Les gilets des réfugiés; fleurs de Lotus flottantes

Ai Weiwei décore les jardins du Belvédère, à Vienne, avec des gilets de sauvetage

13 juillet 2016

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L’installation « F Lotus » d’Ai Weiwei aux jardins du Belvédère à Vienne, en Autriche   PHOTO : AP PHOTO/RONALD ZAK

Après avoir enveloppé de gilets de sauvetage les six colonnes de la salle de concert Konzerthaus, à Berlin, en février dernier, l’artiste chinois Ai Weiwei utilise une fois de plus des vestes, cette fois aux jardins du Belvédère, à Vienne, en Autriche.

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L’installation « F Lotus » d’Ai Weiwei aux jardins du Belvédère, à Vienne, en Autriche   PHOTO : HANS KLAUS TECHT/AFP/GETTY IMAGES

[ C’est peut-être la dernière chose qu’on agrippe avant de mourir.]

Ai Weiwei

En 2015, 1,25 million de réfugiés ont demandé l’asile à l’Union européenne. Plus de 3500 d’entre eux ont péri pendant leur exil, la plupart noyés lors de la dangereuse traversée de la mer Méditerranée.

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L’artiste Ai Weiwei pose devant ses installations « F Lotus » et « Circle of Animals/Zodiac Heads », à Vienne / PHOTO : HANS KLAUS TECHT/AFP/GETTY IMAGES

Depuis la crise des réfugiés en Europe, Ai Weiwei a intensifié les coups d’éclat pour attirer l’attention du public sur le sort de ces gens. Il s’est d’ailleurs déplacé de nombreuses fois en Grèce et à Lesbos afin de s’exprimer sur le sujet et de créer diverses installations artistiques choc.

Les visiteurs peuvent voir l’installation depuis mercredi dans les jardins du Belvédère, à Vienne, l’un des plus célèbres palais de la capitale autrichienne.

 

Source : Radio Canada

http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/arts_et_spectacles/2016/07/13/002-ai-weiwei-gilets-sauvetage-lotus-vienne-migrants.shtml

Six colonnes enveloppées de l’agonie orange

Nouveau coup d’éclat de l’artiste Ai Weiwei à Berlin

17 février 2016

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Le Konzerthaus de Berlin recouvert de gilets de sauvetage de migrants   PHOTO : GETTY IMAGES/CLEMENS BILAN

Les vestes couvrent les six colonnes du Konzerthaus

« Comme l’art, ils [les gilets] sont destinés à choquer le continent de la complaisance à un moment où les pays européens ferment un à un leurs portes aux demandeurs d’asile, a déclaré Ai Weiwei. C’est l’Europe. Nous sommes au 21e siècle et je ne pense pas que les gens ont réellement compris. »

En route pour l’Europe, des réfugiés syriens, iraquiens et d’autres pays transitent par l’île de Lesbos, en Grèce, où ils laissent derrière eux ces gilets qu’ils ont utilisés pour la traversée depuis la Turquie.

L’artiste chinois Ai Weiwei est connu pour ses œuvres engagées qui dénoncent les violations des droits de la personne et la corruption institutionnalisée, et qui montrent le choc entre la culture chinoise et la société de consommation occidentale.

Il y a quelques semaines, il avait pris position sur la crise des migrants en reproduisant sur une plage de Lesbos la photo d’Alan Kurdi (1) , ce petit Syrien de 3 ans retrouvé mort noyé sur une plage turque l’an dernier.

Alors que le débat sur la crise des migrants divise les pays européens, certains artistes s’en inspirent.

Il y a un mois, l’artiste britannique Banksy avait reproduit, sur un mur près de l’ambassade de France à Londres, l’affiche de la comédie musicale Les misérables sur fond de gaz lacrymogène, un drapeau français déchiré derrière en arrière-plan. Il désirait alors envoyer un message aux autorités françaises pour leur gestion de la crise des migrants à Calais.

Également, Dismaland, la parodie du parc familial à la Disney de Banksy installée à la piscine de Weston-super-Mare en Angleterre, sera déménagée à Calais, en France, où elle abritera des réfugiés.

(1) L’artiste Ai Weiwei reproduit la photo d’Alan Kurdi sur une plage de Lesbos

1er février 2016
http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/arts_et_spectacles/2016/02/01/002-ai-weiwei-pose-alan-kurdi-ile-lesbos-grece.shtml
Source : Radio Canada
http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/arts_et_spectacles/2016/02/17/002-weiwei-konzerthaus-berlin-gilets-sauvetage-migrants.shtml

Communiqué de « Revivre » du 19 avril 2015

Honte à notre Humanité

Un bateau, avec à son bord plus de 700 migrants, vient de chavirer en Mer Méditerranée. Seules 28 personnes auraient été récupérées, selon le Haut- commissariat aux réfugiés (HCR).

Ce naufrage fait suite à plusieurs autres naufrages intervenus ces dernières semaines. Quelques 450 migrants sont morts et disparus lors de deux précédents naufrages en moins d’une semaine.

Avec la plus grande hypocrisie, alors qu’elle vient de supprimer le dispositif Mare Nostrum, l’Union Européenne s’est dite « profondément affectée » par ce nouveau naufrage et a annoncé la tenue prochaine d’une réunion des ministres de l’Intérieur et des Affaires étrangères pour prendre des mesures.

Rappelons que le budget Triton est trois fois inférieur à celui de Mare Nostrum, il est insuffisant, car aucune capitale européenne ne souhaite faire figurer parmi les prérogatives de Frontex la question pourtant essentielle  du sauvetage en mer.

C’est un crime contre l’Humanité, c’est contre le droit maritime international que de laisser mourir, en mer, des naufragés.

Dans les semaines qui viennent, nous devons nous attendre à un afflux massif, par la mer, de réfugiés dont probablement de nombreux Syriens

Les responsables politiques européens sont aujourd‘hui devant leurs responsabilités : ils doivent immédiatement mettre les moyens en œuvre pour éviter de tels drames.

Paris, le 19 avril 2015

Communiqué Un bateau avec à son bord plus de 700 migrants vient de chavirer en Mer Méditerranée

 

 

Radwan, rescapé syrien du « Blue Sky », et son ange gardien italien Tommaso

Par  Maryline Baumard 

Le Monde le 5 janvier 2015  

On l’appellera Radwan. Le 31 décembre à 3 h 30 du matin, cet homme de moins de 40 ans, teint hâlé, visage exténué, est descendu du cargo Blue Sky à Gallipoli, dans le sud de l’Italie, avec son épouse enceinte. Depuis, le migrant Syrien s’est reposé dans une école, un centre d’hébergement avant de prendre le train pour remonter l’Europe. En trois jours, il a quitté les frontières de l’Italie.

Aujourd’hui, Radwan continue sa route vers le nord avec, en Italie, un ange gardien du nom de Tommaso Tomaiuolo qui veille sur lui. L’amitié entre ces deux hommes a commencé le 31 décembre au travers d’une grille de cour d’école. Celle de l’établissement de Gallipoli où Radwan avait été emmené pour se reposer après que son cargo – abandonné par son capitaine – eut été ramené dans le port.

Comme ses voisins et ses amis, Tommaso s’apprêtait à fêter tranquillement le réveillon de la Saint-Sylvestre dans les Pouilles quand le Blue Sky a fait irruption dans sa vie. Depuis l’arrivée de ce cargo et de ses 768 migrants, dans le port de sa petite ville, le jeune quadragénaire est comme happé dans un tourbillon fou. « Je n’oublierai jamais les rencontres que j’ai faites depuis le 31 décembre, ni les regards. Ils ont changé mon regard sur la vie », raconte ce créateur de sites Internet qui travaille pour une petite société italienne et habite à Alezio, à 5 kilomètres de Gallipoli, dans les Pouilles.

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Photo : Le « Blue Sky », dans le port Gallipoli. | DR/Tommaso Tomaiuolo

«  Je voulais être utile »

Dès qu’il apprend que le navire vogue sans capitaine, en direction des côtes de son pays, il twitte heure par heure le sauvetage et alimente son compte Facebook. Dès les premières heures du jour, levé tôt, il file au port.

« Un navire vide c’est bien… Mais ce n’était pas mon but ! , raconte-t-il, je voulais être utile. » Tommaso pressent que la couche de rouille du cargo cache bien des drames humains. Comme il ne décroche pas des radios locales, il apprend tout de suite dans quelles écoles de la ville ont été installés les migrants, afin qu’ils puissent se reposer. « Le maire a eu six heures pour réagir et trouver des solutions. Juste le temps du sauvetage du navire », ajoute Tommaso.

L’homme file vers les centres ouverts, comme beaucoup d’autres citoyens de cette zone pauvre, touchée de plein fouet par le chômage, mais prêts là à toutes les générosités. « Durant la soirée du 30 décembre, entre 21 heures – heure à laquelle on a appris que le bateau fantôme se dirigeait vers nos côtes – et son arrivée, 70 bénévoles de la protection civile se sont mobilisés, aux côtés de ceux de la Croix Rouge et de beaucoup de simples citoyens comme moi », explique-t-il.

Quand Tommaso Tomaiuolo arrive dans une des écoles d’accueil, des hommes sont là derrière les grilles. « A un premier, je demande ce dont il a besoin, il me montre timidement mon téléphone mobile que je tenais à la main et comme je lui passe, il semble douter qu’il puisse vraiment appeler à l’étranger. » L’homme joint la Turquie, parle quelques minutes et rend à Tommaso son smartphone « avec un sourire que je n’oublierai jamais ». Tous deux fument ensemble une cigarette. Tommaso lui pose quelques questions.

Quand l’ingénieur revient à l’école, l’après-midi, il trouve un autre Syrien à la place du premier. C’est Radwan. Son épouse se repose de ce voyage dans des conditions effroyables.

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Photo :  Les cales du Blue Sky durant la traversée de la Méditerranée. | DR/Tommaso Tomaiulo

Les deux hommes sympathisent, partagent quelques cigarettes. « Radwan a quitté la Syrie, il y a un an et vit depuis en Turquie. Là, il a dû une nouvelle fois refaire ses bagages, parce qu’en Turquie il n’a trouvé aucun travail », rappelle l’Italien. Tommaso Tomaiuolo, qui ne veut pas se mettre en scène, reconnaît du bout des lèvres qu’il a aidé financièrement cet homme à partir vers le nord et à charger son téléphone portable. Il lui a aussi donné deux livres et deux crayons. Radwan n’est pas « pauvre », mais il vient tout de même de débourser 14 000 euros pour payer son passage et celui de son épouse et il ne sait pas quand son périple s’arrêtera…

Pour les épisodes précédents, les photos prises par l’Italien parlent d’elles-mêmes. « Comme nous n’avions pas de connexion Internet, j’ai photographié avec mon téléphone l’intérieur de la cale du Blue Sky. Et franchement, cela m’a bouleversé de voir comment ces gens avaient été traités », raconte Tommaso.

« Rester en Syrie pour y mourir ou partir »

La discussion s’installe entre les deux hommes et Radwan raconte comment il lui a fallu prendre un petit bateau de pêche pour rejoindre le cargo qui mouillait dans les eaux internationales au large du port turc de Mersin. « Comme il avait un très bon anglais, pour avoir vécu quelque temps en Grande-Bretagne, nous avons pu parler longuement. Pour Radwan, la question syrienne n’est pas un problème que doit gérer l’Italie ou l’Europe, mais c’est bien un sujet qui doit être pris en charge par les Nations unies. Je n’avais que deux options, m’a dit Radwan : rester en Syrie pour y mourir ou partir », rapporte l’Italien.

La discussion entre Radwan et Tommaso a été stoppée, ce 31 décembre par les cris de deux femmes. Toutes deux pleuraient l’arrestation par la police italienne de leur fils et frère Rani Ahmad Sarkas, soupçonné par les autorités d’être un des passeurs et d’avoir piloté le cargo.

Dimanche 4 janvier, le quotidien italien La Republica racontait son audition par la police, traduite par l’AFP. « Ils m’ont promis 15 000 dollars [12 500 euros] et la possibilité de faire venir toute ma famille », a-t-il expliqué aux inspecteurs. Tommaso confirme que les deux femmes lui ont expliqué que treize autres membres de la famille se trouvaient sur le Blue Sky.

Rani Ahmad Sarkas est un Syrien âgé de 36 ans. Des extraits de son audition, reproduits par le journal italien permettent de comprendre comment il a pris la barre du navire. « Je suis arrivé en Turquie par avion depuis le Liban où j’étais réfugié. Là, j’ai été contacté par une connaissance qui savait que j’étais capitaine de navire », ajoute-t-il. Les deux hommes se rencontrent à Istanbul, font affaire. Rani Sarkas embarque alors avec trois autres hommes sur le Blue Sky, battant pavillon moldave, à destination de Mersin, port turc situé près la côte syrienne.

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Photo : Sarkas Rani, capitaine du Blue Sky. | Facebook/ Rani Sarkas

Le cargo reste deux jours, ancré au large, dans l’attente de sa « cargaison ». Le troisième jour, un bateau a emmené un premier groupe de 30 personnes sur le Blue Sky. Pendant quatre jours, la noria a continué et, le 25 décembre, ils ont largué les amarres avec 768 passagers à bord. « J’ai personnellement tracé la route pour l’Italie », a raconté le jeune homme aux enquêteurs. Après s’être abrité près des côtes grecques, pour éviter la tempête, il a repris sa route vers le sud de l’Italie. Il a ensuite abandonné la passerelle pour se réfugier dans la cale après avoir bloqué la barre et le moteur. Le navire a continué sa route à environ six nœuds (11 km/h) vers la terre. Sans intervention de la marine italienne, il se serait fracassé contre les rochers avec sa cargaison humaine.

« La mère et la sœur du capitaine m’ont demandé si je pouvais les aider à trouver un avocat, mais aucune des deux n’a voulu que je les filme. Elles avaient peur de la mafia turque si un jour, elles retournent en Turquie », regrette Tommaso. Avant qu’il ne soit question de cela, les migrants sont montés dans un bus pour être mieux installés ailleurs en Italie. L’école a refermé ses portes pour se préparer au retour des élèves italiens ce lundi.

« Le 31, j’ai surtout surveillé ma messagerie pour voir si Radwan m’avait écrit. J’ai eu le plaisir de découvrir que oui », ajoute-t-il.

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Photo : Echange de SMS entre Tommaso et Radwan. | DR

Le 1er janvier, Tommaso Tomaiuolo a refait le tour des écoles. La dernière était en train d’être évacuée. Gallipoli refermait la parenthèse du Blue Sky« Pour moi, cela aura vraiment été une Saint-Sylvestre riche en tragédie et en émotion. Un de ces moments qui changent un regard sur la vie. Je n’oublierai jamais comment ma ville a su prendre soin des migrants. J’aime me rappeler cette photo du maire qui fait une partie de volley-ball avec quelques-uns d’entre eux. La vie est rude dans l’Italie du sud, très touchée par la crise, mais elle est belle. Nous avons des valeurs », conclut l’Italien avant de repartir à son quotidien d’informaticien.

*Initialement, Tommaso Tomaiuolo ne souhaitait pas apparaître dans ce récit. « Je veux juste que cette tragédie soit connue. Je n’ai fait que ce que d’autres citoyens comme moi ont aussi fait pour ces gens. Par humanité », ajoute-t-il à l’issue d’un long entretien téléphonique. Convaincu que le lecteur de cet article a envie de le connaître, il a finalement accepté que son nom et ses actions figurent dans le récit de ce moment que dit-il, il « n’oubliera jamais ».
Vidéo (Le Monde & Dalymotion)

« Les migrants du blue SkyM transférés depuis l’école de Galipoli »

http://www.dailymotion.com/video/x2e1vfr_les-migrants-du-blueskym-transferes-depuis-l-ecole-de-galipoli_news

 

Source: Le Monde. 05.01.2015 

http://www.lemonde.fr/immigration-et-diversite/article/2015/01/05/radwan-rescape-syrien-du-blue-sky-et-son-ange-gardien-italien-tommaso_4549556_1654200.html

 

 

 

 

Naufrage en Méditerranée : la thèse d’un acte délibéré des passeurs confirmée

De nouveaux éléments recueillis, mardi 16 septembre, par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) sont venus confirmer la thèse selon laquelle ce sont bien les passeurs qui ont volontairement embouti le bateau de centaines de migrants avant que celui-ci ne coule.

En plus des témoignages de deux Palestiniens repêchés par un porte-conteneurs, le 12 septembre, l’OIM a pu interroger, mardi, six autres rescapés qui avaient été secourus en même temps mais n’étaient pas conscients lors du sauvetage à cause de l’hypothermie. « Après avoir touché notre bateau, [les passeurs] ont attendu pour être sûrs qu’il coule complètement avant de partir. Ils riaient », a ainsi raconté un survivant à l’OIM, en retraçant les péripéties qui ont conduit au drame.

 

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http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/09/16/naufrage-en-mediterranee-la-these-d-un-acte-delibere-des-passeurs-confirmee_4488651_3224.html

 

Photo : © AFP . Lors d’une opération de sauvetage de la marine italienne au large de la Sicile, le 14 septembre.

Naufrage