.
Des enjeux énormes qui ne peuvent être réussis sans le concours de tous, sans la levée des sanctions économiques qui frappent toujours la Syrie et sans l’engagement et la bonne volonté, à prouver, du nouveau pouvoir.
Le passé djihadiste du pouvoir actuel alimente un certain pessimisme, ainsi que des incidents parfois graves, vrais ou exagérés par les médias.
Cependant, il faut prendre en compte les déclarations prometteuses et l’évolution en direct du discours « officiel », les promesses de surprises agréables à l’annonce du nouveau gouvernement de transition début mars, l’état d’esprit du pays et du peuple qui n’acceptera jamais d’être de nouveau soumis au despotisme, peu importe son identité idéologique, la pression régionale et internationale…
En prenant en compte tous ces éléments, en plus de l’engagement des forces vives du pays dans l’action publique, revendicative et constructive, comblant le vide laissé par l’effondrement du régime criminel d’Assad, on peut se permettre de dire aujourd’hui qu’en Syrie :
L’optimisme est permis, mais la vigilance s’impose !
Alaa Abdelwahab
de retour d’un voyage en Syrie début février 2025 (Alep, Homs, Damas)
Co-président de Revivre