Urgent : Appel à l’hébergement solidaire à Paris et en Île-de-France

Appel à des HÉBERGEUSES et HÉBERGEURS pour accueillir gracieusement des réfugié(e)s syrien(ne)s :

Dessin d'enfant Syrien

Bonjour à toutes et à tous,

au cours de l’été 2015, de nombreuses personnes ont proposé à Revivre d’héberger un ou une réfugié-e chez eux dans le contexte d’urgence d’arrivée des demandeurs-euses d’asile en France et en Europe. Nous avons mis en place une quarantaine d’hébergements solidaires avec succès en Île-de-France et en région pour que des demandeurs – euses d’asile et réfugié-e-s syrien-ne-s que nous rencontrons à notre permanence, aient un lieu où se poser et commencer leurs démarches sereinement.

Aujourd’hui, de nombreuses personnes isolées continuent à affluer à notre permanence, sans ressources et sans possibilité de trouver un hébergement immédiat face à l’incurie de l’Etat qui ne leur propose pas de places d’hébergement. Nous avons donc besoin d’hébergements temporaires en solidarité avec ces réfugié-e-s syrien-ne-s et ce, à Paris et en Île-de-France.

Nous faisons donc appel à des HÉBERGEUSES et HÉBERGEURS pour accueillir gracieusement:

A – à Paris et ailleurs en Île-de-France

B – des adultes isolés (hommes ou femmes) et des couples

C – pour une durée de deux mois minimum et plus si possible

Si vous souhaitez accueillir, merci de nous contacter à l’adresse

contact.revivre@gmail.com ou au 06.61.38.92.05 (mardis/mercredis/jeudis/vendredis sinon ne pas hésiter à laisser un message vocal) en détaillant:

1- l’adresse de l’hébergement proposé, les possibilités de transport en commun, services à proximité

2 – la configuration de l’hébergement (chambre, studio, salon, appartement etc.)

3 – vos coordonnées complètes (téléphone et mail)

4 – nombre de personnes que vous pouvez hébergez (1, 2, couple? etc.)

5 – si vous parlez anglais et/ou arabe ?

Nous vous remercions chaleureusement d’avance pour votre solidarité !

L’équipe de la permanence réfugiés REVIVRE

La France a accepté 27 % de réfugiés de plus en 2015

Par Maryline Baumard

Alors que l’Allemagne a dépassé le million de demandeurs d’asile en 2015, la France a connu, elle, une hausse bien plus faible. L’année dernière, 79 100 migrants ont choisi de déposer une requête de protection dans l’Hexagone, alors qu’ils avaient été 64 800 en 2014, selon les premières données complètes communiquées par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) pour l’année écoulée.

Cette augmentation de 22 % du nombre de demandeurs a abouti en fait à une hausse de 30 % du nombre de nouveaux réfugiés en un an, la France ayant été plus généreuse dans l’octroi de l’asile qu’en 2014. Ainsi, 31,5 % des migrants qui ont déposé un dossier ont été reconnus comme pouvant bénéficier de la Convention de Genève ou de la protection subsidiaire, les deux formes de protections qu’offre la France.

Alors que la tradition française voulait que, généralement, l’OFPRA rejette le dossier et que celui-ci soit finalement reconnu valide par la Cour nationale du droit d’asile (CNDA), en 2015, la machine s’est inversée.

L’OFPRA a plus protégé que l’instance administrative d’appel qu’est la CNDA, délivrant 24 % des statuts de réfugié, contre 7,5 % pour la CNDA. Cette nouvelle approche a permis de protéger 26 700 personnes en 2015, contre 21 000 l’année précédente, soit une augmentation de 27 %.

10 000 Syriens depuis le début du conflit

La nationalité des demandeurs n’est pas étrangère à cette hausse de la délivrance du statut. Pour la première fois en France, les Syriens arrivent en tête, et ils obtiennent quasiment tous la protection.

« Ils ont été plus de 5 000 à choisir la France cette année », relève Pascal Brice, le directeur général de l’OFPRA. « Si l’on compte en cumulé, cela fait plus de 10 000 Syriens demandeurs qui ont bénéficié de la protection de la France depuis le début du conflit en 2011», ajoute-t-il.

Suivent les Soudanais, dont le nombre avoisine aussi les 5 000 et les Irakiens avec un record de 2 100. Ces deux nationalités sont très présentes dans la jungle de Calais, où ont été menées des opérations spéciales pour inciter à demander l’asile.

En ce début d’année, le nombre d’arrivées d’Afghans est pourtant en train de dépasser celui des Syriens. Ce qui fait dire à M. Brice que « si 2015 est l’année des Syriens, 2016 risque d’être celle des Afghans ». Or, ces derniers se voient distribuer un peu moins généreusement le statut de réfugiés.

Toutes ces données sont les premières portant sur l’année 2015 dans son intégralité : le bilan annuel de l’OFPRA permettra d’affiner ces premiers éléments.

Il reste à noter que la montée en puissance s’est faite doucement sur l’année. En effet, les deux premiers trimestres de 2015 ne permettaient pas d’anticiper la hausse survenue durant les derniers mois de l’année.

Source : Le Monde  | 12.01.2016

http://www.lemonde.fr/immigration-et-diversite/article/2016/01/12/la-france-a-accepte-27-de-refugies-de-plus-en-2015_4845698_1654200.html

Entretien avec le Président d’Honneur de Revivre

Michel Morzière, une passerelle pour les réfugiés syriens

Ingénieur de métier, Michel Morzière se consacre depuis plus de dix ans, via son association « Revivre », à l’aide aux anciens prisonniers d’opinion en Syrie et plus récemment à l’accueil des réfugiés syriens. Ancien membre du conseil d’administration du Centre Primo Levi, il continue à travailler de pair avec l’association et imagine des missions communes de formation « quand la Syrie aura retrouvé la paix »…

Michel-Morzière

Comment en êtes-vous venu à vous engager en faveur des anciens prisonniers politiques syriens ?

J’ai toujours été un militant des droits deComment en êtes-vous venu à vous engager en faveur des anciens prisonniers politiques syriens ? l’homme. J’ai été pendant longtemps engagé dans un groupe d’Amnesty International, puis j’ai rejoint le siège à ma retraite. Mon épouse faisait partie de la coordination Syrie-Liban et moi de celle qu’on appelle « Israël – Territoires occupés – Autorité palestinienne ». Il se trouve que nous avons reçu chez nous pendant quelques jours un couple de réfugiés syriens qui était très connu de la diaspora syrienne. C’est après cette rencontre et toutes celles qui ont suivi qu’est née l’idée de monter une association pour venir en aide aux anciens prisonniers politiques syriens et à leur famille.

C’est donc à ce moment-là que vous avez créé l’association « Revivre » ?

Tout à fait. C’était en 2004. L’association est en fait née de l’émanation de Syriens opposés au régime d’Hafez al-Assad réfugiés en France et de militants d’Amnesty International dont nous faisions partie.

Nous avons commencé à aider d’anciens prisonniers d’opinion restés en Syrie, si possible en allant là-bas, que ce soit dans les démarches de visa auprès de l’Ambassade, dans l’achat de billets d’avion ou encore le financement de radiographies (à défaut de pouvoir financer des traitements médicaux complets).

Et depuis le début de la guerre en Syrie, comment faites-vous pour continuer à les aider ?

Evidemment, à partir de la révolution syrienne en 2011, il n’était plus question d’aller sur place. Nous nous sommes donc concentrés sur l’accueil de ceux qui arrivaient jusqu’ici, qui en général se retrouvent sans repères, sans toit ni connaissance de la langue. Autant la plupart des réfugiés originaires d’Afrique parlent le français et connaissent les réseaux en France, autant les Syriens sont perdus ici, donc il était nécessaire d’organiser leur accueil.

Grâce à un financement d’Euromed, nous avons pu mettre en place une permanence à la mairie du 20ème arrondissement de Paris ainsi qu’un ensemble de réseaux, principalement en Île-de-France mais aussi dans quelques autres régions : un premier réseau de familles qui sont prêtes à les accueillir dans l’urgence, quelques jours, et un deuxième réseau plus large pour prendre le relais. Composée de deux salariées et d’un ensemble de bénévoles, la permanence offre une aide à la fois sociale (hébergement, accès aux droits) et juridique (procédure d’asile).

D’autre part, nous avons mis en place un programme d’apprentissage du français en partenariat avec un organisme spécialisé, un programme d’accompagnement culturel (pics-nics, visites de musées…) et une enveloppe budgétaire pour les aides financières exceptionnelles.

Cela dit, nous avons réussi à maintenir aussi des projets scolaires sur place, en Syrie et en Turquie.

Quels sont vos liens avec le Centre Primo Levi ?

C’est à l’époque où j’étais encore à Amnesty International que je suis entré en contact avec le Centre Primo Levi. En tant que membre fondateur, Amnesty avait deux représentants au conseil d’administration du Centre et je m’étais proposé pour en faire partie. Depuis, nous sommes restés très proches. A une époque, nous avions le projet d’aller former ensemble des psychologues en Syrie mais nous nous sommes rendus à l’évidence que c’était irréalisable étant donné les circonstances.

En fait, le Centre Primo Levi est en quelque sorte le pendant psycho-médical de Revivre : nous orientons vers lui toutes les personnes dont nous ressentons un besoin d’être soignées, ce qui n’est pas toujours facile à faire émerger. Dernièrement, nous lui avons orienté un jeune de 23 ans qui est devenu aveugle il y a quelques mois, à la suite d’un largage de barils de plomb. Il a fui au Liban, mais comme ils n’avaient pas la possibilité de le soigner là-bas, il a voulu faire une demande de visa pour la France. Deux conditions lui ont été imposées : qu’il ait un rendez-vous aux Quinze-Vingt et qu’il paye 3000 euros ! Il a réussi à réunir les 3000 euros et arrivé en France avec un compatriote, il s’est retrouvé seul et sans aucune aide, avec seulement l’adresse de la permanence de Revivre en poche. Il a pu avoir rapidement le statut de réfugié et être hébergé chez des partenaires ; mais on vient de lui retirer l’allocation à laquelle il n’a plus droit en tant que réfugié statutaire, et à son âge il n’a pas encore droit au RSA. Pourtant il est de toute évidence encore incapable d’être autonome : il apprend seulement le braille…

Que pensez-vous du plan européen de relocalisation qui concerne en premier lieu les Syriens ?

Jusqu’à ce jour, quelques centaines de Syriens sont arrivés par ce biais en France. Malgré les quelques inconvénients de ce plan, notamment la répartition totalement arbitraire et donc les risques de séparations familiales, il s’agit de la « voie royale » pour les réfugiés : ils sont hébergés dans des centres à Paris qui se chargent de la procédure de dépôt de leur demande d’asile, puis ils sont envoyés dans un CADA, souvent en province. Ils obtiennent presque tous un statut de réfugié ou une protection subsidiaire, et ce dans des délais record. Mais ce plan n’est prévu que pour 30 000 personnes en ce qui concerne la France, or les besoins sont autrement plus importants : 800 000 sont arrivés en Europe depuis début 2015 et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés prévoit 600 000 nouvelles arrivées depuis la Turquie dans les quatre prochains mois. Selon Bruxelles, 3 millions de réfugiés syriens, irakiens et afghans arriveront d’ici fin 2017… Il y a donc nécessairement des « arrivées collatérales » qui continuent et qui continueront à avoir lieu. Et pour ceux-là, c’est beaucoup plus compliqué. Ce sont eux que nous retrouvons à notre permanence.

Comment imaginez-vous l’avenir de la Syrie et donc l’évolution de votre association ?

Je vois deux scénarios possibles. Ou bien ce conflit atroce se poursuit et des gens en situation de grande vulnérabilité continuent à arriver en France, auquel cas nous continuerons avec le Centre Primo Levi à leur servir de passerelle. Ou bien – ce qui n’est pas impossible car les grandes puissances commencent à prendre la mesure de la situation, ne serait-ce que par nécessité face à l’arrivée massive de réfugiés – on arrive à un accord de cessez-le-feu et de paix, auquel cas on organise ensemble une coordination sur place, en utilisant nos réseaux, pour soigner les traumatismes.

 

Source : http://www.primolevi.org/non-classe/michel-morziere-une-passerelle-pour-les-refugies-syriens.html

« Nous, enfants de Syrie » : une exposition solidaire

« Nous, enfants de Syrie » : une exposition solidaire

Exposition: « Nous enfants de Syrie »

Du 3 au 20 décembre 2015
Centre d’animation Reuilly
19, Rue Antoine-Julien Hénard, 75012 Paris, M° Montgallet (ligne 6)

 B Nous les enfants de Syrie Expo

Les enfants syriens ont leur mot à dire sur leur vécu. Fuyant les ravages de la guerre, réfugiés avec quelques membres de leurs familles dans un camp de fortune à Beyrouth, ils le disent avec ce qu’on leur offre : des couleurs, de la pâte à modeler, des fils de fer, des tissus… Des ateliers artistiques, conçus en fonction de leurs besoins spécifiques, les aident à dépasser leurs traumatismes et à appréhender leur nouvel environnement. Au-delà du simple témoignage sur leurs souffrances ou leurs aspirations, leurs créations rendent hommage au travail sur le terrain de personnes engagées dans le soutien, l’éducation et la transmission des valeurs d’entraide, de partage et de solidarité. L’exposition présente les dessins des enfants, leurs peintures murales collectives, leurs marionnettes en tissu, masques, objets recyclés, photographies, etc.
Partie intégrante de l’exposition, le film Nous enfants de Syrie retrace la vie dans le camp, avec les témoignages des enfants et des professeurs…
3 décembre : VERNISSAGE
18h30, le responsable du centre libanais Basmeh & Zeitooneh invité pour l’occasion présentera les œuvres exposées et parlera du travail réalisé avec les enfants réfugiés.
19h, projection film « NOUS, ENFANTS DE SYRIE » autour d’un pot amical et solidaire.
16 décembre : CONCERT
19h30, Cylsée nous entraînera sur les rives sud de la Méditerranée : chant, guitare, violon-alto, percussions.
Cette exposition est une opération solidaire, elle a pour but de soutenir le centre culturel de Besmeh & Zeitooneh à Beyrouth et les ateliers créatifs destinés à sortir les enfants de la misère du camp et de la violence de la rue. Le centre accueille 700 enfants annuellement.

Vous pouvez effectuez vos dons en toute sécurité sur la plateforme associative : Via HELLOASSO

Plus de détails sur l’expo : http://www.syriemdl.net/nous-enfants-de-syrie-une-exposition-solidaire/

A la porte de Saint-Ouen, des familles syriennes désespèrent de voir le bout de l’errance

Rencontre avec les occupants de ce campement à l’écart des réseaux de solidarité

Ces quelques familles syriennes ont fui les bombardements, parcouru des milliers de kilomètres, traversé des frontières de dizaines d’États et risqué leur vie en mer. Le temps du repos n’est pourtant pas encore venu : en contrebas du périphérique parisien, elles survivent, dans une extrême précarité, à la porte de Saint-Ouen où elles ont installé leurs abris de fortune. Tentes, matelas et couvertures ont été posés à même le sol poussiéreux d’une allée régulièrement empruntée par des bus rentrant au dépôt, manquant à tout moment de blesser les enfants. Un trotteur gît dans un coin, des figurines d’animaux dans un autre. Deux petits courent dans tous les sens.

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Des familles syriennes dorment à la rue en bordure du périphérique, porte de Saint-Ouen à Paris. (CF)

Ce jeudi après-midi, une dizaine d’hommes, entre vingt et trente ans, discutent, appuyés sur le muret longeant la bretelle menant à la voie rapide. Une femme donne des biscuits à sa fille, tandis qu’une autre, enceinte, se repose sur une chaise pliante. Repéré il y a deux, trois semaines, le campement est occupé par intermittence par quinze à soixante personnes, qui vont et viennent, en fonction des ressources dont elles disposent pour se payer une chambre d’hôtel. Ou poursuivre plus loin leur chemin. Des Syriens dormant à la rue, les associations de défense des droits des étrangers n’en avaient plus vus depuis un an, dans la région parisienne en tout cas.

À l’écart, Mustafa, 26 ans, retire son casque audio. Il propose de faire écouter George Wassouf, le célèbre chanteur syrien. Le son de son portable est monté à fond. Mais la musique, couverte par l’incessant brouhaha des voitures, est à peine audible. Avenant, il accepte de raconter son histoire.« C’est une vraie guerre là-bas, la moitié de ma famille a été décimée », affirme-t-il, étonné qu’on lui demande pourquoi il est parti de chez lui. « Un jour, je m’étais absenté. Quand je suis revenu mon père et mon frère étaient morts. »

Il est originaire de Lattaquié, l’un des grands ports, situé sur la façade méditerranéenne. « Il n’y a plus de Syrie. La Syrie que j’ai connue n’existe plus. Que faire ? » poursuit-il. L’idée de quitter sa terre natale ne lui avait jamais traversé l’esprit avant l’éclatement de la guerre, en 2011. Il parle de sa vie d’alors comme d’un lointain souvenir heureux. « J’étais peintre en bâtiment. J’avais du travail, ma famille, mes amis, une maison, je vivais bien là-bas. Je n’avais aucune envie de partir. »La mort de ses proches l’a résolu à s’enfuir. Une vague destination en tête : la Belgique dont il a entendu parler par le bouche-à-oreille dans son quartier. Après avoir rassemblé quelques affaires, et le plus d’argent possible, il se dirige vers Beyrouth au Liban, où il travaille plusieurs mois, sans penser à s’y installer. « Il y avait trop de Syriens là-bas, la concurrence était trop rude sur les chantiers. »

À l’aide de faux papiers libanais, il s’envole pour Tunis et traverse l’Algérie en voiture-taxi. Arrivé aux abords de Melilla, enclave espagnole au Maroc, il n’a pas à franchir les hauts barbelés : un document de circulation acheté à un commerçant marocain lui suffit pour entrer dans l’Union européenne. De ces mois de périples éprouvants, il sort indemne. Presque pimpant, la barbe coupée de près, fausses Ray-Ban à portée de main. « Je suis célibataire, c’est plus facile », explique-t-il. À Barcelone, il prend le train, direction Paris. C’était il y a un an. Depuis, l’errance n’a pas cessé. Un détour en Belgique ne le convainc pas. De retour en France, il s’arrête à Lille, entame une procédure de demande d’asile, mais, inquiet d’avoir été reçu à la préfecture par des policiers et découragé par les délais, il renonce à se rendre au rendez-vous auquel il est convoqué, quelques semaines plus tard. Il n’est pas facile de comprendre ses réticences à poursuivre ses démarches car, en tant que Syrien, il a presque 100 % de chance d’obtenir le statut de réfugié dans l’Hexagone. Il dit ne pas être au courant.

 

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Mustafa s’inquiète pour sa mère restée en Syrie. (CF)

« Il y a autre chose, confie-t-il, en pliant et dépliant le papier jauni sur lequel est inscrite la date du rendez-vous raté. J’ai déserté. Si je suis enregistré et qu’ils me retrouvent, je suis mort. » « Tout cela ne sert à rien », estime-t-il, craignant les représailles contre sa famille restée au pays. « En plus, en Espagne, ils ont pris mes empreintes. Est-ce que je risque d’être renvoyé là-bas ? » Il n’a pas tort de s’alarmer : les États européens, à la faveur des accords de Dublin, renvoient les étrangers sans autorisation de séjour vers le premier pays de l’UE qu’ils ont traversé (pour peu qu’il existe des traces de leur passage). Selon la loi, il est susceptible d’être “réadmis” en Espagne, supposée examiner sa demande d’asile. Son sourire ne trompe pas : Mustafa a l’air perdu. « Je pense sans cesse à ma mère. Je m’inquiète pour elle tout le temps, et ne j’ai pas les moyens de la sauver », se désespère-t-il. Avec elle, il communique via WhatsApp. Il montre sa page Facebook et la liste de ses “amis”. Bientôt, la nostalgie le rattrape. « J’en ai marre, je n’ai plus d’espoir de rien. Je n’ai nulle part où aller », lance-t-il.

Michel Morzière tente de le rassurer. Ce responsable associatif, cofondateur de l’association Revivre, l’une des seules à venir en aide aux réfugiés syriens en Île-de-France, propose de démêler ses problèmes les uns après les autres. Il a l’habitude de ces situations complexes faites d’allers-retours et d’hésitations. « Ces parcours ne se laissent pas saisir facilement. Il faut du temps pour les appréhender », indique-t-il, reprochant aux pouvoirs publics de le laisser gérer seul ce premier accueil. La France n’est pourtant pas submergée par les demandes d’asile de Syriens, qui rejoignent en priorité l’Allemagne et la Suède où ils ont de la famille et où les places d’hébergement sont immédiatement accessibles. Depuis le début du conflit, la France n’a accueilli qu’environ 6 000 de ces ressortissants, sur 4 millions de réfugiés dans le monde, principalement dans les pays voisins.« Beaucoup des Syriens passés par Saint-Ouen ont des origines nomades, poursuit-il. Ce sont des artisans, des commerçants, qui ne cherchent pas forcément à se fixer. Ils ont des contacts dans plusieurs pays d’Europe et du Maghreb. Ils évitent de parler de politique et se méfient des procédures administratives. » Parmi ceux qu’il a rencontrés, certains refusent de laisser leur passeport à l’État français en échange du statut de réfugiés, car ils redoutent de ne jamais le récupérer et de ne plus revoir leur famille.

« Les pouvoirs publics espèrent que le campement va se disloquer de lui-même »

À 20 ans, Ramadan, venu accompagné de sa femme, de sa mère et de ses trois sœurs, via la Turquie, la Grèce et l’Italie, ne voit pas non plus le bout du tunnel. Pour une autre raison : il a perdu son passeport. Lors de la traversée de la Méditerranée, ses affaires sont passées par-dessus bord. « À Paris, je suis allé à l’ambassade, indique-t-il, mais la porte était fermée. Je veux demander l’asile, mais je ne peux pas ! » Peut-il faire sans ? Ne pas avoir de passeport complique fortement les démarches, surtout en l’absence de contacts entre la France et l’état civil syrien. Il est anxieux, il ne sait plus quoi faire. Mais, à la différence de Mustafa, il a trouvé un logement. Une chambre, plus exactement, louée 400 euros partagés entre huit personnes. Le campement, il y passe fréquemment pour trouver du réconfort auprès de ses compatriotes, qui, comme lui, ont entendu parler de Saint-Ouen comme d’un point de rendez-vous sur la route de l’exil.

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Plusieurs familles vivent dans une extrême précarité avec des enfants en bas âge. (CF)

Ali, 27 ans, est tout aussi bloqué. Les traits tirés, il tient son récépissé de demandeur d’asile entre les mains. Tout est en ordre : il s’est rendu aux convocations, comme prévu. Mais l’hébergement auquel il est censé avoir droit ne lui a pas été attribué. « Ils m’ont dit qu’ils me rappelleraient. Cela fait trois mois que ça dure. Et toujours pas de nouvelles », s’impatiente-il. En attendant, il dort avec sa femme et ses enfants dans une voiture garée à proximité. « C’est inadmissible, le système d’asile dysfonctionne tellement que les gens abandonnent. À croire que l’État le fait exprès », tonne Michel Morzière, qui propose à son interlocuteur de l’accompagner à la Coordination de l’accueil des familles demandeurs d’asile (Cafda) dans le XXe arrondissement de Paris, dans l’espoir d’accélérer la procédure. Ali acquiesce, remercie, mais n’a pas l’air d’y croire, comme s’il s’était promis de ne plus rien attendre de personne.

Isolés dans ce recoin de Paris, les Syriens de la porte de Saint-Ouen risquent de traverser l’été sans soutien. À deux reprises, des conducteurs baissent leur vitre et les insultent. Personne sur le campement ne s’en offusque. Des voisins, disent-ils, leur apportent de l’eau, du pain et des vêtements. Mais aucun réseau de solidarité ne s’est constitué comme dans le XVIIIearrondissement, autour de La Chapelle, Pajol et Éole, où se retrouvent les Érythréens et Soudanais en transit. Des policiers passent dans l’allée. Sans s’arrêter. Ils ont reçu des consignes, ils ne font que compter. « Les pouvoirs publics en font le moins possible. Ils espèrent que le campement va se disloquer de lui-même, observe Michel Morzière. Ils espèrent que les gens vont s’éparpiller, disparaître dans la nature. » À la mairie de Paris, on assure être averti de la présence de familles à la rue. Des propositions de « prises en charge » ont été faites, indique-t-on, ce que les intéressés démentent. « Ces personnes sont mobiles, elles vont et viennent. Nous connaissons mal leurs intentions », ajoute-t-on.

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Michel Morzière, de l’association Revivre, se retrouve seul à gérer le premier accueil de ces Syriens en France. (CF)

Les autorités ont pourtant l’expérience de la situation. En avril 2014, environ 200 Syriens au profil similaire avaient déjà trouvé refuge à quelques centaines de mètres de là. Face à l’urgence humanitaire, l’État et l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) avaient proposé une réponse sur-mesure en organisant une sorte de “guichet unique” : au lieu d’attendre des semaines les rendez-vous successifs, tout était organisé sur une journée. En même temps que leur récépissé, la moitié des personnes présentes sur le campement avait obtenu une place dans un centre d’hébergement. Certaines à Roanne dans la Loire, d’autres à Chambéry en Savoie, d’autres ailleurs encore. Les tentes avaient disparu. En juillet 2014, un nouveau campement s’était formé. Que des Syriens, 150 personnes. « Ni l’État ni la ville n’étaient intervenus de peur de l’appel d’air », regrette Michel Morzière. Au bout de quelques semaines, en l’absence d’aide, les familles étaient parties d’elles-mêmes, sans demander leur reste. Ni leurs droits.

27 JUILLET 2015

Source : http://www.mediapart.fr/article/offert/42d8971a9a9cc152343d814e5d643db0

« Revivre » vous remercie d’avance de votre précieux soutien

 

 » Solidarité avec les réfugiés syriens qui arrivent en France  »

Chers amis

Les appels à votre soutien sont exceptionnels, si nous le faisons aujourd’hui c’est après avoir pris la pleine mesure des engagements que nous allons devoir assumer dans les semaines et mois qui viennent compte tenu de la situation  en Syrie.

En effet, si les médias concentrent leurs interventions sur les squats de Calais ou du métro Chapelle, nous recevons à notre permanence de la Mairie du 20° arrondissement de Paris un nombre toujours plus  élevé de réfugiés syriens.

La plupart après un long et dangereux périple se trouvent dans des conditions de grand dénuement et de détresse.

Parallèlement  à notre mission d’accompagnement dans leurs démarches administratives nous  sommes amenés à leur assurer un minimum d’aide matérielle, carte téléphonique, billets de métro, frais de traduction de documents d’identité, petit pécule dans l’attente de l’allocation temporaire d’attente ATA qui intervient après 2 ou 3 mois.

Cette aide se monte en moyenne à 50€ par mois pour chaque réfugié.

Revivre, a par ailleurs mis en place avec le G.A.S  (Groupe Accueil et Solidarité) pour les réfugiés syriens statutaires, un processus de location de logements ; Revivre avec des associations partenaires complète la part payée par le réfugié et le montant de son APL par un versement en moyenne 150€/mois et par réfugié.

A ce jour, 4 locations sont déjà opérationnelles pour  3 couples et 4 hommes isolés

Nous vous remercions par avance de votre soutien.

Dons en ligne:

http://hopeclic.org/revivre-association-loi-1901/

 

Ou

Par chèque  à l’ordre de «  l’Association REVIVRE »

Par virement :

Banque BRED- code : 10107- agence : 00234 – compte n° :00624005432-clé :

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A adresser : Association Revivre – Maison du Citoyen et de la Vie Associative

16, rue du Révèrent Père Lucien Aubry

94120 Fontenay – sous – Bois

Autorisée à recevoir des dons DGI/ Réf 1345/2005 : Un reçu fiscal vous sera envoyé

Solidarité avec les réfugiés syriens qui arrivent en France

Album: Le pique-nique de Revivre, du 14 juin 2015

Le pique-nique de Revivre, du 14 juin 2015 au Bois de Vincennes, a rassemblé une trentaine de personnes de tous âges.  Dans une ambiance détendue et bon enfant,  le  partage souhaité s’est installé  spontanément et la mayonnaise a pris entre les français et les syriens,  dont des réfugiés,  sans que les efforts soient nécessaires.

 

 

Bac: Haytham, le jeune Syrien, espère un sujet de philo sur «la liberté»

 

Photo BERTRAND GUAY - AFP

Photo BERTRAND GUAY – AFP

«Le jour du bac, j’espère avoir un sujet sur la liberté»: le regard d’Haytham s’éclaire. Pour un lycéen matheux comme lui, la philosophie ne pèse pas lourd dans la note finale de l’examen. Mais pour un réfugié syrien, c’est une récompense.

«En Syrie, je devais réciter chaque jour par cœur des citations de Bachar, ou Hafez al-Assad, sans oublier d’ajouter +l’éternel+ devant chaque phrase», se souvient le jeune homme de 18 ans aux yeux profonds et rieurs.

Scolarisé à Paris depuis 2012, Haytham al-Aswad fait partie avec sa famille de la vague de réfugiés syriens fuyant la répression qui s’est abattue sur les opposants au régime, comme son père, enseignant de mathématiques.

«Ici, j’ai découvert la philosophie et j’ai vraiment compris ce qu’était la liberté»: comme en hommage au pays des Lumières qui leur a accordé l’asile politique, il ne se plaint jamais des multiples tracasseries rencontrées dans une France hantée par le Front national et la montée des crispations sur le problème des migrants.

En trois ans, Haytham, qui planchera à partir de mercredi sur les épreuves du baccalauréat, a dû mettre les bouchées doubles pour apprendre la langue et se mettre à niveau.

Il commence par une classe dite d’intégration «avec des Ukrainiens, des Indiens, des Coréens». Bien loin de sa ville natale de Deraa, où ont débuté les premières manifestations pro-démocratie en février 2011.

– «Nous n’avions plus peur» –

Ses talents en maths et physique le font remarquer de ses enseignants du lycée Balzac. Et en 2013, il entre en Première S.

Avec une moyenne de 19/20 en maths et 14 en philo, il vient de recevoir, avant même de passer le bac, son admission dans une prestigieuse classe préparatoire aux grandes écoles scientifiques. Son rêve: devenir chercheur ou «travailler dans l’espace».

Seul de sa famille avec son jeune frère à parler le français, il est chargé de débrouiller la plupart des problèmes du quotidien: Rendez-vous à la préfecture, abonnement EDF, auxquels s’ajoutent deux heures et demi de trajet quotidien entre son lycée et l’appartement familial en banlieue-sud.

Sur sa nouvelle vie, il s’enthousiasme de faits minuscules mais symboliques: «Ici, on élit le délégué de classe. En Syrie, il est choisi par le prof et il devient l’espion, celui qui dénonce». «Ici, on apprend à comprendre, là-bas il fallait juste apprendre par cœur».

De Deraa lui manquent sa maison, occupée par la police, son citronnier, et sa «vie d’avant». Ses amis surtout: Les vivants et les morts. Un de ses cousins a été tué dans un bombardement. «J’ai longtemps pensé que cette guerre allait finir, maintenant je n’ai plus d’espoir que cela se termine bientôt», se désole-t-il.

La première fois qu’Haytham a participé à une manifestation, le 18 mars 2011, les gens de Deraa protestaient contre la mort de deux garçons du même âge que lui, accusés par la police d’avoir écrit «Liberté, Bachar dégage, Syrie Libre» sur le mur d’une école.

«J’avais 15 ans, ma mère ne voulait pas que je manifeste, mais j’y allais quand même», dit-il. «A l’époque, nous pensions que notre pays allait se libérer, nous n’avions plus peur».

– «Manipulés par la propagande» –

Son père, recherché pour son militantisme, a dû fuir, d’abord en Jordanie. Puis en France. Sa mère a alors été inquiétée par la police. S’en est sortie en jurant qu’elle avait divorcé. «Ils ne pouvaient pas vérifier, les archives du palais de justice avaient brûlé», sourit Haytham. Puis la famille a rejoint le père.

Aujourd’hui, le jeune Syrien regarde ébahi les adolescents occidentaux s’engager en Syrie aux côtés du groupe Etat islamique.

«Ils sont manipulés par la propagande, c’est exactement ce que nous avons vécu en Syrie avec Bachar: on nous a répété qu’il fallait nous sacrifier, qu’on se développerait plus tard».

«C’est marrant, les dictateurs et les extrémistes (religieux, NDLR) utilisent tous la théorie du complot pour parvenir à leurs fins» relève Haytham, dont le nom en arabe signifie «petit aigle».

Même incrédulité face aux élèves qui ont contesté la minute de silence début janvier après les attentats de Paris visant Charlie Hebdo et un supermarché juif: «je connais des gens dans mon lycée qui disaient que tout cela était un mensonge», dit-il.

Haytham ne pratique pas l’islam, estime que «la religion c’est pour soi-même». Mais au lycée, il «discute avec tout le monde, surtout avec ceux qui sont avec les Frères musulmans».

«Selon le discours de Bachar qu’on nous servait en +éducation civique+, tout le monde était contre la Syrie, nous devions donc être des résistants pour défendre notre pays. Bizarrement j’entends le même discours chez certains groupes ici. Heureusement qu’ils ne sont pas au pouvoir!»

 

Source :

http://www.liberation.fr/societe/2015/06/15/bac-haytham-le-syrien-espere-un-sujet-de-philo-sur-la-liberte_1330018

En plein désert, des réfugiés syriens à l’abandon découverts par image satellite

Human Rights Watch publie des images satellite de réfugiés syriens bloqués en plein désert de Jordanie. L’ONG appelle le pays à accueillir ces migrants.

Des centaines de réfugiés syriens sont bloqués dans le désert de Jordanie, avec un « accès limité à la nourriture, à l’eau et aux soins médicaux » selon Human Rights Watch (HRW). L’ONG fonde ses révélations sur des images satellite datées des 20 et 21 avril 2015, sur lesquelles on aperçoit près de 175 tentes plantées en plein désert, à la frontière jordanienne.

 

2  réfugiés

Les points rouges sont autant de tentes installées en plein désert, à la frontière jordanienne (Human Rights Watch/capture d’écran)

 

HRW met directement en cause la politique d’accueil restrictive de ce pays voisin de la Syrie : « Les autorités jordaniennes ont fortement limité les mouvements frontaliers de migrants à l’Est du pays ». Et rappelle que ces points de passage officieux étaient encore ouverts aux candidats syriens à l’exil en mars.

Les témoignages de travailleurs humanitaires ont permis de corroborer ces clichés. Selon ces mêmes sources, près de 2.500 Syriens étaient bloqués en plein désert en avril. Un chiffre qui aurait chuté à 1.000 personnes en mai, après que les gardes-frontières jordaniens ont autorisé certains migrants à rejoindre le territoire.

La Jordanie affirme avoir dépassé sa capacité d’accueil

Human Rights Watch demande aux autorités jordaniennes d’autoriser les réfugiés du désert à s’avancer plus loin sur leur territoire. Un feu vert qui leur permettrait d’être enregistrés comme demandeurs d’asile auprès de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) locale. Pour Nadim Houry, directeur adjoint de HRW au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, l’aide déjà fournie doit être prolongée :

« La Jordanie a fait de grands efforts pour aider les réfugiés syriens. Mais ce n’est pas une excuse pour abandonner les nouveaux venus dans des zones frontalières éloignées pendant des semaines, sans protection ni aide. »

 

3 Réfugiés

Les images satellite publiées par Human Rights Watch permettent de localiser précisément les réfugiés bloqués en plein désert. (Human Rights Watch/capture d’écran)

 

Le gouvernement jordanien s’est défendu par l’intermédiaire de son porte-parole, Mohamed Moumani, mercredi 3 juin : « Aujourd’hui, 136 réfugiés syriens ont traversé la frontière jordanienne et ils ont été accueillis, enregistrés […] puis envoyés au camp de réfugiés. Nous avons déjà reçu 1,4 millions de réfugiés syriens, ce qui représente 20% de la population du royaume ».

Fin mars, le premier ministre Abdullah Ensour affirmait que le nombre de réfugiés syriens avait dépassé la capacité d’accueil de la Jordanie. SelonHuman Rights Watch, au mois de mai, 627.000 syriens étaient enregistrés auprès de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés.

En janvier, une ONG s’alarmait déjà du changement de politique d’accueil jordanienne, affirmant que les « preuves d’une expulsion de la Jordanie vers la Syrie s’accumulent ». Le groupe s’appuyait sur les témoignages de nombreux migrants recueillis à la frontière, amenés en Jordanie pour être inspectés dans un centre d’enregistrement mais finalement expulsés en Syrie au terme de la procédure.

Alexis Orsini

4 juin 2015

Source :

http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20150604.OBS0137/en-plein-desert-des-refugies-syriens-a-l-abandon-decouverts-par-image-satellite.html