Lettre ouverte s’interrogeant sur le sort des 85 syriens interpellés par la police de l’Air et des Frontières (PAF) à leur arrivée à la Gare de Lyon fin mars dernier. Lettre signée par : Revivre, Collectif Urgence Solidarité Syrie, France Terre d’Asile, FIDH, Souira Houria, LdH, MRAP, Alwane, Syrie Moderne Démocratique Laïque, Appel Solidarité Syrie
Monsieur le Ministre
Le jeudi 27 mars 2014, selon le témoignage d’un journaliste du Parisien, dont la présence sur les lieux n’était probablement pas fortuite, 85 Syriens, dont une quarantaine de mineurs, ont été interpellés par la police de l’Air et des Frontières (PAF) à leur arrivée à la Gare de Lyon.
Depuis cette date, plusieurs associations travaillant à l’accueil des réfugiés syriens en France ne sont pas parvenues à obtenir des services de police des réponses précises aux questions suivantes :
Un réfugié syrien a été tué et beaucoup d’autres ont été blessés samedi 5 avril dans des affrontements avec les forces de l’ordre au camp jordanien de Zaatari. La police a imputé les troubles à des agitateurs interpellés alors qu’ils cherchaient à fuir le camp, où vivent 70 000 personnes. Les autorités font état de 22 blessés dans les rangs des forces de l’ordre, mais nient tout décès.
Les heurts ont éclaté lorsqu’un agent de sécurité jordanien en voiture a renversé un enfant de 4 ans, qui a été grièvement blessé, selon les témoins. Aux jets de pierres, les forces anti-émeutes ont riposté à coups de matraques et de grenades lacrymogènes pour disperser les réfugiés qui avaient mis le feu à des locaux administratifs et à des caravanes.
Les réfugiés manifestaient quasi-quotidiennement pour dénoncer leurs conditions de vie lorsque le camp a ouvert, il y a près de deux ans, non loin de la frontière syrienne, mais l’intervention des agences humanitaires de l’ONU a depuis ramené le calme. Sur les 2,5 millions de réfugiés syriens recensés par les Nations unies, 600 000 vivent en Jordanie. Les autres se trouvent pour l’essentiel en Turquie et au Liban.
Point de vue de Jean-Pierre Filiu pour « Syrie MDL » – (inédit ailleurs)
Jean-Pierre Filiu
Parmi les arguments assénés à satiété par les partisans de la dictature syrienne figure en bonne place la supposée « laïcité » du régime Assad. Il est d’ailleurs frappant que cette « laïcité » illusoire soit associée à la défense des minorités (alors que la proportion de Chrétiens dans la population syrienne a diminué de moitié depuis l’avènement des Assad en 1970) et à la promotion des droits de la femme.
Ces deux notions n’ont pourtant rien à voir avec la laïcité, qui est la neutralité de l’Etat face à toutes les croyances, religieuses ou non.
Texte du discours prononcé à Rome, le 28 février 2014 lors de la remise du Prix de la presse libre.
Le même texte « raccourci » était lu également lors de la conférence sur la torture en masse à l’IMA à Paris, le 13 mars 2014
Moustafa Khalifé : Né en 1948 dans la région d’Alep, il a commencé des études de droit à l’université de Damas en 1973. Poursuivi par les services de renseignement à partir de 1977, et obligé de vivre en clandestinité, il n’obtiendra son diplôme qu’en 1997. Il est arrêté une première fois en 1979 et libéré en 1980. A partir de janvier 1981, il passera treize ans en prison jusqu’en octobre 1994. En 2005, il est obligé de quitter la Syrie. Il raconte sa détention dans un livre devenu une référence sur les prisons syriennes : La Coquille (Actes Sud, 2007 et en 2013)
VIDEO – Réfugiée en Jordanie, Hasna est l’une des rares à pouvoir témoigner des horreurs des prisons syriennes. A visage découvert, elle s’est confiée à BFMTV après avoir passé 16 mois en enfer.
K. L avec Caroline Mier | images Quentin Baulier
Rescapée des geôles syriennes, Hasna est aujourd’hui réfugiée en Jordanie. (BFTMV)
« Ils m’ont suspendue en l’air, pendue par les bras pendant 18 jours ». Hasna est revenue des geôles syriennes et tient aujourd’hui à raconter les horreurs perpétrées par le régime de Bachar al-Assad, alors que le conflit en Syrie dure maintenant depuis plus de trois ans.
Arrêtée deux fois et détenue en tout 16 mois, parce qu’elle fournissait de la nourriture et des médicaments aux rebelles, son témoignage atteste de l’extrême cruauté des hommes du dictateur. Torturée à l’électricité, nue devant des hommes et des femmes, aspergée d’eau gelée en hiver, obligée de dormir au milieu de cadavres, brûlée… Elle a vécu l’impossible.
« Ils m’ont dit: on veut ton mari et tes fils et on veut les noms de tous les combattants de ton quartier », explique-t-elle, aujourd’hui réfugiée en Jordanie.
Des manifestations de solidarité avec le peuple syrien ont eu lieu samedi dans le monde entier pour condamner un régime dont la torture est l’une des armes de destruction massive.
C’est un dossier de 54.000 photos de 11.000 corps suppliciés : cadavres faméliques, souvent nus, mains et pieds brûlés, visages sans yeux ou rongés par on ne sait quel produit chimique, marques de chaînes autour du cou… Un dossier de l’indicible transmis par un ancien agent du régime de Bachar El-Assad. Auteur de la plupart de ces photos, il a fait défection en juillet 2013 et porte le nom de code de César. Ce dossier est entre les mains d’experts de la justice internationale. Hassan Shalabi? l’un des deux activistes syriens qui ont permis son exfiltration, raconte en exclusivité au JDD.
Exfiltré à l’étranger et tenu au secret, un ex-membre des renseignements syriens a rendu publiques 54 000 photos effroyables.
On ne sait rien de lui. Ni son nom, ni son âge, ni même le pays où il se cache. Il a simplement un pseudonyme : César. Seuls ceux qui ont réussi à l’exfiltrer hors de Syrie et quelques enquêteurs internationaux savent où se trouve sa planque. César est l’un des hommes les plus menacés au monde. Pour une bonne raison : c’est lui qui a dit l’indicible, l’a montré sous la forme de milliers de photos qu’il a lui-même prises en travaillant pour le régime de Bachar al-Assad dans l’un des 24 centres de tortures de Damas et de sa région. Au total, 54 000 clichés de 11 000 détenus morts sous la torture et les privations. Des clichés qui témoignent d’une telle cruauté que David Crane, l’ex-procureur général du Tribunal spécial pour la Sierra Leone et aujourd’hui principal enquêteur d’un rapport sur la torture en Syrie, a déclaré jeudi à Paris, qu’ils nous obligeaient «à croire l’incroyable».
Au soir du Sommet de Montreux, censé ouvrir la voie aux négociations de Genève 2 entre l’opposition syrienne et le régime de Bachar al-Assad, le Dr Imadeddin Rachid avait expliqué au journal Le Monde (http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2014/01/23/le-recit-de-la-defection-de-cesar-photographe-de-la-barbarie-syrienne_4353005_3218.html) comment étaient parvenues en sa possession les photos de quelque 11 000 de ses compatriotes, affamés jusqu’à la mort ou décédés sous la torture dans les geôles des services de sécurité de son pays. Publié quelques jours plus tôt, un rapport rédigé par trois anciens procureurs internationaux au-dessus de tout soupçon (texte intégral ici) avait permis à Ahmed al-Jarba, président de la Coalition nationale syrienne, de justifier devant les représentants des nombreux Etats conviés à cette réunion les principales revendications des révolutionnaires dont il était le porte-parole : la démission de Bachar al-Assad et le démantèlement de ses appareils de répression.
Amnesty International a accusé, vendredi 13 décembre, les pays européens d’accueillir un « nombre pitoyablement bas »de réfugiés syriens. « L’Union européenne a lamentablement échoué à jouer son rôle d’abri pour les réfugiés qui ont tout perdu, sauf leur vie », a estimé le secrétaire général d’Amnesty, Salil Shetty. « Dans l’ensemble, les dirigeants européens devraient baisser la tête de honte », ajoute-t-il.
Plus de 20 000 ressortissants syriens ont trouvé refuge en Allemagne depuis que la guerre a éclaté en Syrie. Certains font partie d’un programme mis en place par le gouvernement allemand, qui vise à accueillir en tout 5 000 réfugiés, venus pour la plupart du Liban. D’autres, et ils constituent une majorité, arrivent en Allemagne par leurs propres moyens.