Témoignage de Mazen Hammada: barbarie et impunité!

Mazen Hammada, technicien dans l’industrie pétrolière, de Deir-Ezzor, s’est d’abord fait arrêter deux fois, en avril et ensuite en déc 2011, à Deir-Ezzor, parce qu’il participait aux manifestations pacifiques, les filmait et ensuite les mettait en ligne ou les envoyait aux médias. 
La troisième fois, il s’est fait arrêter au souk de Damas, en mars 2012. Il y avait rendez-vous avec une doctoresse de Darayya pour lui remettre du lait pour les enfants des déplacés. Il s’est fait arrêter avec ses deux neveux qui l’accompagnaient et avec la doctoresse. Sa détention a duré un an et sept mois. Il était détenu à l’aéroport militaire d’al-Mazzeh à Damas.

FSD a traduit et publié son témoignage, accordé à la chaine télévisée Al-Ghad Al-Arabi et publié sur Youtube le 22 avril 2015.

mazen-hammada-deir-ezzor

Mazen Hammada, interviewé par al-Ghad al-Arabi

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L’interrogatoire et la torture

« Ils nous ont mis dans une cellule de 1.40 sur 1.40m. Nous étions entre 10 et 12 personnes dans cette cellule. Nous devions nous asseoir 5 le long d’un mur et 5 le long du mur d’en face, et une ou deux personnes restaient debout. Nous faisions un tournus toutes les deux heures.

Pendant l’interrogatoire j’ai reconnu avoir participé aux manifestations mais l’officier m’a demandé de reconnaître avoir porté des armes et avoir tué… j’ai refusé. Ils m’ont couché parterre.. quatre hommes se sont mis à sauter sur moi avec leurs bottes militaires… mes côtes se sont cassées et je n’arrivais plus à respirer. L’officier m’a reposé la question et ma réponse est restée négative. Alors ils ont installé sur mon pénis une bride que l’on peut serrer… et ils se sont mis à la serrer… là j’ai cédé, pas seulement à cause de la douleur mais aussi de peur que mon pénis ne soit sectionné. J’ai reconnu à tort avoir porté une arme pour stopper le supplice… Ensuite, j’ai été suspendu par les poignets jusqu’à ce que j’accepte de reconnaître avoir fait exploser un check-point… Ils m’ont aussi enfoncé une barre de fer dans l’ anus et j’en ai encore les cicatrices… ces gens sont dénués de toute valeur humaine. »

Bouclier humain en août 2013

« Lorsqu’il y a eu menace d’une frappe américaine possible suite à l’utilisation d’ armes chimiques à large échelle à al-Ghouta, à Damas, ils nous ont transférés dans les hangars d’aviation pour que nous soyons tués sous les bombardements. Nous étions environ 700 détenus par hangar. Nous y sommes restés un mois environ avant de retourner en cellule. »

Les conditions de détention

« Chaque jour il y avait un ou deux morts dans notre cellule, car nous avions pas assez d’air et les conditions de détention n’étaient pas supportable pour les personnes âgées ou malades. Nous étions alors 180 dans une cellule de 11×6 m2. Nous devions nous asseoir et d’autres s’asseyaient sur nos genoux. Parfois le gardien mettait son fusil dans la fente de la porte et il tirait sur le plafond en dessus de nos têtes… la balle restait parfois plantée dans le plafond ou alors elle ricochait et touchait l’un de nous. »

L’hôpital militaire 601

« Suite à mon interrogatoire et à la torture barbare que j’ai subie, j’avais les côtes cassées, je vomissais et j’urinais du sang. J’ai alors été transféré, avec d’autres, à l’hôpital militaire 601 de Damas. Dès notre arrivée à l’hôpital nous avons été accueillis par des coups de bâtons ou de chaussures par les infirmiers et les infirmières. Ensuite nous avons été placés à trois par lit et menottés. La nuit je suis allé aux toilettes, j’ai ouvert la première porte j’y ai trouvé deux cadavres, j’ai ouvert la deuxième, j’y ai trouvé deux cadavres, je suis allé vers le lavabo, il y avait là le corps d’un jeune homme blond d’environ 17 ans… Là, j’ai disjoncté, le gardien me parlait mais je ne pouvais pas répondre.. alors il s’est mis à me tabasser… Il y avait aussi un gardien à l’hôpital qui se donnait le surnom Azraël, l’ange de la mort. Il est arrivé une fois à minuit avec une barre de fer avec des pointes. Il a demandé qui parmi nous avait besoin de médicaments. L’un de nous a répondu par l’affirmative. Alors Azraël s’est approché de lui et lui a dit : « Le tribunal de Dieu t’a condamné à mort » et il s’est mis à le tabasser jusqu’à l’éclatement de sa tête. Il en est mort et il a été ensuite transporté aux toilettes. »

Sadisme

Vers la fin de ma période de détention nous avons dû donner nos empreintes en attendant d’être transférés pour être jugés devant le tribunal. Il y avait un enfant de seize ans avec nous. Le gardien lui a demandé d’où il venait, il a répondu de Darayya (lieu symbole de protestations pacifiques à Damas). Il l’a alors tabassé et ensuite il a amené un poste de soudure et lui a brûlé le visage, qui a littéralement fondu… nous l’avons ramené dans la cellule, nous avons tenté de rafraichir ses brûlures, mais deux jours plus tard il est décédé… Mon cœur s’est brisé pour cet enfant. »

La fuite de Syrie

« Après ma sortie de détention, comme j’étais toujours recherché par le service de renseignement (les différents services ne communiquent pas). Je me suis alors rendu clandestinement à Deir-Ezzor. Ensuite j’ai fui la Syrie vers la Turquie où j’ai pris le bateau vers la Grèce et ensuite un camion pour arriver aux Pays Bas. »
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L’impunité!

Il faut préciser ici que les officiers et les gardiens des centres de détention bénéficient d’une impunité totale… impunité qui incite les personnes dérangées à développer de plus en plus des méthodes barbares pour torturer les détenus…Et c’est la même impunité dont bénéficie Assad et ses semblables qui rend ces dictatures de plus en plus barbares…

Non à l’impunité!… Seule la justice peut acheminer la Syrie vers la paix.

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Source de la traduction en français, FemmeS pour la Démocratie

https://femmesdemoc.wordpress.com/2015/04/26/temoignage-de-mazen-hammada-barbarie-et-impunite/

Source vidéo en arabe :

https://www.youtube.com/watch?v=mvLMh7meYfY&feature=youtu.be

 

Communiqué de « Revivre » du 19 avril 2015

Honte à notre Humanité

Un bateau, avec à son bord plus de 700 migrants, vient de chavirer en Mer Méditerranée. Seules 28 personnes auraient été récupérées, selon le Haut- commissariat aux réfugiés (HCR).

Ce naufrage fait suite à plusieurs autres naufrages intervenus ces dernières semaines. Quelques 450 migrants sont morts et disparus lors de deux précédents naufrages en moins d’une semaine.

Avec la plus grande hypocrisie, alors qu’elle vient de supprimer le dispositif Mare Nostrum, l’Union Européenne s’est dite « profondément affectée » par ce nouveau naufrage et a annoncé la tenue prochaine d’une réunion des ministres de l’Intérieur et des Affaires étrangères pour prendre des mesures.

Rappelons que le budget Triton est trois fois inférieur à celui de Mare Nostrum, il est insuffisant, car aucune capitale européenne ne souhaite faire figurer parmi les prérogatives de Frontex la question pourtant essentielle  du sauvetage en mer.

C’est un crime contre l’Humanité, c’est contre le droit maritime international que de laisser mourir, en mer, des naufragés.

Dans les semaines qui viennent, nous devons nous attendre à un afflux massif, par la mer, de réfugiés dont probablement de nombreux Syriens

Les responsables politiques européens sont aujourd‘hui devant leurs responsabilités : ils doivent immédiatement mettre les moyens en œuvre pour éviter de tels drames.

Paris, le 19 avril 2015

Communiqué Un bateau avec à son bord plus de 700 migrants vient de chavirer en Mer Méditerranée

 

 

Serbie : La police fait subir des mauvais traitements à des migrants et à des demandeurs d’asile

(La plupart de ces personnes sont des ressortissants syriens ou afghans)

Human Rights Watch a constaté que les migrants et les demandeurs d’asile sont victimes d’une série de mauvais traitements de la part de la police serbe, en particulier à Subotica, ville située à la frontière avec la Hongrie, mais également dans le sud et l’est de la Serbie, ainsi qu’à Belgrade, la capitale.

Vingt migrants et demandeurs d’asile, dont sept enfants âgés de 13 à 17 ans, ont fait état d’actes d’extorsion et d’abus commis par des policiers à Subotica et aux environs de cette ville. La plupart de ces personnes sont des ressortissants syriens ou afghans. Ils ont indiqué que les policiers les arrêtaient dans la rue ou venaient jusqu’à la briqueterie Ciglana, un camp de fortune pour les migrants. Ils ont expliqué que les policiers les contraignaient à leur remettre de l’argent et leurs téléphones portables, les insultaient et les menaçaient de violence et d’expulsion. Cinq d’entre eux, dont des enfants, ont affirmé que les policiers les avaient frappés, leur donnant des coups de pied et de poing. Deux d’entre eux ont déclaré que les policiers les avaient aspergés dans les yeux avec du gaz poivré.

Lire la totalité du rapport…

http://www.hrw.org/fr/node/134201

التقرير بالعربية

الصرب ـ الشرطة تسيء إلى مهاجرين وطالبي لجوء

تم الاعتداء عليهم بالضرب والابتزاز والإبعاد عبر الحدود

معظمهم من السوريين والأفغان

http://www.hrw.org/ar/news/2015/04/15

Torture et asile : quels soins possibles ?

Lorsqu’on a été séquestré, battu, qu’on a dû fuir son pays et que quelques mois plus tard, à 5 000 km de là, on se retrouve seul à dormir à la rue sans aucun repère ni perspective d’avenir, peut-on espérer un jour « guérir » ? 

La Journée mondiale de la santé, célébrée ce mardi 7 avril 2015, est l’occasion de faire connaître les séquelles physiques et psychologiques des quelques 125 000 personnes* que la torture et la quête de protection ont poussées jusqu’en France, et également de mettre le doigt sur la dégradation insupportable de leurs conditions de logement, avec des conséquences directes sur leur état de santé.

Les personnes dont nous parlons sont des survivants de la torture et/ou de massacres perpétrés pour des raisons politiques, ethniques ou religieuses. Ils ont perdu un ou plusieurs membres de leur famille, ont assisté à des scènes d’une violence inouïe, ont subi des traitements inhumains, dégradants, des violences sexuelles. Du jour au lendemain, ils ont été contraints de tout quitter : travail, famille, maison, pays et projets.

Arrivés en France, ils sont souvent encore sous le coup de la sidération provoquée par ces violences extrêmes infligées intentionnellement. La torture les a coupés du monde, les a réduits à l’état d’objet. Aux séquelles de la violence qui les a fait fuir leur pays se sont ajoutés le traumatisme de l’exil et les conditions de voyage souvent terribles (exiguïté de la cachette, manque d’hygiène, confinement, isolement, violences sexuelles imposées par les passeurs pour « monnayer » le passage).

Pour comprendre la situation sanitaire dans laquelle se trouvent ces hommes, ces femmes et ces enfants réfugiés en France, trois articles vous sont proposés :

Quelles séquelles physiques et psychologiques ?

Peut-on guérir de la torture ?

Logement et santé : une préoccupation grandissante

 

Lire la suite…

http://www.primolevi.org/actualites/torture-asile-quelle-sante.html

 

Athènes veut améliorer l’accueil des migrants

Le gouvernement grec a tenu mardi 14 avril une réunion extraordinaire pour mettre sur pied un dispositif d’accueil du « flux croissant » de migrants vers les côtes du pays. Entre vendredi et mardi, plus de 700 migrants, notamment des Syriens et des personnes originaires d’Afrique, sont arrivés en Grèce, dont 500 sur la seule île de Lesbos, située près des côtes occidentales turques, d’où passent la plupart des clandestins vers la Grèce.

Lire la suite…

http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/04/15/athenes-veut-ameliorer-l-accueil-des-migrants_4615932_3214.html

Intervention au débat de notre Président d’honneur Michel Morzière

Nous avons l’honneur de vous inviter à la

PROJECTION DU FILM

« EAU ARGENTEE« 

lundi 13 avril à 20h45

au cinéma du théâtre de La Celle Saint Cloud

8 avenue Charles-de-Gaulle 78170 La Celle-Saint-Cloud

* * *

A l’issue de ce film, Amnesty International propose un débat au cours duquel interviendront

Michel MORZIÈRE

Président d’honneur de Revivre, association d’aide des réfugiés syriens et des détenus d’opinion en Syrie

et

en tant que témoins

les membres d’une famille irakienne

réfugiée, récemment et installée à La Celle Saint Cloud

Intervention Michel Avril 2015 Intervention Michel Avril 2015