Films

Les Barbares

Sortie le 18 septembre 2024

A Paimpont, l’harmonie règne : parmi les habitants, il y a Joëlle – l’institutrice donneuse de leçons, Anne – la propriétaire de la supérette portée sur l’apéro, Hervé – le plombier alsacien plus breton que les Bretons, ou encore Johnny – le garde-champêtre fan de… Johnny. Dans un grand élan de solidarité, ils acceptent avec enthousiasme de voter l’accueil de réfugiés ukrainiens. Sauf que les réfugiés qui débarquent ne sont pas ukrainiens… mais syriens ! Et certains, dans ce charmant petit village breton, ne voient pas l’arrivée de leurs nouveaux voisins d’un très bon œil. Alors, au bout du compte, c’est qui les barbares ?

Entretien de Julie Delpy … pour Revivre

Revivre – Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de faire un film sur l’accueil en France ?

Julie Delpy : J’ai été très émue par des reportages, des témoignages de réfugiés et aussi les réactions parfois absurdes des Français avec leurs aprioris.

R – Pourquoi spécifiquement parler d’une famille d’origine syrienne ?

J.P : C’est un conflit qui n’en finit pas, le drame des familles bloquées aux frontières Européennes.

R – Avez-vous été indignée par la différence entre l’accueil des exilés et celui qui a été fait aux familles ukrainiennes ?

J.P : Bien évidemment, c’est la chose qui nous a le plus choqués avec mes co-scénaristes. Nous étions déjà en train d’écrire et nous savions les difficultés des familles syriennes, quand “l’Ukraine” a commencé, les portes se sont ouvertes. Les différences étaient flagrantes.

R – Les scénaristes ont rencontré quelques-uns des bénéficiaires de la permanence d’accuei de Revivre à Paris, avez-vous intégré des anecdotes issues de ces rencontres ?

J.P : Les rencontres ont permis de nourrir le script de vérités que nous n’aurions pas pu écrire sans ces rencontres, mais pas vraiment d’anecdotes spécifiques.

R : Avez-vous des réflexions sur les réseaux d’aide (association, activiste…) que vous avez dû découvrir ?

J.P : Une réfugiée syrienne m’a envoyé son blog qui parlait de notre film qu’elle venait de voir.  Elle parle du fait qu’elle a senti qu’enfin un film faisait justice aux réfugiés syriens, pas une caricature et surtout que le film montrait les difficultés qu’elle même avait rencontrées. Cela m’a beaucoup touché.

R – Pourquoi avoir choisi ce titre pour votre film ?

J.P : C’est avec humour que je joue du concept de qui sont les vrais barbares…

R – Avez-vous rencontré des oppositions locales lors du tournage du film ?

J.P : Non, les gens à Paimpont étaient très accueillants mais on était inquiet ; ma cousine qui est institutrice et qui s’occupe de réfugiés pas très loin de Paimpont a eu des problèmes juste avant le tournage.

R – Qu’est-ce qui a été le plus difficile à filmer ?

J.P : La scène de la soirée syrienne. Nous avions très peu de temps, c’était à la fois une scène intense pour la famille syrienne, les 6 acteurs étaient très émus. Et aussi avec beaucoup de personnages dans cette scène et si peu de temps ; et puis avec le mauvais temps la scène de fête et danse qui devait être en extérieur a dû être bougée à l’intérieur à la dernière minute.

R – Avez-vous apprécié l’humour syrien ?

J.P : Oui, Fares avait toujours de l’humour sur le plateau. Il a été vraiment essentiel dans la création de cette famille. Il a amené humour et profondeur au personnage.

R – Fares Helou veut un autre film avec vous…c’est pour quand ?

J.P : Ha ha, je l’adore, j’espère que oui ! C’est un acteur et un être humain formidable.

Entretien de Fares Helou … avec Revivre

Revivre – Qu’avez-vous pensé du scénario du film ?

Fares Helou : Le scénario est construit sur un brillant paradoxe, avec de nombreuses complications sociales spontanées. Ce qui le rend encore plus touchant, c’est les contradictions humaines qui surgissent de toutes parts.

Le sujet du film est assez sensible et cela nous montre le talent de Julie Delpy et de ses deux co-scénaristes (Matthieu Rumani et Nicolas Slomka). A aucun moment du film on a une image négative des personnages qu’ils soient français ou syriens… C’est un scénario intelligent et très attrayant !

Grâce à sa créativité, Julie Delpy a réussi à parfaitement mettre en scène et retranscrire tout cela.

Avez-vous accepté le rôle directement ?

Oui, j’ai aimé l’idée du projet et l’histoire, tout comme le descriptif du personnage qui m’a été proposé.

Quelles sont les difficultés que vous avez rencontré durant le tournage ?

Je n’ai rencontré aucune difficulté, car tout le monde (acteurs, actrices et l’équipe technique) travaillait dans une harmonie étonnante.

Avez-vous proposé des idées supplémentaires pour le scénario pour votre rôle ? Pour la famille syrienne ? Ou par rapport à la Syrie ?

Je me souviens que mes collègues et moi, avons corrigé la description de ce qui s’est passé en Syrie. Il s’agissait d’une Révolution et non d’une guerre civile. A part ça, les choses étaient complètes…

J’ai également proposé des poèmes pour le rôle du grand-père “poète” en leur faisant découvrir les œuvres de Nouri Al Jarrah et en leur proposant plusieurs poèmes de cet auteur.

Quelle est votre scène préférée du film ?

La scène de l’accueil de la famille syrienne qui figure au début du film était l’une des scènes que j’ai apprécié jouer durant le tournage. Et même en la regardant par la suite… Jean-Charles Clichet qui joue “le Maire” était incroyable.

Pensez-vous que ce film donne une bonne image de l’intégration des syriens en France ou en Europe ?

Certainement, surtout lorsque l’intégration se base sur la compréhension et l’harmonie.

Est-ce que vous avez été confronté au racisme depuis votre arrivée en France ?

Oui, j’ai été confronté à plusieurs reprises au racisme, notamment dans certaines administrations, avant la dématérialisation des démarches administratives.

Pensez-vous qu’il faut faire plus de films de ce genre, pour ouvrir des “fenêtres” vers d’autres cultures et d’autres sociétés ?

Certes, une œuvre d’art, qu’il s’agisse d’un film, d’une pièce de théâtre ou d’une exposition est l’un des meilleurs moyen pour créer des rencontres intellectuelles, qui permettent la connaissance entre les différentes sociétés humaines.

Green Border

Film polono-franco-tchéco-belge réalisé par Agnieszka Holland, sorti en 2023 dont le contexte est la crise frontalière entre la Biélorussie et l‘Union Européenne en 2021.

Ayant fui la guerre, une famille syrienne entreprend un éprouvant périple pour rejoindre la Suède. A la frontière entre le Belarus et la Pologne, synonyme d’entrée dans l’Europe, ils se retrouvent embourbés avec des dizaines d’autres familles, dans une zone marécageuse, à la merci de militaires aux méthodes violentes. Ils réalisent peu à peu qu’ils sont les otages malgré eux d’une situation qui les dépasse, où chacun – garde-frontières, activistes humanitaires, population locale – tente de jouer sa partition

The Old Oak

Réalisé par Ken Loach avec Dave Turner, Ebla Mari. 

TJ Ballantyne est le propriétaire du « Old Oak », un pub situé dans une petite bourgade du nord de l’Angleterre. Il y sert quotidiennement les mêmes habitués désœuvrés pour qui l’endroit est devenu le dernier lieu où se retrouver. L’arrivée de réfugiés syriens va créer des tensions dans le village. TJ va cependant se lier d’amitié avec Yara, une jeune migrante passionnée par la photographie.

Ensemble, ils vont tenter de redonner vie à la communauté locale en développant une cantine pour les plus démunis, quelles que soient leurs origines.

Les âmes perdues

Garance Le Caisne, co-autrice du documentaire avec Stéphane Malterre, et Clémence Bectarte, avocate spécialiste des droits de l’Homme.

Le documentaire “Les âmes perdues” suit le combat judiciaire de Syriens pour faire condamner le régime de Bachar El-Assad, responsable de nombreux crimes de guerre. Il retrace les poursuites judiciaires engagées par plusieurs proches de disparus qui s’appuient sur le travail d’un ancien photographe de la police militaire du régime syrien. Surnommé “Cesar”, il diffuse en 2014 près de 55 000 clichés portant sur les 11 000 détenus torturés et décédés entre 2011 et 2013. Des documents clés, qui étayent les crimes de guerre et crimes contre l’humanité perpétrés par Bachar El-Assad depuis maintenant 12 ans.

Face au veto de la Russie et de la Chine au Conseil de sécurité de l’ONU, aucune poursuite judiciaire ne peut aboutir devant la Cour pénale internationale. Pour trouver justice, de nombreux Syriens exilés en Europe décident de porter plainte contre le régime syrien dans leur pays de résidence. Pour la première fois depuis le début de la guerre, des juges d’instructions français ont ordonné le procès de trois hauts responsables proches du régime. France Inter – 02.05.2023.

The journalist and her jailers

The Journalist and Her Jailers » est un film documentaire et d’animation sur le premier procès au monde contre deux membres du régime syrien pour des crimes contre l’humanité. 

Le procès ne se déroule pas devant un tribunal international, mais dans une salle d’audience locale dans une ville en Allemagne. Si le procès a lieu là-bas, c’est grâce à ce que l’on appelle en droit la ‘compétence universelle’ qui permet à n’importe quel État de poursuivre les faits de génocide, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité même si la défense dans l’affaire n’est pas constituée des citoyens du pays en question et que les crimes n’ont pas été commis dans ce pays. C’est donc un cas unique, le premier du genre dans le monde. » Adithya Sambamurthy

Luna Watfa : « Cela se déroulait dans la même ville où je vivais, ce qui était une grande coïncidence. Le procès concerne la branche 251 de la prison Al-Khatib où j’ai été emprisonnée. Je savais donc tout de la méthode qu’ils utilisent pour torturer les gens, je connaissais les lieux évoqués et les gens qui torturaient. C’était difficile d’assister à ce procès mais, en même temps, il était important de m’informer dessus. Je me suis donc rendue au procès et je n’avais aucune idée de si j’allais être capable d’y assister. Mais après la première séance, j’ai décidé de continuer et de couvrir l’intégralité du procès. C’était important puisque j’étais la seule journaliste syrienne à le documenter. Et c’était particulièrement nécessaire de le couvrir en arabe pour les personnes qui ne savaient rien de ce procès, et qui n’avaient plus aucun espoir que justice soit livrée un jour. »

Dounia et la princesse d’Alep

Film d’animation réalisé par Marya ZARIF et André KADI, avec les voix de Rahaf ATAYA, Elsa MARDIROSSIAN.

Dounia a 6 ans, elle quitte Alep avec quelques graines de nigelle au creux de la main et avec l’aide de la princesse d’Alep, Dounia fait le voyage vers un nouveau monde…

Racontant avec poésie et lyrisme la douleur de l’exil, Dounia et la Princesse d’Alep est une magnifique ode au conte et à l’art comme échappatoire à la dureté du réel. Née en Syrie, dans une famille chrétienne cosmopolite trilingue qui voyageait énormément, Marya Zarif a eu l’idée d’adapter un projet de mini-série en 6 épisodes, profitant de sa double richesse culturelle pour transmettre les influences ayant contribué à sa construction en tant que femme et artiste. Au gré des cultures et des langues, d’une mythologie à l’autre, elle s’est découverte un goût pour le conte qu’elle tente de transmettre dans ce film d’animation merveilleusement poignant.

La grande et émouvante beauté de Dounia et la Princesse d’Alep réside, au-delà de sa saisissante beauté graphique, dans le récit de cette enfant pleine de vie et de confiance en elle. Entourée de modèles féminins affirmés et d’hommes qui exercent leur résistance comme ils le peuvent, elle est le coeur optimiste de cette terrible histoire contemporaine ayant placé des millions de Syriens et Syriennes sur le chemin de l’exil.

Un film, tout public, à hauteur d’enfant.

Un visa pour la liberté, Mr Gay Syria

Film réalisé par Ayse TOPRAK

« Syrien, réfugié et homosexuel, Hussein, 24 ans vit exilé en Turquie en ayant dû laisser sa fille derrière lui afin d’échapper à une mort certaine. Entre survie et peur, une opportunité s’offre à lui : participer au concours Mr Gay World en Europe afin de sensibiliser le monde à la situation des personnes LGBT en Syrie. Mais pour aspirer à la liberté, il lui faudra d’abord une chose : obtenir un visa.” La réalisatrice a tenu à donner la parole à une personne réfugiée, pour que le public se rende compte de sa détresse et de celle des autres, et que l’on cesse de les déshumaniser et de les invisibiliser.